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Algérie: 37 étrangers tués de 8 nationalités différentes

Algérie: 37 étrangers tués de 8 nationalités différentes
This image from video provided by the SITE Intel Group made available Thursday Jan. 17, 2013, purports to show militant militia leader Moktar Belmoktar. Algerian officials scrambled Thursday Jan. 17, 2013 for a way to end an armed standoff deep in the Sahara desert with Islamic militants who have taken dozens of foreigners hostage, turning to tribal Algerian Tuareg leaders for talks and contemplating an international force. The group claiming responsibility called Katibat Moulathamine or the Masked Brigade says it has captured 41 foreigners, including seven Americans, in the surprise attack Wednesday on the Ain Amenas gas plant. Algerian Interior Minister Daho Ould Kabila said the roughly 20 well armed gunmen were from Algeria itself, operating under orders from Moktar Belmoktar, al-Qaida's strongman in the Sahara. (AP Photo/SITE Intel Group) THE ASSOCIATED PRESS HAS NO WAY OF INDEPENDENTLY VERIFYING THE CONTENT, LOCATION OR DATE OF THIS PICTURE. MANDATORY CREDIT: SITE Intel Group
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This image from video provided by the SITE Intel Group made available Thursday Jan. 17, 2013, purports to show militant militia leader Moktar Belmoktar. Algerian officials scrambled Thursday Jan. 17, 2013 for a way to end an armed standoff deep in the Sahara desert with Islamic militants who have taken dozens of foreigners hostage, turning to tribal Algerian Tuareg leaders for talks and contemplating an international force. The group claiming responsibility called Katibat Moulathamine or the Masked Brigade says it has captured 41 foreigners, including seven Americans, in the surprise attack Wednesday on the Ain Amenas gas plant. Algerian Interior Minister Daho Ould Kabila said the roughly 20 well armed gunmen were from Algeria itself, operating under orders from Moktar Belmoktar, al-Qaida's strongman in the Sahara. (AP Photo/SITE Intel Group) THE ASSOCIATED PRESS HAS NO WAY OF INDEPENDENTLY VERIFYING THE CONTENT, LOCATION OR DATE OF THIS PICTURE. MANDATORY CREDIT: SITE Intel Group

Le bilan de la prise d'otages d'In Amenas n'en finit pas de s'alourdir. Au moins 37 étrangers, un Algérien et 29 assaillants ont été tués lors de l'attaque et de la prise d'otages par un groupe islamiste de centaines d'employés dans un complexe gazier du Sahara algérien, a annoncé lundi 21 janvier le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal.

Il s'agit d'un bilan provisoire, a-t-il dit, qui pourrait donc encore s'aggraver. Cinq étrangers étaient toujours portés disparus après l'attaque qui s'est déroulée de mercredi à samedi dans le gigantesque complexe gazier d'In Amenas, dans le sud-est de l'Algérie.

Abdelmalek Sellal n'a pas donné de précisions quant à la nationalité des victimes. Parmi les étrangers confirmés morts par leurs pays figurent un Français, un Américain, deux Roumains, trois Britanniques, six Philippins et sept Japonais.

Reste encore à déterminer la nationalité de 17 victimes. Parmi les 37 dépouilles de victimes étrangères, sept ne sont pas encore identifiées, a indiqué le Premier ministre.

Exécutés "d'une balle dans la tête"

De nombreux otages ont été exécutés "d'une balle dans la tête", a-t-il ajouté, précisant qu'au total, 790 employés travaillaient sur le site, dont 134 étrangers de 26 nationalités. Un premier bilan officiel samedi soir faisait état de 23 personnes tuées, des étrangers et des Algériens.

Du côté des preneurs d'otages, 29 d'entre eux ont été tués et trois arrêtés, selon le Premier ministre. "Les 32 terroristes sont venus du nord du Mali", a-t-il précisé. Ils étaient membres des Signataires par le sang, un groupe crée par Mokhtar Belmokhtar, l'un des fondateurs d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qu'il a quitté en octobre dernier pour lancer son propre groupe.

Le commando était dirigé par un Algérien, Mohamed el-Amine Benchenab, très connu des services de renseignements, qui a été tué durant l'assaut lancé par les forces de l'ordre, a indiqué le Premier ministre. Parmi les assaillants figuraient trois Algériens, les autres ravisseurs étaient de nationalités canadienne, égyptienne, tunisienne, malienne, nigérienne et mauritanienne, selon la même source. Onze terroristes seraient tunisiens, a précisé par la suite le Premier ministre.

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LE RÉSUMÉ DE LA PRISE D'OTAGES

Depuis mercredi, de nombreuses informations contradictoires ont été distillées par différentes sources. Le HuffPost vous propose de revenir sur les évènements marquants de cette prise d'otage afin de bien comprendre ce qu'il s'est passé en quatre jours.

Mercredi matin, des centaines d'Algériens et d'étrangers pris en otages

Mercredi à l'aube, des islamistes fortement armés attaquent un bus d'expatriés sur un site gazier de la compagnie pétrolière publique Sonatrach opérant conjointement avec BP et Statoil, à Tigantourine, à 40 km d'In Aménas tout près de la frontière libyenne, dans le Sud-Est algérien. Un Britannique et un Algérien sont tués lors de l'attaque.

Quelques minutes après le début de l'attaque, les islamistes, repoussés par des unités d'escorte, reculent vers la base vie du site et prennent en otages plusieurs centaines d'Algériens et d'étrangers, dont des Américains, des Britanniques, des Japonais, des Français, des Norvégiens et des Philippins. L'armée algérienne encercle le site gazier.

L'attaque intervient au 6e jour d'intervention militaire française contre les islamistes au Mali. Au total, 685 Algériens seraient retenus en otage ainsi que 132 ressortissants étrangers.

Le lien avec le Mali devient vite évident, alors que l'Algérie avait annoncé le 14 janvier avoir fermé ses frontières à ce pays limitrophe et avait ouvert son espace aérien à la France. Quelques heures plus tard, un groupe islamiste armé revendique la prise d'otages, réclamant notamment "l'arrêt de l'agression" au Mali.

Le communiqué est rédigé par les "Signataires par le sang", nom que l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, récemment destitué d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a donné à sa katiba (unité combattante).

Jeudi, l'assaut des forces spéciales algériennes

Jeudi, alors qu'un porte-parole des ravisseurs demande sur la chaîne satellitaire Al-Jazeera le retrait de l'armée algérienne "pour permettre de lancer des négociations", 30 otages algériens réussissent à s'échapper. D'autres Algériens ont été libérés mercredi. Quinze étrangers, dont un couple de Français, réussissent à s'enfuir, selon la télévision algérienne privée Ennahar.

Dans l'après-midi, l'armée algérienne donne l'assaut contre le site gazier, sans concertation avec les pays qui ont des ressortissants sur place. Selon un ministre irlandais citant un rescapé, l'armée a tiré sur un convoi de cinq véhicules transportant ravisseurs et otages. Ces derniers étaient bardés d'explosifs.

Ce qui n'est pas encore clair

Actuellement, impossible de savoir si les terroristes ont tenté une sortie à bord de ces cinq véhicules à cause de l'assaut algérien, ou si au contraire les forces spéciales ont attaqué afin d'empêcher les terroristes de fuir. Frédéric Gallois, ancien patron du GIGN interrogé par Le HuffPost, évoque ainsi la possibilité d'un "kidnapping de masse" raté. Alger a justifié le recours à la force en expliquant que les islamistes, venus de la Libye voisine, voulaient "quitter l'Algérie en emportant avec eux les otages étrangers". Le site d'In Aménas se situe à quelques kilomètres de la frontière libyenne.

France Télévision a reconstitué l'assaut de l'armée algérienne en vidéo:

L'opération a soulevé des questions à Tokyo, Londres, Oslo et Washington qui disent regretter de ne pas avoir été mis au courant. Dès jeudi, François Hollande a affirmé faire "toute confiance aux autorités algériennes" et Paris a indiqué "avoir été régulièrement informé" tout au long de la crise, à rebours d'autres capitales se plaignant d'un manque d'information.

Le nombre de victime encore flou

Suite à l'assaut des forces algériennes, plusieurs bilans viennent se contredire. Selon un porte-parole des islamistes cité par l'agence mauritanienne ANI, l'assaut a fait près de 50 morts, 34 otages et 15 ravisseurs. L'agence algérienne APS affirme que l'assaut a permis la libération de 600 Algériens ainsi que d'un Français, de deux Britanniques et d'un Kényan. Une source de sécurité algérienne parle de 18 morts parmi la trentaine de ravisseurs. Alger fait état de "malheureusement quelques morts et blessés". Le ministre des Affaires étrangères français Laurent Fabius a confirmé la mort d'au moins un Français lors de l'assaut.

Suite à cet assaut, seul le "site de vie" du complexe a été maîtrisé, mais les terroristes (environ une dizaine, selon les différentes sources) étaient encore retranchés dans l'usine avec une partie des otages. Selon Alger, 572 Algériens ont été libérés et une centaine d'étrangers, sur les 132 retenus en otages.

Pour mieux comprendre la géographie des lieux, voici une carte du site gazier réalisé par Le HuffPost:

Vendredi, statut quo, les terroristes veulent négocier

Alors que les informations sont toujours parcellaires, le premier ministre britannique confirme que l'armée algérienne "traque toujours des terroristes" et cherche "probablement des otages dans d'autres endroits du site".

Le chef du groupe islamiste demande alors à la France de "négocier" la fin de la guerre au Mali. Les terroristes proposent aussi de libérer des Américains en échange d'islamistes détenus aux Etats-Unis. Washington et Paris ont tous deux déclaré ne pas négocier avec les terroristes.

Alors que les négociations semblent impossibles, "7 à 10 assaillants" seraient toujours retranchés dans la salle des machines, avec armes et explosifs, menaçant de "tout faire sauter". Le gaz aurait été coupé dans la plateforme par l'armée, précise BFMTV.

Selon des sources islamistes, sept ressortissants étrangers étaient encore détenus par les terroristes.

Samedi, l'assaut final et sanglant

Tôt dans la matinée, le statut quo semblait toujours durer, selon une source sécuritaire algérienne. Pendant ce temps, chaque pays faisait le bilan des disparus et les rescapés racontaient le calvaire vécu. Le Conseil de sécurité de l'ONU a lui condamné les actes "haineux" en Algérie.

Puis l'assaut final fut donné en milieu de matinée par les forces spéciales algériennes. Et le bilan est catastrophique: sept otages étrangers ont péri et 11 ravisseurs ont été abattus. "L'assaut a été donné en milieu de matinée. Onze terroristes ont été abattus et les otages étrangers ont péri. Nous pensons qu'ils ont été assassinés en représailles", a déclaré une source de sécurité algérienne à l'AFP.

Dans le même temps, l'agence Reuters affirmait que 16 otages étrangers, dont deux Américains, deux Allemands et un Portugais, ont été libérés, sans plus de précisions.

Selon le quotidien El Watan, les terroristes auraient perdu tout espoir de sortir indemne du site gazier et auraient alors commencé à exécuter les sept otages restants, forçant les forces spéciales algériennes à intervenir. Mais les otages "étaient déjà exécutés".

Regardez le résumé de l'assaut final en vidéo, par France Télévisions:

Suite à cet assaut final, François Hollande a une nouvelle fois salué la réaction des autorités algériennes, affirmant qu'il "ne pouvait y avoir de négociation" avec les preneurs d'otages.

A la suite de la fin de la prise d'otages, Alger a attendu de longues heures avant d'enfin communiquer un bilan officiel. Les sources sécuritaires faisaient état d'un total de 25 à 27 otages étrangers ou algériens morts depuis le début de la prise d'otages, mercredi. Alger a finalement annoncé un bilan officiel provisoire de 23 victimes et 32 terroristes tués depuis le début de l'opération.

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