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Le réchauffement climatique: enjeu majeur du second mandat de Barack Obama

Réchauffement climatique: enjeu majeur pour Obama
FILE - In this Dec. 19, 2009 file photo, demonstrators hold a picture of President Barack Obama and signs during a demonstration outside the Bella Center, the venue of the U.N. Climate Conference in Copenhagen, Denmark. A federal appeals court on Tuesday upheld the first-ever regulations aimed at reducing the gases blamed for global warming. (AP Photo/Peter Dejong, File)
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FILE - In this Dec. 19, 2009 file photo, demonstrators hold a picture of President Barack Obama and signs during a demonstration outside the Bella Center, the venue of the U.N. Climate Conference in Copenhagen, Denmark. A federal appeals court on Tuesday upheld the first-ever regulations aimed at reducing the gases blamed for global warming. (AP Photo/Peter Dejong, File)

ÉTATS-UNIS - Serment face à des centaines de milliers de personnes, grand discours et défilé: Washington en fête accueille lundi les cérémonies d'investiture du président Barack Obama, entré la veille dans son second mandat à la tête des Etats-Unis. Le 44e dirigeant américain est attendu avant midi, soit 17 heures heure française, à la tribune installée sur les marches du Capitole, immense bâtiment dont le dôme et les colonnes blanches offriront un décor solennel à sa prestation de serment.

La nuit de sa réélection, le président Barack Obama a fait part de nombreuses ambitions pour son second mandat. Parmi celles-ci figuraient le désir de transmettre aux générations futures non seulement un pays affranchi de ses dettes et libéré de ses inégalités mais aussi un pays "qui n'est pas menacé par le pouvoir destructeur d'une planète qui se réchauffe".

Les lois physiques et politiques laissent entrevoir que la réussite de son second mandat se mesurera surement grâce à des actions bien plus concrètes et palpables. Après tout, le président se retrouve face à de nombreuses décisions hautement clivantes.

Comme par exemple choisir si et comment il est possible de rendre propre le parc vieillissant de centrales fonctionnant au charbon qui rejette de grandes quantités de dioxyde de carbone et de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Il lui faut aussi décider d'approuver ou non le projet très controversé de l'oléoduc Keystone XL, qui transporterait des combustibles à forte teneur en carbone du Canada jusqu'à la Côte du Golfe américaine.

Et si les choses continuent comme elles ont commencé, Obama a peu de chance de satisfaire qui que ce soit.

Des politiques contradictoires

Alors que de nombreux conservateurs ont passé la majeure partie des quatre dernières années à accuser le président d'être un obsédé par l'environnement ou d'être prêt à sacrifier des emplois et la croissance économique au nom de l'écologie, Obama a aussi eu le droit d'être critiqué par ses soutiens verts.

Un large panel de groupes conservateurs et d'activistes environnementaux se sont plaint du fait que Barack Obama avait une attitude équivoque en défendant corps et âme la réduction des émissions de gaz tout en autorisant les forages de pétrole et de gaz, y compris dans l'Arctique délicat et en continuant d'être favorable à l'exploitation soi-disant propre du charbon. Ce que beaucoup de défenseurs de l'environnement qualifient d'oxymore.

Pour frapper les esprits, l'administration Obama a mis en place au cours de son premier mandat des mesures historiques indéniables de réductions d'émissions comme de sévères normes pour éviter le gaspillage énergétique des véhicules et limiter les émissions des nouvelles centrales. Deux dispositions promulguées grâce à l'EPA, l'Environmental Protection Agency (l'Agence américaine de protection de l'environnement), et non par le Congrès.

Le Congrès divisé sur le réchauffement climatique

Malgré une année de températures record, Obama entame son deuxième mandat avec un Congrès qui reste particulièrement divisé sur les questions environnementales. Ce qui laisse peu de chances à ces sujets épineux d'être résolus par des lois. Une situation qui va laisser le président face aux nombreuses exigences de ses soutiens écologistes sans qu'il n'ait une grande marge de manœuvre pour mener à bien sa mission. S'il décidait de mener cette mission à bien, bien sûr.

La semaine dernière, les dirigeants d'une trentaine organisations environnementales ont fait parvenir une lettre à Obama le sommant d'user de sa position de chef de l'État pour placer le débat sur le réchauffement climatique aux centres de l'attention.

Ce à quoi Clark Stevens, porte-parole de la Maison-Blanche, a répondu que l'administration suivait de près le changement climatique.

"Le président a affirmé qu'il croyait que le changement climatique était bien réel, qu'il était aggravé par l'activité humaine et que nous devions continuer à combattre cette menace [...]. Le changement climatique sera une des priorité de son second mandat".

Une promesse qui va être tout particulièrement scrutée au cours de 4 prochaines années, notamment à travers les dossiers suivants :

Les émissions des centrales

En 2007, la Cour Suprême avait jugé que si l'EPA déterminait que les gaz à effet de serre se trouvaient être une menace pour la santé humaine, ces émissions devraient être régulées par cette agence dans le cadre du Clean Air Act. Et c'est exactement ce qu'a fait deux ans plus tard Lisa Jackson, une des administratrices de l'EPA, en qualifiant le dioxyde de carbone et d'autres gaz à effet de serre de menaces pour la santé humaine. Dans le mois et les années qui ont suivi, l'agence est parvenue à changer les normes qui régissaient les émissions des voitures ou des camions légers ainsi que des nouvelles centrales.

Ces réglementations ont indigné l'industrie du charbon qui n'a, pour le moment, aucun moyen de satisfaire ces normes. Et malgré les près de 5 milliards de dollars qu'a dépensé l'administration Obama pour développer le "charbon propre", le stockage du dioxyde de carbone à grande échelle est encore loin d'être opérationnelle.

Pour le second mandat d'Obama, les groupes environnementaux en attendent davantage. Ils veulent que ces réglementations soient finalisées et qu'elles s'appliquent aux centrales déjà existantes (qui représentent environ 40% des émissions du pays). Reste maintenant à savoir qu'elle attitude adoptera l'administration sachant que cela conduira probablement avec la fermeture de ces centrales.

Sachant que l'application des normes sur les centrales déjà existantes ne se fera pas sans bataille législative, David Goldston, expert en charge des affaires gouvernementales au Conseil de défense des ressources naturelles, estime que:

"L'administration se doit de faire le premier pas. Le président a répété qu'il voulait s'attaquer au problème du changement climatique : cela tombe bien, cela relève directement de son autorité."

L'oléoduc Keystone XL

La prise de décision concernant cet oléoduc controversé qui pourrait transporter du pétrole lourd d'Alberta au Canada jusqu'aux raffineries de la Côte du Golf aux États-Unis (avant d'arriver sur le marché mondial) a été abruptement retardée par l'administration Obama alors que la campagne présidentielle commençait. "Une étude plus approfondie est nécessaire", voilà l'argument avancé par le ministère des Affaires étrangères qui a la charge du dossier car l'oléoduc traverse les frontières.

Depuis, le temps a passé mais le sujet fait toujours débat. Les opinions divergent quant à l'impact réel de l'oléoduc, commercialement et écologiquement, bien qu'il ne soit pas compliqué d'imaginer que le projet ne créera pas d'emplois de façon significative et n'entrainera pas une diminution des prix à la pompe, comme l'assurent ses défenseurs.

En parallèle, tous ne sont pas d'accord sur le fait que la mise en route de l'oléoduc Keystone XL détruirait obligatoirement le climat, bien qu'une étude récente d'un groupe environnemental canadien laisse entendre que l'impact du Keystone XL serait en fait bien plus grave que ce que l'on imagine.

Quels que soient ses effets réels, cet oléoduc est maintenant un symbole dans les deux camps qui s'opposent. Pour les uns, sa construction représenterait, à tort ou à raison, l'engagement d'Obama à créer des emplois et à s'affranchir de la toute-puissance pétrolière du Moyen-Orient. Pour les autres, son interdiction traduirait la volonté du président de mettre fin de façon claire et nette à l'aire des combustibles fossiles.

"Abandonnez les combustibles polluants" demandait la coalition de groupes environnementaux dans sa lettre à Obama. "Nous ne devrions pas nous continuer à exploiter ces combustibles, comme les sables bitumeux, quand les spécialistes affirment que 80% des réserves de combustibles fossiles doivent rester sous terre".

D'autres défenseurs de la planète voient en cet oléoduc une diversion. "C'est devenu un emblème", estime Elliot Diringer, vice-président du Centre pour le Climat et les solutions énergétique à Washington. "Mais je ne pense pas que nous devrions construire notre capital politique sur des victoires symboliques mais plutôt sur des progrès réels."

Alors que le ministère des Affaires étrangères continue sa révision du projet, les têtes commencent inévitablement se tourner vers celui qui est pressenti pour succéder à Hillary Clinton au poste de secrétaire d'État: John Kerry. C'est à lui que reviendra ce projet bien que la décision finale appartiendra à Obama.

Curieusement, l'administration a déjà fait signe à TransCanada, l'entreprise qui a créé l'oléoduc, de commencer la construction d'une partie du projet sur le sol américain, ce qui a entrainé des affrontements entre les opposants et la police. Ce sable bitumeux canadien (qui requiert un raffinement et un traitement chimique important et très polluant pour en faire un produit fini utilisable) sur lequel repose le projet sera un défi de taille pour Obama qui a passé beaucoup de temps à promouvoir les énergies renouvelables.

Mais peu importe la décision qu'il prendra, aux yeux d'une partie importante de la population, ce ne sera de toute façon pas la bonne.

Le changement climatique

Le troisième et dernier débat présidentiel, qui s'est déroulé en octobre dernier, marquait la fin d'une campagne au cours de laquelle jamais il n'aura été question du climat. Cela n'était pas arrivé depuis les années 80. Un oubli qui a marqué les activistes comme de nombreux américains, et ce tout particulièrement après le passage de l'ouragan Sandy - que scientifiques et climatologues voyaient venir depuis des années - dont la force destructrice a été sans précédent sur la côte est des États-Unis.

Apres avoir été présent sur le sujet du changement climatique au cours de son premier mandat, Obama a été particulièrement critiqué pour son silence en 2012. Les groupes verts n'a pas vu d'un bon œil le choix du président de se concentrer sur l'immigration ou l'accès aux soins de santé pour faire l'impasse sur l'écologie.

"Je pense qu'il est irresponsable de ne pas parler d'un des plus grands défis de notre génération », avait alors déclaré Phil Radford, à la tête de Greepeace USA. "C'est une des plus grosses menaces sécuritaires qui nous guette: c'est une menace pour l'agriculture, pour notre économie. Le fait de l'ignorer et de ne pas en parler est l'un des principaux échecs de nos dirigeants".

Pour la Maison-Blanche, ces critiques ne sont pas justifiées. Mais étant donné la confirmation récente que 2012 a bel et bien été l'année la plus chaude jamais enregistrée aux États-Unis et que les effets du réchauffement climatiques se font déjà ressentir, Obama peut s'attendre à ce que des voix s'élèvent pour qu'il s'exprime sur le sujet.

Dans leur lettre au président, les figures environnementalistes ont insisté sur ce dernier point en écrivant : Faites entendre votre voix". "Élever le changement climatique au rang de sujet populaire. Faites le lien entre la pollution au dioxyde de carbone et les phénomènes météorologiques extrêmes. Animez le débat concernant ce que nous devons faire, en tant que nation, pour nous préparer aux changements climatiques qui sont maintenant inévitables tout en essayant d'enrayer les bouleversements climatiques qui seront insupportables".

***

Au cours des quatre prochaines années, d'autres problèmes environnementaux viendront se poser comme le renforcement du Clean Water Act dans le but de protéger les sources d'eau et autres zones humides.

Les activistes surveilleront aussi de près le rapport que rendra l'EPA en ce qui concerne la fracture hydraulique qu'utilisent les compagnies de gaz et de pétrole pour exploiter les dépôts d'hydrocarbones profonds.

Il y aura par ailleurs la volonté grandissante d'un arrêt de l'exploration pétrolière et gazifière dans l'Arctique. Une volonté exacerbée récemment à la suite des erreurs à répétition de la société Shell au cours de son exploitation de zones proches des côtes de l'Alaska. Une affaire dont s'est emparé le ministère de l'Intérieur même si tout laisse penser que rien ne sera fait en ce qui concerne ce dossier. Ken Salazar, à la tête du ministère, affirme en effet que:

"Développer les ressources énergétiques sur le territoire américain est essentiel afin de réduire notre dépendance au pétrole étranger mais aussi pour créer des emplois. C'est pourquoi le gouvernement compte bien faire tout ce qu'il peut pour explorer les ressources énergétiques potentielles près des frontières, dans des endroits comme l'Alaska".

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