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«Rebelle» aux Oscar: en attendant le prochain Nguyen (VIDÉO)

«Rebelle» aux Oscar: en attendant le prochain Nguyen (VIDÉO)

MONTRÉAL - «Tu dis que la préparation aux Oscar, c'est comme organiser un mariage, mais on a précisé que toi, tu ne faisais rien», lâche le producteur Pierre Even au cinéaste Kim Nguyen en riant.

«Je le sais, je suis la mariée», rétorque spontanément le réalisateur, qui s'apprête à s'envoler vers Los Angeles, où son film «Rebelle» pourrait être sacré meilleur film en langue étrangère sur l'autel du Dolby Theater.

On pourrait croire que Kim Nguyen et ses producteurs en ont déjà plein leur assiette avec le cirque entourant la promotion du long métrage, mais non. L'appétit des trois complices semble insatiable.

En plus de gérer inlassablement la campagne de mise en valeur de leur «Rebelle» depuis des semaines à Los Angeles, les producteurs Marie-Claude Poulin et Pierre Even, de la boîte Item 7, multiplient les rencontres avec les bonzes hollywoodiens dans l'espoir de vendre le prochain projet de leur poulain, «L'origine du monde».

«Le 'timing' est super bon en fait», signale le réalisateur Kim Nguyen, qui décrit cet éventuel long métrage comme un film choral «ironique» et teinté d'«humour noir» se déroulant dans trois régions du monde — le Moyen-Orient, l'Inde et l'Amérique du Nord.

«Je suis super content parce qu'on a fait lire le scénario à des collègues indiens, français et américains, et on commence à avoir quelque chose qui se rapproche de l'unanimité dans le scénario», se réjouit le cinéaste, attablé dans un restaurant de l'avenue Fairmount.

Mieux vaut battre le fer pendant qu'il est chaud. Car obtenir un tête à tête avec des joueurs importants de l'industrie à Los Angeles devient soudainement beaucoup plus aisé lorsqu'on est derrière un film qui court la chance de remporter une statuette à la cérémonie des Oscar, souligne Marie-Claude Poulin.

Ce faisant, la cote de Kim Nguyen monte bien évidemment en flèche. Ce fut, à tout le moins, le cas pour ses deux prédécesseurs, Denis Villeneuve et Philippe Falardeau, représentants du Québec aux Oscar ces deux dernières années.

«Ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'ils vont le perdre, Kim», avait d'ailleurs soufflé une autre Kim (McCraw, celle-là) en marge de l'annonce des finalistes des prix Écrans canadiens, le mois dernier. La coproductrice d'«Incendies» et «Monsieur Lazhar» est bien placée pour parler — et elle le faisait sans acrimonie —, mais reste que ses deux anciens poulains planchent actuellement sur des projets hors-Québec.

«On a une relation super saine, au sens où on accepte l'espace mutuel de projets. C'est pas une relation exclusive, et je crois que j'ai une relation à long terme avec Pierre et Marie-Claude», rigole le réalisateur en cette journée de Saint-Valentin lorsqu'on lui demande quelles sont ses ambitions à ce chapitre.

Ses producteurs abondent dans le même sens, et rappellent qu'ils n'ont pas «perdu» Jean-Marc Vallée après «C.R.A.Z.Y». Le cinéaste, plaident-ils, est rentré au bercail pour tourner «Café de flore» avec eux après avoir réalisé une grosse coproduction américano-britannique, «The Young Victoria» (2009).

«La façon dont nous on voit ça, c'est que si Kim vient nous revoir dans trois ans avec un projet de 30 millions de dollars, on va lui dire: 'Kim, on va le faire', souligne Pierre Even. Je ne dis pas qu'il va toujours travailler avec nous; il est libre comme n'importe quel créateur. Si on a une relation saine, c'est justement parce que c'est une relation de création et de confiance.»

En attendant, les trois complices ont la même philosophie en ce qui a trait au sort que réservent les membres de l'Académie à «Rebelle».

«Ça nous a été très utile jusqu'à présent. Notre philosophie, c'est d'être réalistes, mais de demander l'impossible», résume Kim Nguyen.

L'«impossible», dans ce cas, serait que le film «Amour» ne reparte pas de Los Angeles avec les grands honneurs dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère.

Encensé par la critique, récipiendaire de plusieurs prix dont la Palme d'or à Cannes, le film de Michael Haneke est en effet considéré comme le grand favori.

Selon le magazine indépendant Indiewire, qui avait d'ailleurs prédit la sélection de «Rebelle» parmi les cinq finalistes dans la course à l'Oscar, la dernière offrande du maître autrichien «devrait» gagner, et elle «gagnera». L'oeuvre de Kim Nguyen, elle, «pourrait» l'emporter, d'après la publication.

«Déjà, ça veut dire qu'on a une chance! On se dit si quelqu'un vote pour 'Amour' dans la catégorie du meilleur film, il va voter pour nous comme meilleur film étranger...», lance M. Even, qui se dit en mode «suranalyse».

«L'autre analyse, intervient sa collègue, c'est que la plupart des membres votants de l'Académie sont très vieux. La moyenne d'âge est d'environ 77 ans, et ce sont des hommes pour la plupart. On se dit que peut-être, eux, ils vont trouver ça trop difficile, trop proche de la réalité, le film 'Amour'.»

Contrairement à «Amour», le film de Kim Nguyen n'est pas encore sorti aux États-Unis. Il doit prendre l'affiche le 1er mars, soit une semaine après la cérémonie des Oscar.

«Le rôle de nos 'publicistes', c'est d'amener les journalistes et les blogueurs à voir et à parler du film, pour augmenter sa notoriété», ajoute Pierre Even, qui estime à 200 000 $ le coût de l'opération charme.

On verra le 24 février si l'Académie a été séduite. Ce soir-là, Kim Nguyen foulera le tapis rouge du Dolby Theater en compagnie de son épouse, de ses deux producteurs et, si tout se passe comme prévu, de la jeune actrice congolaise Rachel Mwanza.

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<i>Rebelle</i>, de Kim Nguyen

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