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Forêt: lancement de l'album éponyme (VIDÉO/PHOTOS)

Lancement de l'album «Forêt» (VIDÉO/PHOTOS)
Jean-François Cyr

MONTRÉAL - Au milieu de la plaine pop émerge l'album Forêt (album éponyme du groupe Forêt) avec son intrigante essence de mystère et d'énergie terre-à-terre. Attiré par une force étrange, on y avance doucement, charmé et prudent à la fois. Elle est unique, cette énergie qui ne ressemble à presque rien dans cette Belle Province. Une batterie marque le rythme. Des voix délicates nagent dans les feuilles et soufflent de jolis mots. C'est comme la nature, pleine de lumière, de couleurs et de couches. Riche univers doux-amer inventé par la chanteuse Émilie Laforest et le guitariste Joseph Marchand.

Elle provient surtout de la musique classique. Il provient surtout de la musique pop (notamment Pierre Lapointe, Ariane Moffatt qui ont d'ailleurs participé à l'opus). Entre les deux, une vie d'amoureux (deux jeunes enfants), mais un espace artistique difficile à partager, sinon la passion du quatrième art. Il faudra Forêt pour qu'enfin les créateurs se construisent un refuge quelque part à mi-chemin, dans la quiétude d'une musique à l'architecture fine et harmonieuse. Monde délicatement féminin équilibré par l'instinct et le doigté des Rubbie Kuster, Pierre Girard, Philippe Brault et François Lafontaine (oui, le claviériste de Karkwa) à la coréalisation.

«J'ai écouté les maquettes de trois chansons en mai 2012», raconte ce dernier en entrevue. «C'était très dépouillé. Des voix chorales, de la guitare et un peu de claviers. Les formes étaient déjà belles. Le choix des timbres était fait. J'ai beaucoup aimé ce que j'ai entendu et j'ai dit qu'il fallait faire un album le plus vite possible! Émilie et Joseph, des amis, ne pensaient pas se lancer si rapidement [...] Comme tout album, nous avons travaillé les arrangements (fort réussis) et pensé ces musiques inspirantes de Marchand.»

Une voix commune

Typée par la musique contemporaine et expérimentale, la voix de Laforest a mué pour devenir plus accessible, du moins à la portée de Joseph Marchand qui avoue, sans détour, que l'univers musical de sa copine lui était auparavant inaccessible: «J'ai longtemps entendu Émilie chanter d'une manière qui appartient surtout au classique. C'est une soprano qui évoluait dans des créneaux différents des miens. Je n'aurais pas été capable de m'adapter complètement à son travail si elle n'avait pas fait son bout de chemin. Il fallait se trouver une voix commune.»

«On avait des goûts très différents de renchérir Laforest». «Moi, j'ai connu Led Zeppelin très tard alors que tout le monde de Joseph était plongé dans ce genre de musique depuis bien longtemps. Mais bon, quelques univers nous rejoignaient tous les deux.»

Pesant ses mots, Joseph admet que l'album Third, de Portishead, a été un territoire inspirant pour elle et lui.

«Voir Beth Gibbons recroquevillée et partager cette musique si prenante, c'est une image qui nous plaisait bien», explique Émilie. «On savait que ces atmosphères un peu lourdes et émotives étaient un lieu approprié pour nous. Je m'attendais juste à quelque chose de plus minimaliste au final. J'avais peur de perdre l'essence de notre musique, je crois. Mais finalement, il y a beaucoup de couches sur Forêt. »

«Moi pas du tout», d'enchaîner son copain (avec un sourire, elle lui lance un regard intrigué). «Je savais que ce serait plein. Avoir le privilège de travailler avec de si bons musiciens, c'est aussi leur laisser de la liberté. Plus le projet avançait, plus on découvrait de nouveaux sons, de nouvelles idées...»

Nous disions que Forêt, album rock lyrique (les textes ont été habilement écrits pour la musique par Kim Doré sauf la jolie pièce L'amour de marbre composée par Pierre Lapointe ainsi que Repose-toi bien, signée Émilie Laforest) qui évoque plus qu'il ne provoque, ne ressemble à presque rien de chez nous. Certes, ce premier disque est d'une pure originalité. Impossible néanmoins de ne pas sentir l'apesanteur «karkawienne» ou encore le souffle soyeux de Gaële (surtout son récent album Télescope).Pour le reste, au diable les comparaisons.

«Ce n'est pas la fin du monde, mais ça parle plus fort que les bombes», chante Émilie Laforest sur Le verbe amour.

Forêt, une première escapade qui grandirait à être légèrement épurée. Mais un rendu ô combien luxuriant et séduisant. Une aventure grandeur nature.

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Lancement de l'album «Forêt»

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