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VIDÉO. "Des abeilles et des hommes": en danger, les ruches lancent un signal d'alarme au cinéma

Les abeilles tirent le signal d'alarme au cinéma
Alimentation.gouv.fr

CINÉMA - Les ruches sont en danger. C'est le constat du film de Markus Imhoof, Des abeilles et des hommes, narré par l'acteur Charles Berling qui sort ce mercredi 20 février. "Je cherche simplement à comprendre pourquoi les abeilles meurent".

Et pour le réalisateur suisse, le chemin passe par l'intimité des ruches où il a introduit sa caméra, offrant un troublant face-à-face avec des reines et des ouvrières filmées "un peu comme des hommes".

Épidémie

Il les connaît depuis l'enfance. Son grand-père, apiculteur dont les 150 ruches pollinisaient les arbres fruitiers desquels il tirait ses confitures, lui avait expliqué que les "plantes, clouées au sol, ne peuvent pas traverser la prairie pour aller enlacer d'autres plantes et avoir des enfants". Et que donc "il leur fallait un messager pour faire l'amour", raconte le réalisateur, aujourd'hui âgé de 71 ans.

Une autre façon de rappeler que le tiers de notre alimentation dépend de la pollinisation et que le processus de disparition des abeilles depuis 15 ans, qui peut aller jusqu'à 90% dans certaines régions, est des plus inquiétants.

"Cette épidémie, d'une violence et d'une ampleur phénoménale, est en train de se propager de ruche en ruche sur toute la planète. Partout, le même scénario : par milliards, les abeilles quittent leurs ruches pour ne plus y revenir. Aucun cadavre à proximité. Aucun prédateur visible."

Des images rares

Aussi, Markus Imhooh a voulu les montrer au plus près. "Même les apiculteurs n'avaient jamais vu leurs abeilles comme dans le film", commente-t-il dans un entretien à l'AFP. Des abeilles qui se passent le nectar fraîchement butiné, une trompe comme une seringue qui injecte du miel dans une alvéole.

D'autres insectes bringuebalés, prostrés, dans un camion à travers les États-Unis, mutilés par une machine à récupérer le miel, ou encore la saisissante scène d'une reine fécondée en plein vol...

Pour filmer cela, il a placé sa caméra sur de petits hélicoptères ou des ballons et pour entrer au coeur des ruches, l'a munie d'un objectif endoscopique utilisé pour les opérations chirurgicales.

Comme les abeilles bougent très vite, il a aussi fait le choix d'augmenter le nombre d'images par minute, avant de les diffuser en léger ralenti. Ainsi "elles bougent un peu comme les hommes", explique-t-il.

Empathie

"Il était important pour moi que le public puisse avoir une identification aux abeilles", dit Markus Imhooh qui pense qu'à l'origine de leur déclin, généralement attribué aux pesticides, virus ou monocultures, il y a d'abord l'instrumentalisation de la nature par l'homme. "On a l'habitude de penser qu'on doit dominer la nature et c'est à cause de ça que ça va mal."

Après les abeilles, les hommes donc: l'apiculteur suisse qui, dans un cadre idyllique, se fait gardien de la tradition, l'ouvrière chinoise qui pollinise à la main dans une région où les abeilles ont totalement disparu.

Il y a aussi l'apiculteur industriel américain pris au cœur de la logique que Markus Imhooh pourfend : des immenses champs d'amandiers de Californie aux pommiers de l'État de Washington, puis au Dakota du Nord, il transporte ses abeilles comme de dociles employées pollinisatrices qui, exposées aux pesticides et au stress, sont souvent affaiblies et malades et du coup, sont dopées à coup d'antibiotiques.

Comme le rappelle le texte qui accompagne le film, "l'Apis mellifera (l'abeille à miel), arrivée sur Terre 60 millions d'années avant l'homme, est aussi indispensable à notre économie qu'à notre survie."

"Aujourd'hui, nous avons tous de quoi être préoccupés : 80 % des espèces végétales ont besoin des abeilles pour être fécondées. Sans elles, pas de pollinisation, donc pratiquement plus de fruits, ni légumes. Il y a soixante ans, Einstein avait déjà insisté sur la relation de dépendance qui lie les butineuses à l'homme: 'Si l'abeille disparaissait du globe, l'homme n'aurait plus que quatre années à vivre'."

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