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Sondage: ce que pensent les Québécois de la politique municipale

Sondage: ce que pensent les Québécois de la politique municipale
Radio-Canada

En prévision des élections municipales de novembre 2013 au Québec, Radio-Canada a réalisé, en collaboration avec la firme CROP, un sondage qui fait ressortir un rapport ambivalent des répondants vis-à-vis de la politique municipale, mais aussi de grandes disparités entre Montréal et Québec.

C'est bien connu, les élections municipales ne sont pas le rendez-vous électoral qui attire les grandes foules au Québec. Le taux de participation aux scrutins de 2005 et 2009 a été respectivement de 45 % et 46 %.

Pourtant, dans notre sondage, 60 % des répondants disent voter toujours aux élections municipales. Mais l'enthousiasme des intentions ne reflète pas souvent la réalité, rappelle Sylvain Gauthier, vice-président de CROP. Il dit remarquer ce phénomène à différents rendez-vous électoraux.

Ceux qui boudent les urnes expliquent dans une proportion de 39 % qu'ils n'ont tout simplement aucun intérêt pour la politique municipale. Ils sont par contre 14 % à motiver leur abstention par l'absence de confiance à l'égard des politiciens et autant (14 %) à penser que leur vote ne changera rien.

En dépit de ce désintérêt manifeste, 80 % des répondants à notre sondage ont exprimé leur intention de voter aux prochaines élections municipales. Chez les personnes ayant 55 ans et plus, ce taux s'élève à 92 %.

Qu'est-ce qui pourrait donc renverser la situation en faveur d'une forte participation aux municipales de novembre 2013? Est-ce la volonté de changement après les révélations faites à la commission Charbonneau sur la corruption et la collusion dans le milieu municipal?

En tout cas, à la question de savoir si la commission Charbonneau est susceptible d'améliorer les pratiques au sein des administrations municipales, seulement 54 % des personnes interrogées ont répondu oui, contre 46 % qui ont dit non.

Fait à noter : les hommes (62 %) sont plus confiants quant aux effets de la commission, contrairement aux femmes, plus sceptiques (47 %). On peut relever également que les répondants ayant plus de 55 ans s'attendent à 61 % à des changements à l'issue des travaux de la commission Charbonneau.

Les allégations de corruption ayant éclaboussé de grandes villes québécoises, la destitution des maires a déjà été maintes fois évoquée, mais rien dans la législation actuelle ne la prévoit. Québec songe d'ailleurs à y remédier.

Parmi les personnes ayant participé à notre sondage, 76 % sont « en accord » ou « plutôt en accord » avec la mise en place d'un mécanisme de destitution d'un maire, par exemple après la signature d'une pétition par 20 % de la population.

Montréal fait bande à part

Notre sondage révèle par ailleurs des disparités significatives entre Montréal et le reste de la province. Le contraste est plus frappant en comparant la métropole avec Québec et cela ressort surtout dans la question en lien avec la confiance accordée aux maires et aux conseillers municipaux.

Si au niveau provincial 63 % des répondants ont dit faire « très confiance » ou « assez confiance » à leurs élus municipaux, une analyse des réponses révèle des écarts régionaux notables : 41 % des Montréalais font confiance à leur maire et aux élus, alors que ce taux est plus que doublé dans la région de Québec (86 %). Inversement, 59 % des répondants à Montréal affirment avoir « peu » ou « pas du tout confiance » envers leurs élus, contre seulement 14 % dans la région de Québec.

Sylvain Gauthier, vice-président de CROP, souligne qu'il ne constate jamais « des écarts aussi considérables » dans ses sondages.

Il attribue d'ailleurs les résultats obtenus à Québec à la « popularité du maire Labeaume ». En revanche, les mauvaises notes obtenues par Montréal s'expliquent, selon M. Gauthier, par les révélations et les allégations de corruption qui ont visé l'ex-administration Trembaly.

L'opinion des répondants « s'est forgée depuis longtemps », dit-il, ajoutant que « M. Applebaum [le nouveau maire de Montréal ], on ne peut pas le mettre sur le banc des accusés pour l'instant ».

Quand il s'agit de connaître le degré de satisfaction des Québécois quant à la gestion de leur ville, 69 % des répondants sont d'avis que leur cité est bien administrée, contre 31 % qui ont une opinion contraire.

Là aussi, Montréal se distingue du reste de la province : 39 % des Montréalais interrogés sont « tout à fait » ou « plutôt en accord » pour dire que leur ville est bien gérée, contre 85 % à Québec. Palpable dans la métropole, l'insatisfaction affiche le score de 61 %, alors que seulement 15 % des répondants de la région de la Capitale-Nationale ont quelque chose à reprocher à la gestion de leur ville.

L'effet Labeaume et les malversations rapportées à Montréal expliqueraient ces disparités, soutient Sylvain Gauthier, qui rappelle certains scandales montréalais, dont celui des compteurs d'eau.

Il fait remarquer aussi que la perception de mauvaise gestion ne s'étend pas à d'autres régions, en dépit des relents de corruption qui s'échappent depuis plusieurs mois de l'hôtel de ville de Montréal.

M. Gauthier constate que, curieusement, des villes de la Rive-Nord, dont certaines ont été touchées par les révélations de corruption (Laval, Mascouche), ne subissent pas le même sort que Montréal. La perception qui se dégage du sondage tend en effet à accorder une bonne cote de confiance à leur gestion et à leurs élus.

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