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Cabaret : Que la fête commence ! (CRITIQUE)

Cabaret : Que la fête commence !
Marie-Thérèse Privée

Bienvenue au Kit Kat Klub, lieu de toutes les démesures, de toutes les décadences. Dans l'Allemagne du début des années trente, cette boîte de nuit berlinoise offre à ses visiteurs de grandes lampées de rêve sous forme de numéros de chant, de danse et de plaisirs luxurieux, en contrepoids au Troisième Reich que les nazis s'affairent à orchestrer, à la guerre qui fera bientôt rage. Nous voilà dans l'antre de Cabaret, un spectacle sexy, coloré et flamboyant, comme les aime sa metteure en scène, Denise Filiatrault.

La mythique comédie musicale, un classique sur Broadway, avait été adaptée une première fois au Québec en 2004, sur les planches du Théâtre du Rideau Vert, où elle avait remporté un immense succès. Elle reprend ces jours-ci du service avec une toute nouvelle distribution, un orchestre de six musiciens, neuf danseurs, et beaucoup, beaucoup de paillettes et de grivoiseries. Festif, énergique, rafraichissant, réjouissant, alouette : les superlatifs ne manquent pas pour décrire ce Cabaret, dont la première montréalaise avait lieu jeudi soir à la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau.

Clifford Bradshaw (Éric Paulhus), un jeune auteur américain, pénètre en même temps que nous dans cet univers éclaté peuplé de beau monde. Il y a le Maître de cérémonie (Luc Guérin), un amuseur endiablé, adepte de bonheurs lubriques, pour qui tout n'est que festivités et frivolités. Il y a les danseuses, toutes baptisées d'un nom suggestif, qui se trémoussent en tenue légère et ne se contentent souvent pas de se déhancher pour leurs clients. Et, surtout, il y a Sally Bowles, la grande vedette de l'endroit, une femme-enfant rêveuse et enjôleuse.

Happé par la folie qui règne au Kit Kat Klub, Clifford se prêtera à toutes les douceurs qui se proposent à lui, qu'elles soient féminines ou masculines. Puis, il voudra s'investir avec Sally, mais les affres du nazisme qui s'annonce contrecarreront ses plans.

On fait aussi la rencontre de Fraülein Schneider (Élisabeth Chouvalidzé), la tenancière du logis où vivent les prostituées, qui sacrifiera son amour pour Herr Schultz (Yvan Benoit), un juif. Et la coquine Fraülein Kost (Émily Bégin), découvrant leur liaison avant que celle-ci n'éclate, les taquinera allègrement.

Un tandem du tonnerre

Bien sûr, ce qui se dégage de Cabaret, c'est la grandiloquence, les segments de danse à vaste déploiement (chapeau à Chantal Dauphinais pour ses chorégraphies étudiées et efficaces), les costumes uniques, l'extravagance. On est ici devant un divertissement pur, qui remplit pleinement sa mission d'égayer ce lent début de printemps. Véritable antidote à la morosité, les chansons, qu'elles soient en français ou en allemand, nous collent à l'esprit et nous entraînent à taper des mains. Malgré quelques moments plus sombres, on ne délaisse jamais vraiment l'atmosphère joyeuse qui prévaut dans le club.

Dans la peau du Maître de cérémonie, Luc Guérin caracole et vole la vedette à chacune de ses apparitions. Impressionnant de charisme, l'homme maîtrise à la perfection l'accent allemand et représente, à lui seul, à la fois toute l'excentricité qui règne au cabaret et l'évolution de l'horreur qui se joue à l'extérieur. Et que dire de ses prouesses physiques ! On ose à peine imaginer le nombre d'heures de répétitions auxquelles l'acteur a dû se soumettre pour en arriver à un résultat aussi juste. Vraiment, Guérin offre une performance à saluer bien bas.

Brigitte Boisjoli est également parfaite en Sally Bowles, cette midinette qui s'imagine briller au firmament des plus scintillantes étoiles, mais qui se révèle en réalité n'être qu'une artiste de seconde classe, davantage désirée pour ses charmes que respectée pour son talent. En plus de son timbre de voix qui sied parfaitement à la personnalité de la naïve jeune femme, tout comme son apparence à la fois délicate et assumée, Boisjoli montre qu'elle sait non seulement chanter et danser, mais aussi jouer, et avec brio. Il ne serait pas surprenant de voir l'ex-star académicienne dans d'autres productions d'envergure du même genre dans les années à venir. On le lui souhaite, et on se le souhaite.

Cabaret est présenté à Montréal jusqu'au 31 mars, puis la troupe partira en tournée à travers le Québec jusqu'en février 2014. Pour plus d'informations : www.tandem.mu/cabaret.

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