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Des examens d'antécédents sont réalisés au CSARS depuis le départ d'Arthur Porter

Des examens d'antécédents sont réalisés au CSARS depuis le départ d'Arthur Porter
PC

OTTAWA - Le gouvernement Harper a discrètement resserré le filtrage de sécurité pour les nominations à l'agence fédérale qui surveille les services de renseignement canadiens, après que son président Arthur Porter — aussi ex-directeur du Centre universitaire de santé McGill — eut démissionné en raison de relations d'affaires controversées, a appris La Presse Canadienne.

Les personnes nommées au Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité (CSARS) font désormais l'objet d'une enquête de sécurité de niveau «ultrasecret» — un mécanisme rigoureux qui n'était pas en place lorsque M. Porter a joint le comité en 2008, puis lorsqu'il en a assuré la présidence en 2010.

La politique de sécurité du gouvernement prévoit trois niveaux d'attestation de sécurité: confidentiel, secret et ultrasecret. Selon le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), les attestations ultrasecrètes exigent une enquête en profondeur, ce qui implique de vérifier les dossiers des services de renseignement, d'interroger des amis, des voisins et des employeurs, de consulter la police locale, et parfois même d'interroger le candidat.

Avant la démission du docteur Porter en novembre 2011, les candidats potentiels n'étaient soumis qu'à une vérification limitée de leurs antécédents — même si les membres du comité d'examen ont accès aux dossiers les plus secrets du SCRS.

Le cabinet du premier ministre a exigé qu'on resserre les critères de sélection à la suite du départ soudain de M. Porter, a déclaré à La Presse Canadienne Adam Green, porte-parole du comité chargé de scruter les activités du SCRS.

L'ancien ministre conservateur Chuck Strahl, qui a succédé à M. Porter à la présidence du comité, a été la première personne nommée à faire l'objet d'une enquête de niveau «ultrasecret», en conformité avec les nouvelles procédures, a ajouté M. Green.

Les deux autres membres du comité ont été nommés avant que les nouvelles procédures n'entrent en vigueur.

Les conservateurs avaient nommé M. Porter il y a cinq ans au comité d'examen, dont la mission est de garder un oeil sur le SCRS et d'examiner les plaintes relatives au service d'espionnage. Moins de deux ans après sa nomination, il a été promu à la tête du comité.

M. Porter, originaire du Sierra Leone, a quitté le comité d'examen à la suite de révélations du quotidien National Post selon lesquelles il aurait conclu un accord — qui a finalement avorté — avec l'intermédiaire Ari Ben-Menashe à propos d'une aide au développement russe de 120 millions $. S'il s'était concrétisé, l'accord aurait permis à African Infrastructure Group, une société détenue par M. Porter et sa famille, de mener des projets d'infrastructures dans son pays natal.

M. Ben-Menashe est un personnage controversé qui a admis être lié au service d'espionnage israélien. Sa firme de consultations de Montréal a aussi réalisé des travaux pour le compte du leader zimbabwéen Robert Mugabe.

Le Nouveau parti démocratique (NPD) somme aujourd'hui le gouvernement conservateur d'admettre que la nomination d'Arthur Porter à la tête du CSARS était une erreur.

Au cours de la période des questions aux Communes, jeudi, le porte-parole du NPD en matière d'éthique, Alexandre Boulerice, a exhorté le gouvernement à reconnaître qu'il n'aurait pas dû nommer M. Porter à un tel poste clé.

Le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, a rétorqué que le NPD et les libéraux avaient été consultés avant la nomination de M. Porter — comme le veut la coutume pour les candidats du comité d'examen — et qu'ils n'avaient formulé aucune objection.

Après sa démission du comité d'examen du SCRS, M. Porter a indiqué être «fier d'être Canadien et être un homme pour qui l'intégrité, l'honneur et le respect auront toujours une grande importance».

Peu de temps après, il a quitté son poste de directeur administratif du Centre universitaire de santé McGill, à Montréal. Le CUSM le poursuit actuellement pour plus de 300 000 $, soit le solde impayé d'un prêt et des salaires versés en trop. M. Porter dirige maintenant une clinique privée de cancérologie dans les Bahamas.

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