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Algocarburants: «Je vous fais le plein d'algues?»

Algocarburants: «Je vous fais le plein d'algues?»
AFP

L’épuisement des énergies fossiles et leur impact écologique amènent les scientifiques à se pencher de plus en plus sur les biocarburants. Entre colza, biométhane et autres tournesol, une filière de troisième génération fait son apparition : préparez-vous à voir des algues remplir de carburant votre réservoir!

En tant qu’entités photosynthétiques, les microalgues utilisent le gaz carbonique (CO2) pour assurer leur croissance. «Lorsque le CO2 se retrouve en quantités excessives, explique Patrick Hallenbeck, professeur au Département de microbiologie et d’immunologie de l'Université de Montréal, certaines microalgues peuvent en stocker des réserves sous forme d’huile, tout comme certains végétaux le font dans leurs grains. C’est cette huile qui peut être extraite et raffinée pour ultérieurement produire du biodiesel.» Une vingtaine d'espèces indigènes ayant une capacité supérieure de production d’huile ont ainsi déjà été identifiées.

Outre ce rendement supérieur, les microalgues démontrent d’autres avantages intéressants par rapport à l’exploitation des végétaux de première génération (colza, palmier, tournesol…). « Les microalgues se développent beaucoup plus vite que les autres plantes, elles peuvent doubler leur nombre chaque jour, poursuit Patrick Hallenbeck. De plus, il n’est ni nécessaire de réserver des terres agricoles ni de sacrifier des plantes comestibles pour parvenir à la production de carburant. On peut également se passer d’engrais chimiques et de pesticides pour les faire proliférer, en utilisant par exemples les nutriments des eaux usées à cette fin. »

L’algue québécoise a la cote

Les microalgues étudiées par Patrick Hallenbeck proviennent du Québec et affichent des caractéristiques particulièrement intéressantes. Certaines de celles-ci peuvent capter le CO2 atmosphérique et n’en ont besoin que d’une faible concentration pour croître : en plus de la capacité de produire du carburant, elles possèdent donc aussi des propriétés dépolluantes. De plus, contrairement à la majorité des microalgues, certaines algues québécoises peuvent se développer à partir de 10°C, ce qui constitue une économie potentielle d’énergie pour chauffer leurs bassins de culture.

«La croissance des microalgues dépend du climat dans lequel elles évoluent, explique Patrick Hallenbeck. Utiliser des algues étrangères sous le climat québécois représentait un défi, c’est pourquoi je me suis intéressé aux algues locales dans mes recherches. Elles sont également naturellement mieux équipées pour faire face aux autres organismes locaux qui peuvent se retrouver dans les bassins d’élevage à ciel ouvert.»

Plusieurs écueils scientifiques doivent toutefois être franchis avant de voir les algocarburants pointer le bout de leur nez sur le marché. «Nous ne sommes pas prêts à voir la commercialisation de l’algocarburant avant plusieurs années, conclut Patrick Hallenbeck. Il reste de nombreux défis à surpasser, comme la manière de récolter les algues et leur huile de manière économique et écologique, ou encore la manière d’assurer des taux de production élevé.»

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