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Festival Regard sur le court, une programmation d'enfer (PHOTOS)

Regard sur le court, une programmation d’enfer (PHOTOS)
Ismaël Houdassine

Saguenay - Le dynamique festival Regard sur le court s'est terminé dimanche, devant un nombreux public venu assister à la remise des prix. Durant cinq jours, les programmeurs ont proposé une sélection d'une grande qualité, avec près de 166 films en provenance de 30 pays à travers le globe. Voici nos coups de cœur.

Le plus bizarre: Elefante (Espagne)

Manuel est un papa malheureux. Un jour, son médecin lui annonce qu'il est atteint d'un syndrome rare dont les effets sont irréversibles. Lentement, mais sûrement, Manuel se transforme en éléphant!

Avec ce court métrage assez étrange, le Barcelonais Pablo Larcuen dresse le portrait d'un homme terne qui ne peut rien faire pour empêcher l'évolution pachydermique de sa maladie. Pourquoi est-il atteint par ce mystérieux mal? Nul ne le sait. En fait, il n'y a pas grande chose à comprendre dans cette lente mutation. Ce qu'il faut retenir, en plus de l'atmosphère insolite qui oscille constamment entre l'irrationnel et la critique sociale, ce sont les multiples interprétations possibles. À vous de faire la vôtre.

Le plus insolite: A Pretty Funny Story (Canada)

Un banlieusard qui s'ennuie à mourir est témoin des singeries embarrassantes de son voisin. Le lendemain, il souhaite raconter cette histoire à ses collègues de bureau, mais le voisin paranoïaque échafaude un plan machiavélique pour l'en empêcher.

L'Ontarien Evan Morgan a construit un récit au départ inoffensif, mais qui s'avère au final une véritable histoire d'horreur. Par un retournement de situation inattendu, ce court métrage qui flirte avec l'absurdité révèle surtout la futilité de nos existences qui se résument bien souvent au métro-boulot-dodo.

Le plus coquin: Peach Juice (Canada)

Un jeune adolescent passe des vacances au bord de la plage avec sa tante, son oncle et ses cousins. Jusque-là, tout va bien, lorsque soudainement le garçon ressent une attirance sexuelle envers sa tante. Visiblement gêné par ses premiers émois, il tente de lui cacher sa foudroyante réaction physique.

Les trois réalisateurs de ce film d'animation, Brian Lye, Callum Paterson et Nathan Gilliss, ont visiblement eu beaucoup de plaisir à faire vivre ces petites figurines de laine dans cet environnement estival composé de feuilles de papiers colorés et de morceaux de plastiques brillants. Un sympathique film en stop-motion qui parvient à imbriquer un décor ludique et naïf avec l'érection que subit le personnage principal. Ce qui aurait pu passer pour du mauvais goût devient alors un moment cocasse et amusant.

Le plus rétro: Gaspé Copper (Québec)

Murdochville, 1957. À la suite d'une longue grève, un mineur décide de quitter son village avec sa famille pour aller travailler dans la capitale. Comme il leur est impossible d'apporter le chien, le père se résout à le tuer malgré le refus de ses trois enfants.

Le cinéaste Alexis Fortier Gauthier et le scénariste Alexandre Auger - qui sont en train de préparer ensemble leur prochain long métrage - réalisent avec Gaspé Copper une œuvre touchante sur la fin de l'innocence. Une reconstitution d'époque soignée, de jeunes acteurs convaincants et une histoire à parfum historique font de ce court métrage de 14 minutes une réussite.

Le plus mignon: Requiem pour une romance (Québec)

Une fille entreprend de rompre avec son amoureux par téléphone. C'est tout? Oui, car pendant qu'elle lui annonce la nouvelle, les images d'un dessin animé épique situé dans une Chine féodale défilent sous nos yeux. Une juxtaposition visuelle et sonore sans lien apparent, mais qui crée pourtant une douce poésie et un souffle romantique.

Le plus sarcastique: Chef de meute (Québec)

Au grand regret de ses parents, Clara est une jeune femme introvertie et célibataire. À la mort de sa tante, elle hérite de son petit chien. S'ensuit alors une amitié très particulière entre Clara et son nouvel animal de compagnie.

Habituée des festivals, Chloé Robichaud nous surprend à chaque coup. Cette fois, elle n'est pas passée par quatre chemins avec ce septième court métrage pince-sans-rire, intitulé judicieusement Chef de meute.

Le plus désarmant: Mila (Québec/Suisse)

Mila est une fillette intelligente qui enregistre la voix de ses parents à leur insu. Ainsi, elle utilise les bandes sonores afin de concocter une surprise à toute la famille.

Kristina Wagenbauer adapte un scénario faussement inoffensif de Geneviève Simard dont la cruauté se révèle à la toute fin. Un conseil: ne laissez pas vos enfants sans surveillance, car à l'instar de Mila, ils pourraient être capables du meilleur comme du pire.

Le plus ambitieux: Délivre-moi (Belgique)

Une fois passées les affreuses premières secondes du film qui ressemblent davantage à une publicité gouvernementale qu'à un véritable court métrage, nous voilà propulsés dans une histoire où s'entrecroisent plusieurs destins tragiques. Antoine Duquesne sauve l'ensemble de son œuvre en élaborant, progressivement, un récit haletant sur le gouffre et l'abîme aux répercussions philosophiques profondes.

Le plus éblouissant: Edmond était un âne (France/Canada)

Le quotidien d'Edmond, petit-homme discret et employé modèle, change radicalement lorsque ses collègues l'affublent d'un bonnet d'âne. C'est une révélation pour lui, puisqu'il voit dans ces longues oreilles sa véritable nature bestiale. Cette nouvelle identité creuse toutefois un fossé d'incompréhension entre lui et son entourage.

Franck Dion parle de différence, de rêve et de liberté dans ce magnifique film d'animation. Agrémenté de superbes images qui nous renvoient à l'imaginaire parfois aliénant des œuvres de Fritz Lang, ce court métrage de 14 minutes est une petite merveille.

Le plus drôle: Una Furtiva Lagrima (États-Unis)

Suivre l'ultime voyage d'un poisson depuis la vente au marché jusque dans la poêle à frire n'est pas en soi quelque chose de si drôle. Par contre, ce qui rend comique le court métrage de Carlo Vogele, c'est de voir la pauvre truite chanter son propre requiem durant toute sa mésaventure. C'est tellement bien fait qu'on ne peut s'empêcher de pouffer de rire à chacune de ses lamentations lyriques.

Le plus ambiguë: Faillir (Québec)

Ariane est sur le point de quitter Val-d'Or. Alors qu'elle doit faire ses adieux à son frère, la tension sexuelle qui s'est toujours dressée entre eux semble vouloir prendre toute la place.

On l'aura compris, Sophie Dupuis se penche sur l'inceste. Un sujet inconfortable, mais qui n'a pas empêché la réalisatrice de faire preuve de cran en allant jusqu'à filmer l'acte sexuel. Plus que l'audace et la franchise, le film est littéralement porté par la prestation des deux jeunes comédiens qui interprètent avec le plus de rigueur possible la sœur et le frère en question.

Le plus triste: Seven Minutes in the Warsaw Ghetto (Danemark)

Un jeune prisonnier du ghetto de Varsovie essaie d'atteindre une carotte par le trou du mur qui l'encercle. Tiraillé par la faim, il ne sait pas que ses gestes sont observés par deux soldats nazis.

Tiré d'une histoire vraie, le douloureux film d'animation Seven Minutes in the Warsaw Ghetto de Johan Oettinger met en scène des poupées de céramique fêlées par la souffrance. Une distance esthétique voulue sans doute par le réalisateur, tant il est difficile de retenir ses larmes devant pareille désespérance.

Le plus cool: The Man Who Lived on his Bike (Québec)

Le court métrage commence par un hommage. Le réalisateur Guillaume Blanchet dédie son film à son père, un grand amoureux de vélo. Eh hop, nous voici embarqués sur son bicycle grâce à une caméra installée sur le guidon d'où l'on peut voir l'athlétique cycliste rouler à travers les saisons et les paysages qui défilent en accéléré.

Trois minutes ininterrompues de montage frénétique afin de nous montrer toutes les possibilités et les talents du cycliste en question. Un film qui ressemble à une vidéo sportive postée sur YouTube, mais tout de même bien concocté.

Le plus agité: Irish Folk Furniture (Irlande)

Tony Donoghue a mis tous ses talents de conteur afin de mettre en valeur l'héritage des mobiliers abandonnés par l'usure dans son court métrage mi-documentaire et mi-film d'animation, Irish Folk Furniture.

Sous nos yeux ébahis, les meubles prennent vie et déambulent à travers les chemins de campagne. Ils ne s'arrêteront de bouger que lorsque des propriétaires bien intentionnés décideront de les rafistoler pour leur donner une seconde existence. Outre son côté ludique et son atmosphère nostalgique, l'œuvre conjugue avec efficacité un discours écologique à mille lieues des gaspillages de nos sociétés de consommation. Et rien que pour cela, on dit bravo!

Festival Regard sur le court 2013

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