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Émile Proulx-Cloutier, auteur-compositeur-interprète: le talent à découvrir (PHOTOS)

Auteur-compositeur-interprète: Émile Proulx-Cloutier, le talent à découvrir

On connaît bien Émile Proulx-Cloutier, le comédien. On connaît moins Émile Proulx-Cloutier, l’auteur-compositeur-interprète qui a raflé sept distinctions au Festival en chanson de Petite-Vallée, en 2011, et qui promène ses Chansons cachées sur les scènes du Québec depuis quelques mois. Lorsque le grand public fera connaissance avec cet Émile drôle, sensible et charismatique, il tombera à coup sûr sous le charme. Comme les spectateurs qui étaient réunis, vendredi soir dernier, au Studio-théâtre de la Place des Arts et qui ont applaudi, conquis, le matériel original (dans tous les sens du terme) de l’artiste, dont le style ne s’apparente à celui d’aucun autre.

Dans ses textes, Émile Proulx-Cloutier raconte des histoires. Et, entre les morceaux, lorsqu’il s’adresse à son parterre, il raconte aussi des histoires. Son univers est peuplé de personnages plus grands que nature qu’il nous décrit avec des images fortes, évocatrices, pleines de poésie. Verbomoteur, le jeune trentenaire décline aussi son imaginaire avec, dans son propos, une acuité qui n’est pas sans rappeler celle d’un Louis-José Houde. Observateur et plein d’esprit, il se nourrit des petits riens du quotidien pour livrer ses réflexions, tantôt assis à son piano, tantôt debout derrière son micro. Il se laisse même aller à quelques notes d’accordéon à un certain moment.

Une fraîche candeur se dégage de ses vers, qui traitent pourtant parfois de sujets graves. Par exemple, dans Les mains d’Auguste, il chante les marques laissées par le temps sur les mains d’un homme échaudé par la vie. Dans le refrain d’Aimer les monstres, il se glisse dans la peau d’Éric, un jeune écorché vif d’une douzaine d’années qui se compare aux «p’tits gars qu’on voit dans les films», lui qui «bâtit des villes, gagnes des courses pis tue des monstres». On n’a aucun mal à visualiser sa Madame Alice, une aubergiste à la cuisse légère, dont «la bouche flibustière a déjà bu les sept mers». Et, lorsqu’il entonne le récit d’une femme blessée par les hommes dans Le tambour de la dernière chance, on est ému par sa capacité à cerner les douleurs du sexe opposé. À n’en pas douter, la grande force d’Émile se trouve dans son aisance à jouer avec les mots, à manier le verbe, à le colorer et le retourner dans tous les sens pour nous le faire ressentir jusqu'au plus profond de l’âme.

Un futur prometteur

Et il est amusant. Amusant quand il explique qu’il a reçu, à son anniversaire de 30 ans, le «grand livre des vérités», lequel lui a enseigné que les filles préfèrent les bums aux premiers de classe «propres, polis et ponctuels». Soufflant dans un gazou pour appuyer le caractère joyeux de la pièce, le chanteur a fait crouler de rire son assistance avec ce désarroi simulé. On était convaincus qu’il allait réellement parler de politique lorsqu’il a amorcé une introduction déplorant la disparition des villes qu’entraînera inévitablement le Plan Nord. Personne n’aurait pu alors prédire qu’il conclurait son laïus avec Le grillon et la luciole, sympathique ver d’oreille s’attardant à… la vie amoureuse des insectes. Enfin, il a raconté que la policière Stéfanie Trudeau, alias Matricule 728, a jadis été surveillante à son école, et il a comparé les «clowns» de la Commission Charbonneau à «des petits cochons qui viennent de se faire souffler leur maison». Dans le monde d’Émile Proulx-Cloutier, l’intelligence et la fantaisie règnent côte à côte.

On le répète: le jeune homme a un bel avenir musical devant lui, et on a hâte d’entendre ce premier album qu’il devrait enregistrer l’été prochain et qu’il nous promet «avant la fin de la construction du CHUM». Son répertoire éclectique emprunte à tous les genres et valse allègrement entre le hip-hop et la berceuse, avec de fortes tendances pop et folk, ce qui lui assure d’interpeller un vaste bassin de mélomanes. Il est accompagné dans son périple par deux «princes», Mathieu Désy à la contrebasse et la basse électrique, et Christian Turcotte à la guitare et aux arrangements. L’ambiance de son spectacle n’en est que plus intime, ce qui convient parfaitement à sa démarche.

Vendredi, Émile Proulx-Cloutier a terminé sa prestation en remerciant chaleureusement les gens d’être venus l’entendre en si grand nombre. En guise de cadeau, il a offert L’Atlantide, un bijou écrit par son père l’acteur Raymond Cloutier, à l’époque du collectif Le Grand Cirque Ordinaire lorsqu’il avait lui-même 30 ans. Un retour dans le passé qui a à la fois attendri et réjoui les cœurs présents, déjà convaincus que, pour «l’héritier», le futur se dessine déjà plein de promesses.

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Émile Proulx-Cloutier en spectacle

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