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Une église "sans Dieu" fait salle comble à Londres

À Londres, une église "sans Dieu" fait salle comble
AFP

RELIGION - Avec ses chants joyeux et ses fidèles décidés à mener une vie meilleure, l'église londonienne "The Sunday Assembly" est semblable à n'importe quelle autre. À la différence près qu'il n'y est jamais fait mention de Dieu.

Cette "église athée" britannique est âgée de trois mois à peine, mais ses adeptes sont déjà trop nombreux pour les places disponibles lors des "offices". Et plus de 200 non-croyants dans le monde ont manifesté leur intérêt pour cette initiative.

"The Sunday Assembly" ("l'Assemblée du dimanche"), a été fondée par deux comédiens, Pippa Evans et Sanderson Jones, qui ont détecté dans la société un appétit pour des rassemblements athées empruntant à la pratique religieuse.

Foi en l'humanité

Dans une ancienne église lumineuse mais délabrée du nord de Londres, ces rassemblements mensuels mêlent musique, discours et réflexions d'ordre moral, avec une bonne dose d'humour.

"Il y a beaucoup de choses dans la pratique religieuse qui n'ont rien à voir avec Dieu: il s'agit de rencontrer des gens, de réfléchir aux moyens d'améliorer sa vie", explique à l'AFP Sanderson Jones, un barbu de 32 ans au rire tonitruant.

"Aider souvent, vivre mieux et s'émerveiller davantage", tels sont les préceptes de "l'Assemblée du dimanche", qui semble faire des émules: quelque 400 personnes ont assisté aux deux derniers offices dans une église comble. Une soixantaine de "fidèles" ont même dû être refusés à l'entrée à cause de l'affluence.

"Ma foi et mes croyances sont dans l'humanité et dans l'action. L'Assemblée du dimanche, c'est quelque chose qui me parle", affirme à l'AFP Anita, une psychologue trentenaire venue assister à l'office en ce dimanche de mars.

Appelés à réfléchir sur le thème du bénévolat, les fidèles chantent "Help" des Beatles et "Holding Out For A Hero" de Bonnie Tyler.

Ils écoutent ensuite un "sermon" prononcé par le fondateur d'une association spécialisée dans les questions d'éducation. Et dans une intervention appelée "Pippa fait de son mieux", la comédienne-fondatrice suscite l'hilarité de l'assemblée en racontant ses expériences en matière de volontariat.

Une église comble

L'office s'achève sous les vivats de l'assemblée et aux cris de "Qui veut une tasse de thé?"

Comme dans beaucoup de pays occidentaux, le christianisme recule en Grande-Bretagne: si une majorité de Britanniques se disent toujours chrétiens, le dernier recensement en décembre montre que leur proportion est passée de 72% en 2001 à 59% en 2011.

La proportion des Britanniques sans religion a dans le même temps crû, de 15% à 25%.

Mais le succès de la "Sunday Assembly" montre selon ses fondateurs que beaucoup d'urbains athées ressentent un besoin d'appartenance à une communauté.

"Vous pouvez passer une journée entière à Londres sans parler à quiconque", souligne Pippa Evans. "Je pense que les gens ont vraiment envie d'un lieu de rencontre, qui n'implique pas de boire et dont l'accès n'est pas payant".

Exportation

L'idée semble susciter des vocations ailleurs au Royaume-Uni et à l'étranger, où des athées veulent monter des franchises.

Les demandes viennent de "Colombie, Bali, Mexique, Houston, la Silicon Valley, Philadelphie, l'Ohio, Calgary, La Haye, Vienne... C'est tellement excitant que la tête me tourne parfois", s'étonne Sanderson Jones.

Une Sunday Assembly va avoir lieu fin mars à Glasgow et une branche va ouvrir en Australie en avril.

Le duo admet que leurs célébrations empruntent beaucoup au christianisme. D'ailleurs leur église a reçu le soutien de membres du clergé. Mais "ils ont dit qu'ils devraient réfléchir à ce qu'il fallait faire si elle prenait de l'ampleur", plaisante Pippa Evans.

"En fait les plus agressifs à notre égard sont sans doute certains athées, qui estiment que nous desservons l'athéisme, que nous n'avons pas une bonne façon de ne pas croire en Dieu. C'est assez drôle", remarque-t-elle.

L'assemblée a eu l'approbation du vicaire local Dave Tomlinson, venu d'une église voisine pour observer ses nouveaux "rivaux".

"J'ai senti qu'il y avait autant de ce que j'appelle Dieu ici que dans ma propre église ce matin", dit-il. "Tout ce qui a été dit ici aurait tout à fait sa place dans mon église. J'espère que cela va prospérer".

Mais où est Dieu?

L'église "sans Dieu"

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