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L'Épiphanie : Benoit Robert s'estime chanceux d'être sorti vivant de la carrière

Entrevue avec Benoit Robert, qui a survécu au glissement de terrain
Agence QMI

Ébranlé par le glissement de terrain qui a failli lui coûter la vie, l'opérateur de la pelle mécanique qui a survécu à l'accident, Benoit Robert, s'estime chanceux d'être toujours en vie. « C'est dur ce que j'ai vécu, mais je suis encore là, a déclaré M. Robert. Eux autres [les deux disparus], je ne sais pas s'ils seront là dans le futur. »

Pendant que les recherches se poursuivent dans la carrière Maskimo de L'Épiphanie pour retrouver les deux travailleurs disparus, M. Robert a témoigné son soutien à leurs familles avant de raconter une dernière fois le fil des événements qu'il a vécus, mardi.

« Je veux partager avec toute la famille [des disparus]. Je suis avec eux, tout mon cœur est avec eux. » -- Benoît Robert

La voie nouée par l'émotion, M. Robert a raconté une dernière fois le déroulement des événements. Installé à bord de sa pelle mécanique, M. Robert s'apprêtait à remplir le camion conduit par la travailleuse qu'il ne connaissait pas.

« J'ai cru avoir des troubles de vision parce que je voyais le sol comme instable », explique M. Robert. « La fille a crié : "On glisse, on va mourir!" ». C'est à ce moment qu'il constate qu'il glisse lui aussi vers la carrière. Après une descente d'une dizaine de mètres, il aurait pu sauter de son véhicule, mais il aperçoit un glissement de terrain qui l'aurait tué sur le coup. Il décide donc de rester dans la pelle mécanique et de tenter de la manœuvrer afin de la faire glisser de manière à éviter l'ensevelissement.

La pelle mécanique glisse ainsi sur environ 50 mètres. C'est à ce moment qu'il décide de sauter de son véhicule pour descendre un autre 50 mètres à pied avant d'atteindre un plateau enneigé. Une fois le sol stabilisé, il se précipite vers le camion.

« J'ai demandé que s'il y avait quelqu'un dans le camion de faire un son ou de cogner. Mais je n'ai rien entendu. Absolument rien. » --

M. Robert a remercié les secouristes de la Sûreté du Québec (SQ), qui l'ont secouru, ses copains de travail, qui l'ont encouragé au cours de l'opération de sauvetage, et les ambulanciers qui lui ont prodigué de bons conseils.

Il estime que les entreprises ne peuvent être blâmées pour le glissement de terrain survenu dans la carrière.

Recherches difficiles

Les recherches pour retrouver les deux travailleurs emportés par le glissement de terrain ont repris mercredi matin. La responsabilité de l'opération a été transférée à la municipalité Paroisse de L'Épiphanie et au service des incendies.

Des secouristes de la SQ ont amorcé des recherches « en haut de la carrière, là même où s'est produit le glissement de terrain », a expliqué le porte-parole du Service des incendies de Repentigny, Bruno Marier. Ils sont assistés d'un maître-chien, et l'hélicoptère de la SQ demeure à leur disposition. « Il y a peut-être une possibilité [pour] que les deux personnes manquantes aient eu le temps de s'extirper de leur véhicule au moment de leur glissement de terrain, explique M. Marier. Ils pourraient se trouver sur la paroi et non dans le fond de la carrière. »

Pendant que les secouristes s'affairent à trouver les deux personnes disparues, des experts - ingénieurs, géologues, pompiers, des gens de la CSST et de la sécurité civile - se sont réunis afin d'évaluer la stabilité du sol. Ils ont statué qu'une grue pouvait être amenée aux abords du trou afin de descendre de l'équipement dans le fond de la carrière de façon sécuritaire. Une pelle sera notamment descendue pour être fixée à la rétrocaveuse qui se trouve dans le fond de la carrière. Un opérateur s'y trouve déjà et il pourra entreprendre l'enlèvement de la boue dès la réception de la pièce en question.

Les secouristes tenteront également de descendre une deuxième pelle mécanique dans la carrière afin d'accélérer les travaux.

Les secouristes ont constaté, mardi, que la cabine d'un des deux camions était vide ce qui laisse croire que l'opérateur a réussi à sortir du véhicule avant que celui-ci ne bascule dans le vide. Quant à l'autre camion, il est toujours enseveli.

Questionné sur les chances de survie des deux travailleurs, M. Marier n'a écarté aucune possibilité. « Nous gardons toujours espoir, il n'y a rien d'impossible », a-t-il déclaré.

Le propriétaire d'Allard G Excavation Inc, Georges Allard, a dit espérer de bonnes nouvelles de ses deux employés qui manquent toujours à l'appel. Il s'agit d'un homme et d'une femme dans la quarantaine, dont un opérateur qui travaille à la compagnie depuis 16 ans. L'entreprise Allard G Excavation Inc fait des travaux de sous-traitance sur le site de la mine.

En fin d'avant-midi mardi, deux camions et une excavatrice ont été emportés dans le glissement de terrain, se retrouvant coincés sous la terre et la roche.

Six secouristes sont descendus dans la carrière, à 90 mètres de profondeur. Deux hélicoptères ont été utilisés, dont un qui effectuait des relevés pour les géologues qui analysaient l'état des lieux.

L'opération a permis de sauver l'un des travailleurs. Il a réussi à sortir de sa pelle excavatrice et a été secouru par un hélicoptère de la SQ. Il a subi une engelure et un choc nerveux, mais il est hors de danger.

Les recherches ont été suspendues en début de soirée, le temps d'installer de l'éclairage, puisque la caméra thermique utilisée par la SQ n'avait pu aider à localiser les travailleurs manquant sous les éboulis.

La cause du glissement toujours inconnue

Tout en demeurant prudente quant aux causes de l'accident, la sécurité civile avance l'hypothèse que des montagnes de terre auraient pu liquéfier un sol fait d'argile, provoquant le glissement de terrain. Les propriétaires des lieux refusent quant à eux de se pencher sur la question pour le moment.

« Nous ne nous sommes pas arrêtés aux causes de l'événement, car vous comprendrez que notre priorité aujourd'hui [mardi] était portée sur les interventions d'urgence, la poursuite des recherches et surtout le soutien à nos employés et à leurs proches », a indiqué la directrice des ressources humaines de Maskimo, Yuane Desfossés.

De son côté, le maire de la paroisse de L'Épiphanie, Denis Lévesque, n'arrive pas à s'expliquer cet « accident », qui a eu lieu dans une partie « très rocailleuse ».

Ce n'est toutefois pas la première fois qu'un événement du genre se produit dans cette localité. En 2011, deux rétrocaveuses et un camion avaient été ensevelis par un glissement de terrain en bordure de route 341 à L'Épiphanie.

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