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Retour de Nicolas Sarkozy : un malentendu, des critiques, un fiasco

Nicolas Sarkozy ou le fiasco d'un retour
afp

NICOLAS SARKOZY - Il espérait faire un grand retour par la petite porte. Signifier à François Fillon qu'il est toujours le seul recours à droite et à François Hollande qu'il n'est pas devenu un simple souvenir de la Ve république. Nicolas Sarkozy devait surtout expliquer aux Français que son retour en politique n'était pas exclu mais conditionné à des circonstances politiques exceptionnelles.

Las, ce qui a été retenu de son entretien accordé à Valeurs Actuelles est à l'exact opposé: maladresses sur la politique sociétale et internationale, erreurs factuelles sur sa vie de famille, ton condescendant. "Consternant", s'indigne un cadre de l'UMP, "pas de son niveau" rajoute un autre. Si les critiques se font anonymement à droite, elles n'en sont pas moins vives.

Alors depuis, rétropédalage toute. Preuve que l'ancien chef de l'Etat a conscience d'avoir commis un faux pas, ses "amis" et porte-voix se sont relayés dans Le Parisien, Le JDD.fr ou Le Point pour déminer un "malentendu"... ou régler leurs comptes. Retour sur un exercice de communication complètement raté.

Opération dédouanage

Deux thèses s'affrontent par journaux interposés à propos des "coulisses" d'une interview qui n'en était pas une. Celle relayée par Le Pointet celle affichée par Le JDD. Dans la première, Nicolas Sarkozy se serait laissé convaincre par son conseiller Patrick Buisson de se rappeler aux bons souvenirs de ses sympathisants dans l'hebdomadaire conservateur. La seconde, celle du Journal du Dimanche, fait retomber la responsabilité de cet article "grossier" sur le seul Patrick Buisson. "C'est lui qui aurait validé la publication d'un article long et la Une sur Nicolas Sarkozy. Selon nos informations, l'ancien président n'était pas au courant et s'attendait à un article plus court, comprenant quelques confidences", indique l'hebdomadaire dominical sur son site Internet.

Toutes se recoupent sur un point: Nicolas Sarkozy ne s'attendait pas à voir autant de citations retranscrites dans Valeurs Actuelles, encore moins sous une forme aussi "caricaturale" pour reprendre le mot d'un élu de l'UMP. Un scénario que confirme au HuffPost le co-fondateur de la Droite forte, Geoffroy Didier. "Nicolas Sarkozy s'attendait à un papier d'ambiance, pas à un verbatim aussi extensif", assure ce proche de Brice Hortefeux.

Pour autant, pas question de charger Patrick Buisson, personnage très controversé rue de Vaugirard où une partie de la droite l'accuse de la défaite de 2012. Il a souvent été jugé responsable de la campagne trop droitière de Nicolas Sarkozy. "Méfions-nous de ces interprétations extensives. Pour moi, il s'agit d'un simple malentendu. Rien de plus", dédramatise Geoffroy Didier.

Dans tous les cas, difficile de croire que Nicolas Sarkozy, qui a toujours soigné minutieusement sa communication depuis sa retraite, n'ait pas été averti de la teneur de l'article avant parution et n'ait pas exigé validation des citations directes. Une pratique courante dans la presse politique, tout particulièrement quand il s'agit d'un président de la République.

De la PMA à la viande de cheval

Une chose est évidente, le mal est fait. Depuis son communiqué polémique sur la Syrie en juillet dernier, Nicolas Sarkozy avait su rester resté discret en ce qui concerne la politique de François Hollande. "Stratégie du silence" qui a volé en éclat dans Valeurs actuelles lorsque qu'on l'interroge sur la Procréation médicalement assistée (PMA): "Bientôt, ils vont se mettre à quatre pour avoir un enfant!" L'ancien président va jusqu'à faire un parallèle entre "traçabilité du bifteck" et celui des enfants. Allusion faite au scandale de la viande de cheval.

Un amalgame d'autant plus étonnant que Nicolas Sarkozy n'a pas toujours été le plus farouche des opposants au mariage pour tous. Il est même resté plutôt discret sur ce sujet pendant la présidentielle. Selon Libération, l'ex-chef de l'Etat a longuement hésité à inclure le mariage pour tous dans son programme avant de se rétracter. Son ancien conseiller en communication, Frank Louvrier, est d'ailleurs favorable à la mesure.

Reste que le Parti socialiste en a profité pour s'engouffrer dans la brèche et tacler l'ex-président. "Excès vulgaires", juge Frédérique Espagnac, porte-parole du PS, qui l'accuse de "flirter avec l'extrême-droite".

Une accumulation de maladresses

Les propos exagérés sur sa vie privée n'ont fait que rajouter à la confusion. "Je ne pourrai pas continuer à me dire: je suis heureux, j'emmène ma fille à l'école, et je fais des conférences partout dans le monde", assène t-il alors que sa fille Giulia n'a que 17 mois. L'entrée en maternelle ne s'effectue qu'à l'âge de 2 ou 3 ans.

Autre maladresse, Nicolas Sarkozy s'indigne que sa femme, Carla Bruni, ait été interdite de chanter pendant les 5 ans de son mandat présidentiel. Là encore, problème: comme l'a rappelé Le HuffPost, la chanteuse folk s'est produite au moins six fois entre 2008 et 2011.

Pour ne rien arranger, la séquence internationale de l'article a également mis à mal à l'aise une partie des amis de Nicolas Sarkozy. L'ex-président s'y montre très sévère vis à vis de la politique de François Hollande au Mali: "Que fait-on là-bas? Sinon soutenir des putschistes et tenter de contrôler un territoire trois fois grand comme la France avec 4000 hommes". Ingérence rare d'un ancien président sur la politique extérieure de son successeur. Et le timing est catastrophique. Un quatrième soldat français vient de tomber sous les feux islamistes. L'attaque de Sarkozy apparaît alors étrangement déplacée.

"Nous voulons lutter contre le terrorisme, contre la barbarie, contre le fondamentalisme", rétorque deux jours après François Hollande sans jamais citer son prédécesseur. "Il est incorrigible", ironise de son côté Michel Sapin, le ministre du Travail. À droite, après une telle sortie, certains pensent exactement la même chose.

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