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The Besnard Lakes et son magnifique objet volant (ENTREVUE)

The Besnard Lakes et son magnifique objet volant (ENTREVUE)
Richmond Lam

MONTRÉAL - Sous l’étiquette Outside Music, le groupe indie rock montréalais The Besnard Lakes sortira prochainement un album intitulé Until in Excess, Imperceptible UFO. Dans l’antre de l’influent studio Breakglass de la rue Clark, à Montréal, l’homme à tout faire Jace Lasek raconte l’arrivée de ce disque rempli de belles promesses.

Une dizaine de personnes s’affairent dans tous les sens à ramasser fils et instruments qui trainent sur le plancher de ce haut lieu de la musique indépendante montréalaise. C’est que Lasek vient tout juste de terminer, avec des comparses musiciens, les maquettes pour un pitch concernant une éventuelle trame sonore d’un film de fiction américain. Avec ses grandes lunettes noires au visage, il m’invite à la table de la cuisine, extension du studio.

« Sorry, we are so busy », lance Lasek avec un grand sourire complice. En effet, ils sont occupés les membres des Besnard Lakes. Accompagnés des autres membres de la formation - le percussionniste Kevin Laing, le guitariste Richard White puis Olga Goreas, sa copine et complice artistique - Lasek arrive récemment de l’événement torontois Canadian Music Week et du très couru festival américain South by Southwest, où son groupe a reçu de nombreux éloges, dont une mention dans le magazine Rolling Stone. Lasek rigole en abordant le sujet, mais on sent qu’il en est bien heureux. « That always helps, you know ».

Entre les sessions d’enregistrement aux Studios Breakglass pour une tonne d’artistes comme Malajube, Karkwa, STARS, Patrick Watson, Chinatown, Elephant Stone, Wolf Parade ou encore Suuns, Lasek et Goreas (les fondateurs du band, créé en 2003) ont néanmoins trouvé le temps (à partir de l’été 2011) de commencer l’écriture et la composition d’Until in Excess, Imperceptible UFO.

« Une structure en mouvement »

Peu de choses au Québec peut se comparer à cette proposition rock-sombre-aérienne-poétique qui visite à la fois la musique rock du passé (surtout les décennies 1960 et 1970) et celle nord-américaine d’aujourd’hui. Chose certaine, les ambiances priment sur ce disque de huit morceaux.

« C’est plus atmosphérique et plus positif que les trois albums précédents, je pense », explique Lasek. « Même si nous travaillons beaucoup dans une formule work in progress, il est possible que notre vision de l’album était plus tangible au départ. Le processus créatif est très instinctif pour nous. Olga et moi (ils ont partagé l’écriture, la composition, la réalisation, le chant et bien des instruments) sommes arrivés avec des mélodies, des textes, des idées et ensuite Kevin et Richard se sont approprié tout ça et ont proposé des arrangements et plein d’autres trucs. »

« Je crois que nous sommes allés plus loin dans la complexité de la musique », poursuit-il. « Les guitares sont peut-être moins omniprésentes aussi. Bref, nous nous sommes beaucoup amusés à jouer avec le matériel. J’ai toujours aimé ce côté malléable des chansons, l’idée que l’on peut jouer avec leur structure. Une chanson vit, c’est toujours en mouvement. »

À cet égard, Lasek se réfère aux approchent artistiques des Beach Boys (il est un admirateur inconditionnel du groupe, surtout dans leur période plus psychédélique comme Pet Sounds) et de Paul McCartney, à l’époque de Linda et de l’album Ram. « Ce sont de véritables pionniers de l’enregistrement. Ils ont changé le rock moderne. Je ne dis pas que notre son ressemble à leur travail, mais c’est certainement une inspiration. »

Jouer avec le sentiment

Un peu partout sur le disque, le rêve compose avec l’angoisse, en douceur. Sur l’excellente (et possiblement la plus accrocheuse) People Of The Sticks des plaintes hypnotisantes de guitare électrique, des synthétiseurs très mélodiques, une batterie qui marque le rythme, une voix enivrante, des interludes hallucinatoires, des grondements, une ambiance de route. Effet global ? Une sorte d’espoir qui émerge d’un panorama de petite fin du monde.

À la pièce And Her Eyes Were Painted Gold (qui est en fait issue de deux chansons différentes), on délaisse les jolis crescendos et les quelques passages rageurs (batterie, guitare, effets sonores électroniques) de 46 Satires pour un univers réconfortant. On flotte carrément comme dans certaines chansons épiques de Pink Floyd (il ne faudrait toutefois pas faire l’erreur d’aller plus loin dans la comparaison). Le chant de Lasek et Goreas nous porte on ne sait trop où, mais le lieu est certainement beau.

Après trois albums déjà fort respectables, on a l’impression que le quatuor The Besnard Lakes s’affirme pleinement avec Until in Excess, Imperceptible UFO, un album intelligent, riche, sensible, prenant. Un autre excellent cru made au Québec.

Le disque sera disponible à compter du 2 avril. Le groupe sera quant à lui en concert au cabaret du Mile-End, le 13 avril. Ensuite, une impressionnante série de spectacles s’annoncent au Québec et dans plusieurs pays européens.

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