MONTRÉAL - Un autre représentant d'une firme de génie a confirmé l'existence de la collusion entre «toutes» les firmes de génie qui faisaient affaires à Montréal de 2004 à 2008. Il a également confirmé l'existence d'une ristourne au parti Union Montréal sur la valeur des grands mandats obtenus de la Ville.
Cette fois, c'est un vice-président de la firme Genivar, François Perreault _ qui a remis sa lettre de démission vendredi dernier _ qui a témoigné de ces faits à la Commission Charbonneau, mardi.
M. Perreault a confirmé ce que l'ingénieur Michel Lalonde, de la firme Génius, avait déjà indiqué à la commission. M. Lalonde s'était d'ailleurs décrit comme le porte-parole du cartel du génie.
«Tous, toutes les firmes qui étaient présentes à Montréal» participaient au système de collusion, a admis M. Perreault.
À la différence de M. Lalonde, M. Perreault a davantage impliqué le responsable du financement d'Union Montréal, Bernard Trépanier. «Il fallait avoir sa permission pour aller sur un mandat en particulier», est-il allé jusqu'à dire.
Il a cité un cas en exemple, celui des dernières phases du Quartier des spectacles, au centre-ville de Montréal, où il a dû «supplier» Bernard Trépanier pour pouvoir travailler au projet. «Je me suis mis à genoux devant lui. Et puis finalement, il a dit 'okay, tu vas te mettre en consortium avec SM'», a relaté M. Perreault.
C'est aussi M. Trépanier, un responsable de financement de parti politique, qui imposait les consortiums aux firmes privées de génie-conseil, afin que tous aient leur pointe de la tarte. C'est M. Trépanier qui décidait même du pourcentage de chacun au sein du consortium, a raconté le témoin.
La répartition des contrats, «d'après moi, c'est Bernard Trépanier, qui consultait son patron M. (Frank) Zampino», a résumé M. Perreault.
Le témoin a confirmé les propos de M. Lalonde voulant que M. Trépanier a d'abord demandé aux grandes firmes de génie de donner 200 000 $ au parti _ et 100 000 $ aux petites et moyennes firmes.
Puis il a instauré le système d'une ristourne approximative de trois pour cent de la valeur des mandats obtenus à verser au parti. «Le trois pour cent, c'était à la bonne franquette», a-t-il résumé, pour expliquer que la ristourne n'équivalait pas nécessairement à trois pour cent.
La somme totale de 200 000 $ en argent comptant était versée «en morceaux, au travers des autres trucs qu'on donnait», a expliqué l'ingénieur.
Il a admis être allé personnellement donner de l'argent à Bernard Trépanier «entre trois et cinq fois» à son bureau de la rue Saint-Jacques. Il a donné entre 20 000 $ et 50 000 $ à chaque fois, seul ou en compagnie de son collègue de Genivar, Yves Lortie.
Et il a bien vu M. Trépanier prendre ces liasses de billets de 20 $ et 100 $ dans une enveloppe pour les glisser dans son coffre-fort, placé à côté de son bureau.
Genivar est une importante firme de génie, qui a maintenant 15 000 employés dans 35 pays. L'entreprise a un chiffre d'affaires mondial de 1,8 milliard $, dont 270 millions $ dans l'ensemble du Québec, a témoigné M. Perreault.
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