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Maxime Denommée dans «Le dernier feu», au Théâtre Espace GO (ENTREVUE/VIDÉO)

«Le dernier feu», au Théâtre Espace GO: Maxime Denommée, voix discordante
Carl Lessard

Sur scène, huit personnages. Des hommes et des femmes qui, en chœur, se remémorent un drame survenu huit ans plus tôt lorsque le petit Edgar est mort, renversé par une voiture. Chacun se souvient de l’événement à sa façon, selon sa vision, sa perception. Les récits se mélangent, s’entrechoquent, se contredisent et se vérifient. Ce sont ces mots qui embrasent Le dernier feu, qui tient l’affiche du Théâtre Espace GO jusqu’au 16 février.

Dans ce chassé-croisé de voix discordantes, Maxime Denommée est Rabe, seul témoin oculaire de l’accident. Un homme étrange qui revient s’installer en ville après avoir fait la guerre et quitté sa femme. Sous l’emprise d’un choc post-traumatique, le gaillard s’enferme dans sa chambre et se mutile, dans un rituel christique à faire frissonner. Lorsque les autres tentent de l’approcher pour connaître sa conception de l’histoire, il fuit. Seule la mère du bambin décédé parviendra à l’apprivoiser, mais leur relation ambigüe ouvrira sur un dénouement hasardeux.

«Les personnages ont tous une part de responsabilité dans ce drame-là», note Maxime. «Ils tentent de le reconstituer pour comprendre ce qui s’est passé. Le fait d’être en nombre les aide à diminuer la culpabilité qu’ils ressentent. Je pense que l’auteure voulait explorer la façon dont on continue à vivre après une telle tragédie ».

On retrouve en effet toute la culpabilité propre à l’Allemagne de l’après-Seconde Guerre mondiale dans ce Dernier feu de l’Allemande Dea Loher, qui n’est toutefois pas dénué d’humour. La seule évocation de la poursuite d’autos qui a mené au trépas du petit Edgar a quelque chose de cocasse et le quiproquo, suite de méprises insignifiantes, implique des protagonistes aux personnalités diamétralement opposées. Mais le principal défi pour les acteurs de la pièce – parmi lesquels figurent aussi Annick Bergeron, Noémie Godin-Vigneau, Louise Laprade, Jérôme Minière, Daniel Parent et Évelyne Rompré -, en répétitions, résidait dans la construction du scénario à l’origine désordonné. C’est aux metteurs en scène Denis Marleau et Stéphanie Jasmin qu’est revenue la tâche de tracer les sentiers de ce «laboratoire d’exploration», comme se plaît à l’indiquer Maxime Denommée.

«Les répliques n’étaient pas attribuées d’emblée», précise ce dernier. «C’est davantage narratif. Il y a des scènes où on refait l’histoire, où on entre dans un aparté et on en ressort. Il y a un côté très distancié, qui fait qu’on parle de nous à la troisième personne. C’est dans la plus pure tradition du théâtre allemand, qui brise l’illusion. On ne veut pas duper les gens. On leur remet toujours en pleine face qu’ils sont au théâtre.»

Metteur en scène

On le voit parfois à la télévision et au cinéma, certes, mais c’est réellement au théâtre que Maxime Denommée prend le plus son pied. Chaque année, l’acteur a toujours au moins une virée sur les planches inscrite à son agenda. Depuis peu, il s’adonne aussi à la mise en scène, un aspect de son métier qu’il découvre et apprécie de plus en plus. Après avoir donné corps à Orphelins, au Théâtre La Licorne l’an dernier – l’œuvre sera être éventuellement reprise la saison prochaine -, Maxime s’investit maintenant dans les écoles, notamment à l’UQÀM et au Conservatoire d’art dramatique.

«J’aime beaucoup ça», s’enthousiasme-t-il. «J’aime travailler avec les jeunes. J’essaie de leur transmettre ce que j’ai appris en bientôt 15 ans de carrière et j’apprends autant qu’eux. En verbalisant le jeu, ça m’aide à mieux les comprendre.»

Or, tout comme on ne demande pas à un papa de choisir entre ses enfants, le créateur aurait beaucoup de mal à délaisser un art au profit d’un autre.

«C’est la ville et la campagne, pour moi», laisse tomber l’indécis. «C’est plus facile de faire de la mise en scène, en tout cas. Quand je reviens au jeu, je m’en rends compte. La mise en scène, c’est comme le dire et jouer, c’est le faire. C’est facile de voir et de comprendre ce qui manque et ce qu’il faudrait apporter, mais quand on joue, il faut le faire. C’est une tout autre affaire!»

Maxime Denommée sera aussi de la distribution des Muses orphelines chez Duceppe, à compter du 20 février. Pour assister à une représentation du Dernier feu et obtenir des informations sur la pièce, consultez le www.espacego.com.

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