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Martin Doepner propose un rare thriller historique avec «Rouge Sang», avec Lothaire Bluteau

Un rare thriller historique avec «Rouge Sang»
LOS ANGELES - FEBRUARY 12: Actor Lothaire Bluteau attends the after party for the opening of 'The Cherry Orchard' at the Mark Taper Forum on February 12, 2006 in Los Angeles, California. (Photo by Michael Buckner/Getty Images)
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LOS ANGELES - FEBRUARY 12: Actor Lothaire Bluteau attends the after party for the opening of 'The Cherry Orchard' at the Mark Taper Forum on February 12, 2006 in Los Angeles, California. (Photo by Michael Buckner/Getty Images)

MONTRÉAL - Les thrillers historiques comme «Rouge Sang», premier long métrage de Martin Doepner, ne sont pas légion dans le paysage cinématographique québécois.

«J'aime beaucoup les thrillers, mais aussi les vieux suspenses où on laisse des indices», explique le cinéaste, qui cite notamment comme inspirations le film «The Desperate Hours», avec Humphrey Bogart (1955), et les oeuvres de Roman Polanski.

«J'ai utilisé certaines recettes préétablies: un endroit isolé, un huis clos presque hermétique, et j'ai ficelé l'histoire à partir de là», relate Martin Doepner.

La tension est en effet palpable quand Espérance (Isabelle Guérard) voit apparaître au seuil de sa porte cinq soldats britanniques alors qu'une violente tempête de neige fait rage. La jeune mère se braque aussitôt.

Ces hommes vêtus d'uniformes rouge écarlate, qui contrastent avec les couleurs terreuses de la demeure recluse de la vallée du Saint-Laurent, ne lui inspirent que crainte et méfiance.

Soumise à l'autorité des soldats britanniques, Espérance se voit cependant contrainte d'offrir à ceux-ci un toit pour la nuit. Ce sera le début d'une longue nuitée pendant laquelle événements tragiques et intrigues se succéderont.

«Ils arrivent un peu comme des toréadors. La façon visuelle de raconter l'histoire renforce toutes les impressions. Pour moi, c'est un film qui parle des premières impressions et des préjugés», suggère Lothaire Bluteau, qui prête ses traits au capitaine de l'armée britannique.

Le comédien de 55 ans, qui roule sa bosse dans le métier depuis plus d'une trentaine d'années, n'a pas hésité à plonger tête première dans le projet même si, au départ, le rôle n'avait pas été écrit pour lui.

«À l'origine, dans le scénario, le capitaine était un personnage qui, physiquement, était très fort, signale Martin Doepner. Un peu comme le loup en chef, qui n'hésiterait pas accoter un de ses soldats pour le remettre à sa place. Ce n'est pas Lothaire!»

Lorsque le réalisateur et son équipe ont amorcé leurs recherches pour dénicher un acteur de la catégorie d'âge appropriée, ils sont tombés sur Lothaire Bluteau.

Après mûre réflexion, ils ont conclu que ce dernier apporterait une subtilité intéressante au rôle. Ils ont donc contacté son agente montréalaise en précisant que le scénario serait réécrit, et ensuite, les choses ont déboulé très rapidement.

«Lothaire était emballé par le projet. Il voulait le faire parce que c'était un 'challenge' pour lui. C'était un rêve pour moi. Lothaire, j'ai vu ses films ado, se souvient le cinéaste de 38 ans. C'était un acteur que je pensais un peu inaccessible. Mais il est très humain et extrêmement généreux.»

Lothaire Bluteau a notamment été séduit par la façon dont le réalisateur permet aux spectateurs de se mettre dans la peau d'Espérance, jeune mère de famille dont la perception initiale des soldats évoluera au fil des événements et en fonction des réactions de ses enfants.

«J'aime bien les films qui permettent au public de se mettre à la place des personnages, qui l'invitent à se faire une opinion, affirme-t-il. J'aime pas les films qui sont prédigérés.»

D'après le comédien, les films de genre comme «Rouge Sang» permettent aux acteurs d'approfondir l'étude et la compréhension des personnages qu'ils campent.

«Quand j'ai commencé à travailler sur mon personnage, j'ai d'abord choisi un niveau de langage, raconte-t-il. Je voulais que ce soit quelqu'un qui ait une dichotomie avec ses soldats. Son niveau d'anglais me permettait de renforcer cette distance-là.»

La relation entre le capitaine, ses subordonnés et Espérance évoluera tout au long de la nuit. Les tensions seront exacerbés par l'isolement extrême de la maison, par la violente tempête de neige qui fait rage et par la commission d'agressions.

Et le sentiment de paranoïa est galvanisé par un aspect temporel — le choix de la date à laquelle les événements se produisent, soit le 31 décembre 1799, n'est pas fortuit.

«Je trouvais ça intéressant toute la superstition. C'est un peu comme quand on a frappé l'an 2000; c'est la même chose pour eux quand ils ont frappé 1800. Dans nos recherches, on a découvert que les gens pensaient que le diable allait sortir de l'enfer», se souvient Martin Doepner.

Doté d'un budget de 2,9 millions $, «Rouge Sang» a nécessité sept années de travail pour le réalisateur. Il a peiné à trouver du financement, d'autant plus qu'il cognait aux portes des institutions avec un projet de premier long métrage.

«C'est un test d'endurance. C'est très long de se faire financer pour un premier long métrage. Il faut convaincre les gens d'embarquer dans le projet. J'espère que le prochain ne prendra pas autant de temps!», dit-il.

«Rouge Sang», qui met également en vedette Peter Miller et Anthony Lemke, prendra l'affiche le 1er février.

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