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Roy Dupuis, un gangster pas comme les autres dans Cyanure (PHOTOS)

Roy Dupuis, un gangster pas comme les autres

Les bandits, Roy Dupuis, ça, il connaît. Rien que ces dernières années, on peut dire qu'il en a interprété un certain nombre. De Mesrine à Roche papier ciseaux, en passant par Les doigts croches et Coteau rouge, le comédien aime jouer les délinquants. Dans Cyanure, une coproduction canado-suisse signée par la réalisatrice helvétique Séverine Cornamusaz, Roy Dupuis campe un voyou qui joue les gros durs. Mais il n'arrive pas à dire «je t'aime» à son propre garçon Achille (Alex Etzlinger). Un personnage qui a permis à l'acteur québécois de jouer un père de famille confronté à l'image fantasmée que son fils porte sur lui. Entrevue.

À la lecture du scénario, Roy Dupuis n'a pas hésité une seule seconde. Il voulait jouer ce repris de justice qui à sa sortie de prison doit composer avec sa femme et en particulier avec son fils. «Achille entretient une image idéalisée de son père. Il le voit comme un grand gangster, libre, audacieux et flamboyant. Finalement, l'ado se retrouve en face de quelqu'un de tout à fait différent», raconte-t-il.

Joe est effectivement un criminel d'une autre nature. Égoïste et désadapté social, il ne s'intéresse pas à son fils qui n'a pas vu depuis quinze ans. «En fait, c'est un pauvre type. J'ai aimé cette idée que mon personnage plutôt ordinaire soit vu par le regard de l'enfant. Il se fait des idées sur son père et lorsqu'à sa sortie de prison, ils finissent par se voir, tout s'effondre. Pourtant, l'enfant n'abandonne pas. Il veut constamment se rapprocher de lui, jusqu'à lui pardonner son manque d'amour.»

Une relation que la réalisatrice a voulu conserver durant le tournage de Cyanure. «Séverine ne voulait pas que le jeune acteur Alex me rencontre avant notre première scène ensemble devant la caméra. Je trouvais cela intéressant, alors je suis rentré dans le jeu.»

Tout passe donc par l'imaginaire de ce jeune garçon qui s'invente mille et une choses. «La vision tronquée du fils crée un univers ludique par rapport à la réalité qui est plus dure. Les scènes tournées en version manga japonaise sont par exemple une opportunité d'aborder l'histoire avec davantage de légèreté. À mon avis, cela rend le film plus divertissant et probablement plus original aussi.»

Gangster un jour, gangster toujours

Ainsi Cyanure, en plus de déconstruire le mythe du gangster à l'américaine, est un film sur l'impossibilité pour un détenu de reprendre une vie de famille normale. «C'est une autre raison qui m'a fait accepter le rôle. Je n'avais jamais joué ce genre de délinquant auparavant. Vous savez un des problèmes majeurs du milieu carcéral, c'est que la plupart des criminels qui y passent un certain temps y retournent bien souvent après leur sortie, incapable comme mon personnage de se réinsérer dans la société.»

D'ailleurs, sa rencontre en 2004 avec Réal Chartrand, le dernier condamné à mort canadien continue de l'inspirer. Pour les besoins du film Manners of Dying, Roy Dupuis s'était entretenu longuement avec lui. «Il s'était raconté à moi. J'étais là pour voir ce qu'il se dégageait de son regard en essayant de comprendre cet homme qui a passé sa vie en prison. Même si sa propre expérience est différente de celle de mon personnage, car il n'existe pas un seul type de détenu, notre rencontre m'a beaucoup aidé dans la façon de jouer les criminels.»

Roy Dupuis interprète un homme qui ne sait effectivement pas vraiment où est sa place. Qui plus est, au fil du récit, on n'en apprendra pas beaucoup sur son passé. Un mystère entretenu par l'acteur lui-même. «Il pourrait être un Québécois qui a décidé à un moment donné d'aller vivre en Europe.»

D'où l'accent français international ? «Oui tout à fait. Dans le film, mon accent n'est pas pointu comme peut l'être parfois celui des Suisses ou des Français. Il ne faut pas oublier qu'il a passé quinze ans en prison, alors c'est normal qu'il ait pris les manières de parler de son environnement. Toutefois, cela ne me dérangeait pas que l'on ne sache pas véritablement d'où il vient. Je porte un intérêt marqué pour les personnages qui ne se dévoilent pas totalement.»

Cyanure - Coproduit par PS. Productions et Item 7 - Drame psychologique - 103 minutes - Sortie en salles le 15 mars 2013 - Suisse, Canada.

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