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La Corée du Nord hausse le ton, faut-il s'en inquiéter ?

La Corée du Nord hausse le ton, faut-il s'en inquiéter ?
AFP

L'escalade belliqueuse de la Corée du Nord atteint de nouveaux sommets. Après l'envoi par les États-Unis de deux bombardiers furtifs au dessus de la Corée du Sud jeudi, Kim Jong-un a ordonné vendredi 29 mars que les missiles de l'armée nord-coréenne soient placés en état d'alerte, prêts à frapper les bases américaines du Pacifique et de Corée du Sud. Et samedi 30 mars, la Corée du Nord a annoncé qu'elle était "en état de guerre" avec le Sud...

Une menace à prendre au sérieux pour Juliette Morillot, journaliste au mensuel La Revue et spécialiste de la Corée du Nord. Kim Jong-un vient en effet de mobiliser l'armée nord-coréenne "dans une période cruciale pour l'agriculture (où les hommes sont traditionnellement cantonnés au travail dans les champs, NDLR) alors que l'économie du pays est en berne. Ça m'interpelle", s'étonne-t-elle. Mais si la crise se précise, que cache ce nouveau regain de tensions dans la péninsule ?

Pourquoi la Corée du Sud hausse le ton

Derrière les menaces répétées de Pyongyang se cacherait surtout la volonté de revenir en position de force à la table des négociations. La Corée du Sud est imbriquée dans un bras de fer avec les États-Unis et la pression sur la communauté internationale est l'un des seuls leviers de Pyongyang pour négocier des aides alimentaires par exemple. Par ses gesticulations, Kim Jong-un espère également que "les États-Unis stoppent leurs manœuvres militaires prévues jusqu'au 30 avril", indique Juliette Morillot.

Le fils de Kim Jong-il doit en effet rassurer son peuple. Avec les manoeuvres conjointes menées dans la péninsule par la Corée du Sud et Washington, "ce sont près de 40 000 soldats qui défilent aux portes de Pyongyang", relève Juliette Morillot. De quoi exacerber l'inquiétude d'un peuple formaté par des décennies de propagande anti-américaine.

Si le leader nord-coréen doit aussi réaffirmer sa main mise sur l'armée. Lors de son arrivée au pouvoir, "Kim Jong-un s'est d'abord évertué à affermir son pouvoir sur le parti. Il a depuis entrepris de s'assurer du soutien des militaires", analyse Juliette Morillot qui observe toutefois qu'après cette escalade de de menaces et de déclarations martiales, "Kim Jong-un va avoir du mal à faire marche arrière sous peine de perdre la face devant son peuple".

Pourquoi les États-Unis bombent le torse

Fait suffisamment inhabituel pour être relevé, les États-Unis ont répliqué ces derniers jours aux menaces de la Corée du Nord. Plus rare encore, Washington a annoncé jeudi que deux bombardiers furtifs B-2 avaient survolé la Corée du Sud, lors de sessions d'entraînement. "D'habitude ils n'annoncent pas leurs manoeuvres militaires", remarque Juliette Morillot. "D'autant que les avions furtifs représentent une vraie menace pour la Corée du Nord car ils peuvent embarquer à la fois du matériel militaire ou nucléaire", ajoute-t-elle.

Si "prendre au sérieux les menaces de Pyongyang", fait partie de la rhétorique habituelle de Washington dans le dossier nord-coréen, les récents évènements semblent attester de l'incertitude dans laquelle ils se trouvent. "Les américains sont inquiets parce qu'ils n'ont aucune expérience de Kim Jong-un. Autant ils savaient à quoi s'en tenir avec son père, autant là je me demande s'ils ne redoutent pas des dissensions dans le pouvoir à la tête de la Corée du Nord", affirme Juliette Morillot. Suffisamment pour ne pas prendre à la légère le risque de voir Pyongyang déraper.

Quels sont les risques d'accrochage ?

Il y a très peu de risques de voir la Corée du Nord frapper directement les États-Unis. Pyongyang sait pertinemment qu'à la moindre attaque, Wahsington répliquera et ils seront détruits. "C'est de l'esbroufe", assure Juliette Morillot. "Il n'est pas question qu'ils frappent les bases de Guam ou Hawaï. Comme pour les photos révélées par l'agence officielle KCNA, il s'agit d'une mise en scène", ajoute-t-elle.

Dès lors, les principaux risques d'accrochages se concentrent sur la ligne DMZ, la zone coréenne démilitarisée créée en 1953 à la signature de l'armistice clôturant la Guerre de Corée. Cette étroite bande de terre a d'ailleurs déjà été le théâtre de dérapages de la part de la Corée du Nord. En 2010, la dictature communiste avait torpillé une corvette sud-coréenne.

La thèse de la prise d'otage est également à envisager d'après Juliette Morillot. Une centaine de sud-coréens travaillent en effet dans la zone industrielle de Kaesong dans le cadre de la coopération économique mise en place entre les deux Corée en 2006. Or "avec la rupture du téléphone rouge entre les armées des deux pays, la ligne utilisée pour traverser la frontière et le Kaesong l'est également", note Juliette Morillot. Ce ne serait pas la première fois que Pyongyang se livre à ce genre de pratique.

Images des manoeuvres militaires de cette fin de mois de mars

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