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Chen Guangbiao, un millionnaire chinois, vend de l'air en canettes pour combattre la pollution

En Chine, de l'air en canette pour lutter contre le smog

ÉCOLOGIE - Sous le smog, Pékin suffoque. Depuis plusieurs semaines maintenant, la Chine et sa capitale s'étranglent sous un épais brouillard de particules nocives. Il est même devenu quasi-impossible de distinguer le portrait de Mao Zedong au travers de l'imposante nuée brunâtre qui s'abat sur la place Tian'anmen où les badauds foulent désormais le bitume flanqués de masques de protection.

Aussi les autorités chinoises ont-elles conseillé ce mercredi 30 janvier aux 20 millions d'habitants de la mégalopole de ne pas quitter leur domicile dans la mesure du possible. Une recommandation radicale loin d'être inédite. En janvier déjà, la ville avait connu un épisode de pollution sans précédent. Au point que dès sa prise de fonction ce lundi, les observateurs ont placé le mandat du nouveau maire de Pékin, Wang Anshun, sous le signe du défi environnemental.

Alors pour sensibiliser ses concitoyens aux conséquences sanitaires de la forte pollution atmosphérique qui sévit dans la capitale, un milliardaire chinois a pris une initiative qui ne manque pas d'air. Il a décidé de vendre du vent. Ou, plus précisément, de l'air en canette.

5 Yuans le bol d'air pur

Depuis septembre dernier, Chen Guangbiao, un philanthrope considéré comme l'une des plus grandes fortunes de l'Empire du Milieu, commercialise ses drôles de canettes à air pur. Moyennant un peu moins de 5 Yuan, environ 60 centimes d'euros, les Chinois peuvent donc regoûter, ou découvrir pour certains, le plaisir de humer de l'air épuré des particules toxiques qu'ils respirent au quotidien.

Directement prélevé dans la province du Yunnan, il est distribué dans des canettes semblables à celles utilisées pour des boissons gazeuses et se décline en différentes saveurs aux noms aussi aguicheurs que "Vierge Tibet" ou "Taiwan post-industriel".

Pour Chen Guangbiao, cette initiative dessine quasiment les contours d'une mission de santé publique. "Face aux pics de pollution réguliers et aux gaz de pots d'échappement des voitures, pouvoir respirer de l'air frais librement est un réel avantage pour la santé et la longévité de chacun", a-t-il expliqué à Sina News l'an dernier. S'il n'a récolté que 800 dollars de recettes le jour du lancement de ses canettes à oxygène, Chen pense maintenant pouvoir dégager de cette activité une centaine de millions de yuan de recettes annuelles.

Un habitué des happening

Mais l'essentiel est ailleurs pour l'entrepreneur, dont la fortune personnelle est estimée à plus de 700 millions de dollars. Plus qu'une source substantielle de revenus, il s'agit avant tout d'attirer l'attention du plus grand nombre sur les niveaux critiques qu'atteints de plus en plus régulièrement la pollution atmosphérique pékinoise.

Le multi-millionnaire n'en est d'ailleurs pas à son coup d'essai. Pas plus tard que l'an dernier, Chen Guangbiao s'est ainsi illustré en démolissant des scooters à la pioche, en donnant des vélos pour inciter les gens à délaisser leurs voitures ou en fracassant son propre bolide Mercedes au marteau-piqueur devant les caméras de télévision à l'occasion de la journée sans voitures.

Mais il est surtout un grand philanthrope qui, comme le rapportait RFI au mois d'août dernier, a reversé 180 millions de yuans de ses deniers personnels aux victimes du tremblement de terre au Sichuan et a réussi le tour de force de convaincre une centaine de multimillionnaires chinois de participer au Giving Pledge organisé par Bill Gates et Warren Buffet à Pékin en 2010.

Place Tian'anmen

Sous le smog, la Chine suffoque

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