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Benoît XVI, le pape théologien confronté aux scandales de l'Eglise (VIDÉOS)

Benoît XVI, le pape théologien

DÉMISSION DU PAPE - En annonçant sa démission surprise ce lundi 11 février pour des raisons de santé, Benoît XVI restera quoi qu'il arrive dans les annales de l'Eglise catholique comme l'un des rares souverains pontifes à avoir abdiqué de ses fonctions. Mais passée l'émotion provoquée par ce "coup de tonnerre dans un ciel serein", que restera-t-il des huit années de règne de Joseph Alois Ratzinger, successeur d'un Jean-Paul II au sommet de sa gloire et confronté à une avalanche de polémiques et de scandales?

Très respecté dans les cercles catholiques, même s'il ne retrouvera jamais la ferveur de son prédécesseur, cet éminent professeur de théologie allemand est élu presque sans surprise à la tête du Saint-Siège le 19 avril 2005 à 78 ans après avoir régné près d'un quart de siècle sur la Congrégation pour la doctrine de la foi. En raison de son âge avancé, l'homme apparaît comme un pape de transition, d'autant qu'il connait parfaitement les arcanes du Vatican.

Mais dès son élection, son passé sous l'Allemagne nazie et son enrôlement (de force) dans les Jeunesses hitlériennes sèment le trouble. Un procès injuste. Né le 16 avril 1927 dans une famille modeste de la très catholique Bavière à Marktl-am-Inn, Joseph Ratzinger, entre en 1939 au petit séminaire quand intervient un décret imposant l'enrôlement dans les Jeunesses hitlériennes. Le pape, qui a dénoncé l'"inhumanité" du régime nazi, a souligné que cet engagement avait eu lieu contre son gré.

Revoyez son portrait au moment de son élection à la tête du Saint-Siège.

Une ligne conservatrice assumée

Gardien d'une tradition millénaire, Benoît XVI assumera tout au long de ses huit années à la tête du Vatican une ligne conservatrice, notamment sur les grandes questions de société qui agitent le monde contemporain. Dans des centaines d'homélies et de discours, il développe le contenu de la foi et appelle le clergé lui-même à la conversion et au retour à l'essentiel du message de Jésus.

S'il refuse toute évolution de l'Eglise sur les questions de moeurs (avortement, euthanasie, famille, homosexualité), il sera le premier à admettre l'utilisation du préservatif, dans des cas très limités, pour éviter la contamination du sida. Un pas que Jean-Paul II ne s'était jamais résolu à franchir.

Reste que la demande croissante d'une reconnaissance sociétale des droits des couples homosexuels se heurte à un refus catégorique de l'Eglise. "En tant qu'êtres humains (les homosexuels) méritent le respect (..) ils ne doivent pas être rejetés à cause de cela. Le respect de l'être humain est tout à fait fondamental et décisif [...] Mais cela ne signifie pas que l'homosexualité soit juste pour autant. Elle reste quelque chose qui s'oppose à l'essence même de ce que Dieu a voulu à l'origine", écrira-t-il dans son livre-entretien "Lumière du Monde", jugeant "incompatible" homosexualité et prêtrise. Des déclarations qui heurtent les communautés homosexuelles en Europe.

Un règne frappé par le scandale de la pédophilie

Benoît XVI, dont la santé est fragile, aura surtout dû consacrer une importante part de son énergie à mettre fin à la crise la plus profonde de l'Eglise contemporaine: celle des révélations en cascade, dans plusieurs pays d'Europe et d'Amérique du Nord, d'abus sexuels commis sur des enfants par des membres du clergé, scandales aggravés par l'"omerta" de la hiérarchie.

Condamnant durement ces "péchés" et ordonnant la tolérance zéro, Benoît XVI demandera explicitement "pardon" aux victimes en juin 2010.

Mais l'affaire est tellement grave qu'une plainte sera déposée en 2011 devant la Cour pénale internationale (CPI) contre Benoît XVI et trois cardinaux par deux organisations américaines de défense de victimes de prêtres pédophiles.

Autre polémique qui secoue le Vatican, en 2012, il est confronté à un scandale de fuites de documents confidentiels, qui verra l'arrestation de son propre majordome, Paolo Gabriele: un symptôme des mécontentements et des divisions dans la Curie.

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9 février 2013

Le pape Benoît XVI, de 2005 à 2013

Un rapport ambiguë avec les religions

Oeuvrant à la réconciliation de la famille catholique, Benoît XVI a entretenu des relations partagées, pour ne pas dire contradictoire avec la foi. S'il a appelé les Européens à ne pas rejeter leurs "racines chrétiennes", travaillé à la "nouvelle évangélisation" en appelant les catholiques "à la lutte", ce souverain pontife a aussi exprimé son respect aux non croyants et multiplié les gestes de respect envers les musulmans et surtout les juifs.

Son voyage en Israël est l'occasion de dénoncer vigoureusement l'antisémitisme et le négationnisme. "Que ces souffrances ne soient jamais niées, discréditées ou oubliées. Puissent les gens de bonne volonté rester vigilants", plaide-t-il dès son arrivée à l'aéroport de Tel-Aviv.

Mais Benoît XVI envoie également des signaux aux franges les plus radicales de la famille catholique. Et il aura tout fait pour ramener les chrétiens intégristes dans le giron de l'Eglise. En janvier 2009, sa décision de lever l'excommunication de quatre évêques intégristes dont l'un, le Britannique Richard Williamson, était un négationniste, soulève un tollé. Et il n'hésite pas à multiplier les appels du pied aux prêtres de la Fraternité Saint Pie X, héritiers de Monseigneur Lefebvre en rupture avec Rome.

Benoît XVI et les intégristes

Ses relations avec l'Islam n'ont d'ailleurs pas toujours été apaisées. En septembre 2006, à Ratisbonne (Allemagne), Benoît XVI affirme que la pensée chrétienne fait plus de place à la "raison" que l’Islam, établissant un lien entre religion musulmane et violence. Tollé général dans le monde musulman où éclatent des manifestations parfois violentes.

Reconnaissant un "malentendu", Benoît XVI se recueillera à Istanbul au côté d'un imam musulman en direction de La Mecque.

Polémique, apaisement. Une séquence saluée mais révélatrice des tâtonnements d'un pape, longtemps écartelé entre son refus de rompre avec la tradition catholique et son aspiration à ancrer l'Eglise dans son époque.

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