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Borsellino, fuyant jusqu'au bout

Borsellino revient sur quelques aveux
Ceic

L'entrepreneur Giuseppe Borsellino est demeuré jusqu'au bout un témoin fuyant sur la nature de ses relations d'affaires, notamment avec Jocelyn Dupuis. Par ailleurs, une fois encore, il est revenu sur certains de ses aveux, cette fois sur son financement d'Union Montréal.

Le procureur de la commission Simon Tremblay a profité de la matinée pour terminer son interrogatoire. L'exercice lui a permis de revenir sur plusieurs déclarations faites par l'entrepreneur depuis le début de son témoignage, et de lui poser d'autres questions sur ses liens d'affaires.

Le témoin a par exemple admis qu'il avait fait un voyage de pêche à Plattsburgh le 5 juin 2008 avec Yves Lortie de Genivar et Robert Marcil, à l'époque grand patron des travaux publics à la Ville de Montréal.

Plus tôt dans son témoignage, Borsellino avait dit qu'il connaissait peu Robert Marcil lorsqu'il l'a invité pour un voyage en Italie effecué en octobre 2008. Il soutenait l'avoir peut-être croisé dans des restaurants, sans plus.

Le procureur Tremblay a d'ailleurs avancé l'hypothèse que Giuseppe Borsellino a été battu à l'été 2009 parce qu'il avait « brûlé » Robert Marcil à la Ville et parce qu'il avait refusé de faire affaire avec Carboneutre pour éliminer les terres contaminées lors du contrat du prolongement de l'autoroute 25 vers Laval. Le témoin a répété qu'il ne savait pas pourquoi il a été battu.

Carboneutre était une entreprise dans laquelle étaient impliqués Domenico Arcuri, le caïd Raynald Desjardins et l'ex-directeur général de la FTQ-Construction, Jocelyn Dupuis. Ce dernier était un ami de M. Borsellino. Il était du voyage en Italie, à l'instar d'Yves Lortie, Robert Marcil et, pour deux jours, Daniel Toutant, PDG du consortium qui exploite le pont de l'autoroute 25 reliant Montréal et Laval.

Giuseppe Borsellino avait précédemment admis qu'il n'avait pas fait affaire avec Carboneutre pour les terres contaminées du projet de l'autoroute 25. Il faisait plutôt affaire avec Écolosol, dans laquelle les entrepreneurs Normand Trudel et Tony Accurso avaient des intérêts.

Borsellino a d'ailleurs admis ce matin que Tony Accurso était un « compétiteur » de son entreprise. Il a aussi soutenu que l'homme était un incontournable dans le domaine de la construction, parce qu'il est un important fournisseur de tuyaux et qu'il possède une carrière, ce qui lui donne un pouvoir de négociation avec les acheteurs.

De nouveaux extraits d'écoutes électroniques

La commission a aussi fait entendre lundi trois extraits d'écoutes électroniques entre Jocelyn Dupuis et Giuseppe Borsellino, malgré les objections de l'avocat de la FTQ, Me Laurin.

Ces extraits, enregistrés en avril et juin 2008, dans le cadre de l'opération Diligence, démontrent, selon Me Tremblay, que M. Borsellino est passé par Jocelyn Dupuis pour rencontrer, en avril 2008, Guy Gionet, le PDG de la SOLIM, le bras immobilier du Fonds de solidarité de la FTQ.

Ce dernier a été contraint de quitter son poste au printemps 2009 au terme d'une vérification interne portant sur un prêt de 3 millions consenti en 2004 à Ronald Beaulieu, décrit par la Sûreté du Québec comme un sympathisant des Hells Angels.

M. Borsellino reconnaît qu'il y a eu rencontre avec M. Gionet, mais ne sait pas de quel projet ils ont parlé et assure que cela n'a pas porté fruit.

Borsellino revient sur des aveux

En début de journée, le propriétaire de Construction Garnier a aussi affirmé qu'il n'a finalement pas donné 10 000 $ à Martin Dumont d'Union Montréal dans le cadre de la campagne contre les défusions municipales en 2004. C'est pourtant ce qu'il avait convenu, le 7 février dernier. Il soutient que le procureur Simon Tremblay avait semé la confusion dans son esprit.

Giuseppe Borsellino a plutôt affirmé qu'il avait remis deux chèques totalisant 6000 $ pour renflouer le comité organisateur des jeux aquatiques mondiaux, tenus à Montréal en 2005.

Il a aussi affirmé ne pas avoir contribué, après vérification, à Union Montréal, ce qu'il avait pourtant admis ce même 7 février. Il dit cependant qu'il a pu solliciter des sous-traitants pour qu'ils achètent des billets lors d'activités de financement du parti pour lesquelles il avait réservé une table.

M. Borsellino, qui a par ailleurs admis aujourd'hui avoir développé des liens d'amitié avec l'ex-ministre libéral et député de Saint-Laurent, Jacques Dupuis, maintient que ses rencontres avec des politiciens n'avaient pour but que de se faire connaître d'eux, sans plus.

Le propriétaire de Garnier Construction, qui a par ailleurs déjà admis qu'il y avait eu des contrats truqués à Montréal, dit ne pas avoir pour autant avoir avisé ses amis ministres libéraux, Jacques Dupuis et Tony Tomassi, de l'existence de ce problème.

L'entrepreneur a aussi été interrogé sur sa fondation Garnier Kids, et sur les dons qu'y ont faits plusieurs ministres du gouvernement Charest à même leur budget discrétionnaire. Il a souligné qu'il amassait de l'argent parce qu'il avait la capacité de le faire, et qu'il le faisait de bonne foi.

Un texte de François Messier et Bernard Leduc

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