Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Québec impose un moratoire total sur les gaz de schiste en attendant l'évaluation du BAPE

Québec met les gaz de schiste en mode pause
AP

QUÉBEC - L'exploration et l'exploitation du gaz de schiste feront l'objet d'une consultation environnementale élargie l'an prochain, a annoncé mercredi le ministre de l'Environnement, Yves-François Blanchet.

M. Blanchet a affirmé que le Bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE) aura pour mandat d'entendre les avis au sujet de cette filière.

Le gouvernement minoritaire péquiste déposera aussi un projet de loi pour officialiser un moratoire sur les activités d'exploration et d'exploitation du gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent. Cette interdiction s'étendrait jusqu'à l'adoption d'une législation qui encadrera cette industrie.

«Il y avait un ensemble de restrictions réglementaires qui rendaient l'exploration ou l'exploitation encore davantage complexe, a dit M. Blanchet. Nous transformons cet assortiment de contraintes en une décision à caractère législatif.»

Sur son fil Twitter, M. Blanchet a écrit au début de janvier que «rien ne milite présentement pour le gaz de shale, pas même l’économie».

Les activités pétrolières ne sont pas visées par le moratoire, même si les gisements de schiste recourent à la même procédure de fracturation hydraulique que pour le gaz, comme sur l'île d'Anticosti.

Le mandat du comité chargé actuellement de l'Étude environnementale stratégique (ÉES) sur le gaz de schiste, formé par le précédent gouvernement libéral, sera modifié.

Les 78 études colligées par l'organisme seront transmises au BAPE, qui les utilisera pour ses consultations. Le comité de l'ÉES n'aura pas de rapport à produire, a expliqué M. Blanchet.

L'automne dernier, la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, avait exprimé des craintes concernant les risques de conflits d'intérêts au sein du comité actuellement chargé de l'ÉES, puisque des représentants de l'industrie gazière en font partie.

Lors d'un point de presse, M. Blanchet a insisté sur la crédibilité du BAPE pour mener à bien l'évaluation des risques environnementaux liés à cette filière.

«Notre gouvernement fait confiance à l'institution qu'est le BAPE, a-t-il dit. Il fallait aller vers une consultation plus large qui allait s'alimenter à même les études qui avaient été faites.»

Même si M. Blanchet a affirmé que cette décision ne traduisait pas une opinion sur la composition du comité de l'ÉES, le ministre a cependant précisé qu'il partageait l'opinion de Mme Ouellet.

«Mme Ouellet a émis une opinion qu'à bien des égards je partage, a-t-il dit. Mais, comme gouvernement, notre responsabilité est de faire en sorte que l'évaluation, et la consultation, et le traitement des études se fassent de façon objective et scientifique, et ce sera le mandat du BAPE.»

Les études de l'ÉES seront complétées d'ici la fin de l'année et le BAPE prendra ensuite le relais pour des consultations de quatre à huit mois. Au terme de ces opérations, un rapport sera remis au gouvernement et, selon ses recommandations, un processus législatif pourrait s'amorcer pour encadrer l'industrie du gaz de schiste.

Au cabinet du chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, l'attaché de presse Jean-François Del Torchio a affirmé que le groupe parlementaire, qui compte 19 députés, était favorable à l'idée d'un moratoire, en raison des risques liés aux technologies utilisées pour extraire le gaz.

«On a toujours dit qu'on était en faveur d'un moratoire. Tant que la technologie ne sera pas là, il ne devrait pas y avoir d'exploitation du tout», a-t-il dit, sans présumer de la position qu'adoptera le caucus une fois déposé le projet de loi du gouvernement.

Le directeur général de Nature Québec, Christian Simard, a salué la décision du gouvernement. Mais M. Simard croit que le pétrole de schiste aurait dû être traité comme le gaz de schiste, notamment pour le moratoire. Il souhaite que le mandat du BAPE inclue le pétrole, à plus forte raison que le comité de l'ÉES produira des études à ce sujet.

«Je ne vois pas comment on peut séparer ça, ce débat-là, a-t-il dit. Je pense qu'il n'est pas trop tard pour le faire mais on aurait dû intégrer ça dans le mandat du BAPE.»

INOLTRE SU HUFFPOST

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.