Plus de 3.000 manifestants scandaient samedi 9 février des slogans pro-islamistes et anti-français dans le centre de Tunis lors d'un rassemblement à l'appel du parti islamiste au pouvoir Ennahda alors que la Tunisie est plongée dans l'incertitude depuis l'assassinat d'un opposant.
"France dégage" et "Le peuple veut protéger la légitimité" du pouvoir en place, criaient ces militants qui défilent sur l'avenue Habib Bourguiba, axe névralgique du centre de la capitale où se trouve aussi l'ambassade de France. Ils brandissaient de nombreuses pancartes en français: "France ça suffit! La Tunisie ne sera plus jamais une terre de colonisation", selon des journalistes de l'AFP.
Des militants salafistes se trouvaient dans la foule, brandissant leurs bannières noires et des slogans appelant à l'unité des différents courants islamistes. La manifestation à l'appel des jeunesses d'Ennahda a débuté un peu avant 14h avec pour mots d'ordre du rassemblement "la défense de la légitimité de l'Assemblée nationale constituante" (ANC) et la lutte "contre la violence" politique et "l'ingérence française".
La référence à l'ANC vise clairement le Premier ministre Hamadi Jebali, pourtant numéro 2 d'Ennahda, qui a répété vendredi se tenir à sa "décision de former un gouvernement de technocrates", si besoin sans "l'aval de l'Assemblée nationale constituante".
La manifestation vise aussi à condamner "l'ingérence française", à la suite de propos du ministre français de l'Intérieur, Manuel Valls, qui a dénoncé cette semaine un "fascisme islamiste" après l'assassinat mercredi de l'opposant Chokri Belaïd dont les proches accusent Ennahda.
Le Premier ministre pourrait démissionner
Par ailleurs, le Premier ministre tunisien, Hamadi Jebali, en conflit avec son parti islamiste, a déclaré être prêt à démissionner s'il échouait à former un gouvernement de technocrates avant le milieu de la semaine prochaine.
"Je présenterai l'équipe au plus tard au milieu de la semaine prochaine. Si elle est acceptée (...) je continuerai à assumer mes fonctions de chef du gouvernement, à défaut, je demanderai au président de la république de chercher un autre candidat pour composer un nouveau gouvernement", a-t-il dit, à l'antenne de Shems-FM et à l'agence officielle TAP.
C'est le première fois que Hamadi Jebali, numéro 2 du parti islamiste au pouvoir Ennahda, évoque sa démission. Il est entré ainsi en conflit ouvert avec la direction de son mouvement en annonçant vouloir former un gouvernement apolitique.
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