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Formation scolaire dans les pénitenciers : le Québec bon dernier

Le Québec bon dernier
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L'éducation est réputée être le meilleur outil de réinsertion sociale des délinquants. Mais au Québec, le programme fédéral d'éducation en milieu carcéral est un fiasco. La province détient le record canadien de l'échec scolaire en milieu pénitentiaire, selon un document obtenu par Radio-Canada.

« Je trouve ça vraiment scandaleux que c'est nous, au Québec, qui payons le plus au niveau de la formation de nos détenus et qui, malheureusement, avons le plus bas taux de diplomation au pays », affirme Magalie Picard, de l'Alliance de la fonction publique.

Des disparités provinciales sont constatées dans un document interne du Service correctionnel du Canada qui contient le pourcentage de prisonniers qui ont complété leur formation primaire ou secondaire en 2011, d'un bout à l'autre du pays.

Taux de succès selon les provinces

Ontario : 43 %

Prairies : 33 %

Colombie-Britannique : 25 %

Provinces de l'Atlantique : 23 %

Québec : 7 %

« Le Service correctionnel au Québec a perdu tout à fait le contrôle sur la gérance de l'éducation, parce que c'est une de ses missions, une des plus importantes pour la réhabilitation des détenus dans la société », explique Claude Duchesneau, du Syndicat des employés du Solliciteur général.

Selon lui, les détenus eux-mêmes ne sont pas en cause. C'est l'embauche de professeurs contractuels par Ottawa qui pose problème.

À l'heure actuelle, les 19 professeurs du Service correctionnel du Canada enseignent 37,5 heures par semaine, tandis que les 50 contractuels sont payés à temps plein, mais n'enseignent que 23 heures par semaine.

« Quand vous n'êtes pas là toute la semaine, ou que vous n'enseignez que quatre heures et trois quarts par jour - ce qu'un contractuel fait - vous n'avez pas un suivi à long terme, vous n'avez pas la présence nécessaire par rapport à tout ce qui concerne le détenu », ajoute Claude Duchesneau.

Ces dernières années, le gouvernement fédéral a également coupé dans l'enseignement collégial et professionnel en milieu pénitentiaire. Ce qui, selon l'Alliance de la fonction publique, réduit encore plus les probabilités qu'un détenu sorte de prison scolarisé.

Le Service correctionnel du Canada est incapable d'expliquer la mauvaise performance scolaire des détenus québécois, mais indique qu'il travaille à revoir son entente avec les professeurs contractuels qui enseignent dans les pénitenciers du Québec.

D'après un reportage de Normand Grondin