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Un permis de travail pour les danseuses nues?

Un permis de travail pour les danseuses nues?
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Le président de la Corporation des propriétaires de bars, brasseries et tavernes du Québec (CPBBTQ) veut convaincre le gouvernement Marois de créer un permis de travail pour les danseuses et danseurs nus de la province. Il espère ainsi combattre l'exploitation des mineurs dans ce milieu, en plus de contrer l'évasion fiscale.

Renaud Poulin a renouvelé son inscription au Registre des lobbyistes du Québec en décembre dernier afin de rencontrer le ministre de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron.

Le Registre des lobbyistes du Québec stipule que le mandat de Renaud Poulin vise la création d'un permis de travail pour «les danseurs et danseuses nus afin d'éviter l'exploitation de mineurs par le crime organisé et garantir à cette catégorie de travailleur de meilleures conditions et avantages (programmes sociaux tels l'Assurance-emploi, CSST, Normes du travail, etc.)».

Renaud Poulin convient que le permis ne serait pas une panacée. «Ça ne réglerait pas 100% des problèmes liés au travail des mineurs; les gens malhonnêtes resteront malhonnêtes. Ce serait un outil de plus pour éviter que des filles deviennent danseuses nues à 14-15 ans, comme on l'a vu dans le passé.»

Évasion fiscale

Le président de la CPBBTQ estime que le permis de travail permettrait également de lutter contre l'évasion fiscale dans les bars d'effeuilleuses. «La plupart des travailleurs dans ce domaine ne déclarent pas leurs revenus», selon lui.

La majorité des danseuses nues sont des travailleuses autonomes et non pas des employées des bars où elles se produisent. «Un certain nombre d'entre-elles retirent également un chèque de bien-être social», en plus de leurs revenus de danseuses, explique Renaud Poulin.

«Ailleurs au pays, la plupart des provinces exigent un permis de travail pour les danseuses nues, poursuit-il. Les permis sont délivrés soit par la province, soit par les villes où se situe le bar.»

Évidemment, l'initiative de Renaud Poulin ne fait pas l'unanimité parmi les propriétaires de bars de danseuses nues. «C'est un secteur très délicat... même dangereux», souligne-t-il. En plus des propriétaires récalcitrants, Renaud Poulin affirme que le permis de travail pourrait attirer les foudres «des gens qui gèrent ces filles-là», en référence au milieu criminalisé.

Pas d'appui du gouvernement Charest

Renaud Poulin croit que son initiative sera bien reçue par le gouvernement Marois. «Le Parti québécois a dit en campagne électorale qu'il souhaite lutter contre l'évasion fiscale. Le permis de travail pour les danseurs et danseuses nus est un des moyens d'y arriver», dit Renaud Poulin.

D'ailleurs, le président de la CPBBTQ aimerait que le gouvernement québécois réglemente également les tournois de poker dans les bars. Selon lui, de nombreux propriétaires ne déclarent pas les revenus de l'inscription à ces tournois qui gagnent en popularité dans les bars de la province.

Le ministre de la Sécurité publique Stéphane Bergeron a accepté de tenir une première rencontre avec le président de la CPBBTQ le 23 novembre dernier, mais celui-ci n'était pas disponible à la date retenue par le ministre.

Ce n'est pas la première fois que Renaud Poulin milite pour la création d'un permis de travail pour les effeuilleuses de la province. Le président de la CPBBTQ s'est inscrit au Registre des lobbyistes du Québec pour la première fois en 2008 afin de faire avancer le dossier. Toutefois, il affirme que le gouvernement de Jean Charest n'a démontré aucun intérêt pour le dossier. «Ils ne voulaient pas toucher à ça», dit Renaud Poulin, qui dit avoir rencontré l'ex-ministre de la Sécurité publique Jacques Dupuis à plusieurs reprises à ce sujet.

Secteur à risque

Pour le moment, Revenu Québec ne détient aucune donnée sur l'évasion fiscale dans le milieu des danseuses et danseurs nus. Dans une réponse à nos questions acheminée par courriel, le porte-parole de Revenu Québec Stéphane Dion affirme que les bars d'effeuilleuses s'inscrivent dans la catégorie «restauration, bars et hôtellerie», considérée à risque dans son ensemble. Il rappelle que Revenu Québec a récupéré 238,5 millions$ dans ce secteur cours de l'exercice 2011-2012.

À la Régie des alcools, des courses et des jeux, on explique que l'organisme se limite à délivrer une autorisation aux propriétaires pour les danses avec nudité.

Il a été impossible de rejoindre le bureau du ministre Bergeron pour commenter le dossier.

Par ailleurs, Renaud Poulin a sollicité un second mandat de lobbyiste auprès du gouvernement du Québec. Le président de la CPBBTQ souhaite que la Régie des alcools des courses et des jeux modifie la règle du nombre d'employés par appareil de jeux vidéo afin de passer d’un employé par dix appareils à un sur vingt.

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