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Commission Charbonneau: tout le monde savait que les coûts étaient plus élevés à Montréal, dit Serge Pourreaux

Tout le monde savait, dit un ancien directeur de l'approvisionnement à la Ville de Montréal
Capture d'écran

MONTRÉAL - Un ancien directeur de l'approvisionnement à la Ville de Montréal, aujourd'hui retraité, est venu dire que dès la fin des années 1980 ou le début 1990, il était connu que les coûts de construction y étaient plus élevés de 25 à 30 pour cent.

Devant la Commission Charbonneau mercredi, Serge Pourreaux, qui était directeur de l'approvisionnement de 2003 à 2006, a soutenu que tous étaient au courant du phénomène. «À peu près tout le monde le savait. Tous les entrepreneurs le savaient, les firmes de génie-conseil le savaient, la plupart des ingénieurs à la Ville le savaient», a-t-il résumé.

Il s'est ensuite attardé aux démarches qu'il a entreprises dès son arrivée pour tenter de contrer le phénomène, las de se faire simplement répondre qu'à Montréal, «tout est plus compliqué».

Selon lui, avant même le rapport de 1997 dont l'analyste-enquêteur Guy Desrosiers a fait état devant la commission, un autre rapport parlait d'un «marché fermé» à Montréal en 1992. Et ce rapport de 1992 était évidemment basé sur les années antérieures.

M. Pourreaux a alors commandé un rapport à quatre ingénieurs de l'externe, en 2004, pour savoir pourquoi les coûts étaient si élevés. Ces quatre spécialistes ont rapporté une vingtaine d'entrevues avec des personnes qui leur ont dit que «les entrepreneurs qui voulaient entrer à Montréal avaient des menaces morales ou physiques».

En bout de ligne, selon M. Pourreaux, le coût supplémentaire des travaux à Montréal atteignait alors de 35 à 50 pour cent.

M. Pourreaux a affirmé que dès que le directeur général de l'époque, Robert Abdallah, l'a su, «il m'a dit très clairement, en cognant son poing sur la table: 'Serge, ça n'a pas de christ de bon sens que ça coûte aussi cher couler un mètre de béton à Montréal que de l'envoyer à la Baie James!'. Il m'a dit 'ça ne tient pas de bout'».

Selon lui, M. Abdallah voulait «que ça aille plus vite», voulait régler le problème.

M. Pourreaux a relaté que la division des travaux publics s'était sentie heurtée par le rapport de 2004 qui l'identifiait comme problématique à cause de ses façons de faire.

Cette division, a-t-il relaté, a déjà été «un royaume dans le royaume» à l'époque où elle embauchait 120 ingénieurs, et en avait gardé un certain orgueil, se voyant comme le maître-d'oeuvre, pensant qu'elle était meilleure que toutes les firmes privées de génie. Le rapport des quatre ingénieurs externes y a donc été vu comme «menaçant», a-t-il rapporté.

Ce rapport de 2004 a été remis à plusieurs personnes au service de l'approvisionnement et au comité directeur responsable de la démarche d'optimisation en cours à la Ville.

Malgré cette distribution à plusieurs personnes, quand il a été médiatisé l'automne dernier, plusieurs en ont parlé comme d'un rapport qui avait été caché au maire de l'époque, Gérald Tremblay, et au maire actuel, Michael Applebaum.

M. Pourreaux, qui était alors en vacances à l'extérieur du pays, rapporte qu'il était étonné d'entendre parler d'un rapport secret, lors de son retour à Montréal. Il a alors fait ses vérifications pour apprendre que personne ne s'était informé de l'existence de ce rapport auprès de la Direction des approvisionnements, la division qui avait commandé ce rapport.

M. Pourreaux poursuivra son témoignage jeudi.

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Tony Accurso

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