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Gouvernement en Israël : Benyamin Netanyahou conclut un accord avec le centre et l'extrême-droite

Le grand écart de la coalition gouvernementale formée par Netanyahou
REUTERS

INTERNATIONAL - Signe de la tension créée par 40 jours d'âpres négociations, l'accord entre le Likoud de Benyamin Netanyahou et ses partenaires de coalition aurait été signé par... fax. Un accord de gouvernement et des pourparlers dont le Premier ministre israélien sort affaibli et écartelé entre le centre et l'extrême-droite.

Chargé de former un cabinet à l'issue des élections législatives du 22 janvier dernier, "Bibi" (le surnom donné à Benyamin Netanyahou) avait lancé un ultimatum à ses principaux partenaires mercredi. A l'issue de quatre premières semaines de négociations infructueuses, il venait d'obtenir du président israélien Shimon Peres un deuxième et dernier délai afin de présenter son nouveau cabinet.

Coalition du centre à l'extrême-droite

Vendredi 15 mars en début d'après-midi, 24 heures avant la fin du délai qui lui était imposé, le Premier ministre a finalement annoncé avoir signé des accords de coalition avec le parti centriste Yesh Atid et le mouvement nationaliste religieux Foyer juif (ou Maison juive), proche des colons. Le choix d'une alliance avec des partis marqués à la droite et à l'extrême-droite de l'échiquier politique israélien, allant des centristes laïques aux ultra-nationalistes religieux, un choix qui laisse présager un troisième mandat très ardu pour Benyamin Netanyahou.

D'autres scénarios s'offraient pourtant au Premier ministre israélien. Dans un paysage politique plus fragmenté que jamais, dans un pays sans majorité franche, le successeur d'Ehud Olmert avait les mains libres pour former sa coalition. Il pouvait reconduire des accords avec les ultra-orthodoxes et courir le risque de mener le pays à la tête d'une majorité brinquebalante, ou conclure des alliances plus inédites et obtenir ainsi une majorité valable. Les mains libres certes, mais enserrées de grosses moufles donc. De grosses moufles nommées Naftali Bennett, le chef du Foyer juif, et Yaïr Lapid, le dirigeant de Yesh Atid.

La liste commune formée par le Likoud et Israël Beiteinou, le parti de l'ex-ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman obtenait 31 sièges le 22 janvier dernier (contre 43 en 2009). La Knesset -le parlement d'Israël- comptant 120 membres, il fallait ainsi à Benjamin Netanyahu trouver une bonne trentaine de députés pour s'assurer une majorité "confortable".

Les alliés naturels écartés

À gauche et au centre-gauche, le parti travailliste (15 sièges) et le Meretz (6 sièges), étaient trop affaiblis pour peser sur la formation du futur gouvernement et trop éloignés de la politique menée par Benjamin Netanyahu pour exiger d'y entrer. "La représentante des travaillistes, Shelly Yashimovitch avait de ce fait exclu toute participation à la future coalition, rappelle sur Le HuffPost Philippe Chriqui, analyste et consultant politique, directeur d’Expression publique.

Autre alliance -beaucoup plus naturelle- à laquelle Benyamin Netanyahou a dû renoncer, celle avec le Shass (11 sièges) et le Judaïsme Unifié de la Torah (7 sièges). C'est la première fois depuis 29 ans que ces deux partis juifs religieux ultra-orthodoxes, qui jouent traditionnellement le rôle de faiseurs de roi en Israël, sont écartés de la coalition gouvernementale. Un renoncement de circonstance -les deux sièges supplémentaires remportés par les ultra-orthodoxes ne suffisaient pas à compenser les sièges perdus par la liste commune entre le Likoud et Israël Beiteinou- qui profite aux nouveaux partenaires de Benyamin Netanyahou.

Des pro-colonisation aux postes clé

Aux termes de l'accord dévoilé par la presse israélienne depuis le milieu de semaine, Yaïr Lapid (Yesh Atid) et Naftali Bennett (Foyer juif) ont finalement renoncé à obtenir le titre de "vice-Premier ministre", question sur laquelle avait achoppé les discussions jeudi, un désaccord de dernière minute qui semble mal augurer déjà de l'avenir de cette coalition. Un des rares points sur lesquels Benyamin Netanyahou n'a pas fait de concessions.

Dans le gouvernement qui sera officiellement présenté à Shimon Peres samedi, le Likoud devrait s'arroger les portefeuilles clé de la Défense et de l'Intérieur. Le Premier ministre devrait également gérer les Affaires étrangères en attendant la fin du procès pour abus de confiance d'Avigdor Lieberman, son allié électoral.

Yesh Atid (19 sièges), a obtenu les ministères des Finances et de l'Education, et Foyer juif (12 sièges) ceux du Commerce et de l'Industrie, ainsi que du Logement. Des attributions qui laissent présager de la politique orienté à droite que va mener le nouveau gouvernement. C'est un fervent partisan des colonies, Uri Ariel, numéro 2 du Foyer juif, qui devrait obtenir le Logement, le ministère supervisant notamment la construction dans les colonies juives. Le Foyer juif va également contrôler la commission des Finances du parlement, qui joue un rôle important dans le financement des colonies.

"Bennett et Lapid vont occuper des postes élevés dans un gouvernement à la tête duquel se trouve un Premier ministre qu'ils méprisent ouvertement", écrit Nahum Barnéa à la Une du quotidien populaire Yediot Aharonot vendredi. Une alliance inédite que Benjamin Netanyahu a complété avec les six sièges du nouveau parti centriste HaTnouha, crée par l'ex-ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, qui deviendra ministre de la Justice, également en charge des négociations de paix avec les Palestiniens.

La prochaine majorité gouvernementale comptera ainsi 68 députés sur 120. "Une coalition cauchemardesque", a titré en Une le quotidien Haaretz.

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