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Les micro-algues : un biocarburant au rendement impressionnant (VIDÉO)

Les micro-algues : un biocarburant au rendement impressionnant (VIDÉO)
AFP

Vous y penserez la prochaine fois que vous irez à la plage ou que vous mangerez japonais. Certaines algues sont désormais abonnées aux mouvements de capitaux à grande échelle. Et de là à parler d'un nouvel "or vert", ce n'est peut-être plus qu'une question de temps.

Début janvier 2013, une entreprise australienne a prévu de vendre 200 millions de dollars d'obligations en Europe pour financer son expansion au Texas et au Brésil. Le genre d'information qui fait le quotidien de l'actualité économique si ce n'est que l'entreprise en question, Algae Tech LTD est entièrement tournée vers l'exploitation des algues. Plus précisément, de micro-algues, afin de produire des biocarburants.

Le 17 janvier, bis repetita, côté américain cette fois. Le département de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables du ministère de l’Énergie a annoncé qu’il allait financer la recherche dans le biocarburant issu des algues à hauteur de 10 millions de dollars.

Le carburant du futur ?

Alors que l'ONU réclame l'arrêt du superéthanol en Europe, les micro-algues constituent en effet l'une des solutions les plus étudiées pour remplacer le pétrole.

Cet organisme microscopique que l'on trouve dans les lichens, les champignons ou la vase séduit de plus en plus de scientifiques et d'entrepreneurs soucieux de se tourner vers des produits qui n'entrent pas en concurrence avec les terres agricoles et la production de denrées alimentaires.

Les micro-algues affichent en effet un rendement jusqu'à dix fois supérieur à celui des agro-carburants traditionnels et ont l'avantage d'être à la fois faciles à cultiver, de nécessiter moins d'espace au sol et d'avoir une croissance rapide. Reste seulement à évaluer leur modèle économique et à anticiper l'effet d'une telle production sur l'environnement. En clair, il s'agit désormais de faire des économies d'échelle pour pouvoir concurrencer les énergies conventionnelles comme le pétrole ou le gaz.

Sur le principe, la méthode pour les synthétiser est simple. Il s'agit de transvaser ces algues invisibles à l'oeil nu (à peu près le diamètre d'un globule rouge) de façon à les accumuler dans des réservoirs de plus en plus grands. Elles sont ensuite récoltées pour en extraire une huile qui servira de carburant liquide. Mais elle est extrêmement coûteuse, 5 à 10 euros le litre de carburant d'après Jean-Philippe Steyer, un expert en biotechnologie de l'environnement interrogé par Le Point, et dévoreuse d'énergie issue du pétrole. De quoi expliquer les investissements massifs que semblent être en train d'entreprendre de plus en plus d'acteurs importants du secteur afin de libérer au plus vite tout le potentiel des micro-algues.

Un lampadaire écolo, capteur de CO2

Mais ce ne sont pas les seules qualités de ces organismes photosynthétiques microscopiques. Le panel d'applications possibles à partir de leur utilisation est presque aussi large qu'il existe de variétés de micro-algues.

Si les Aztèques mexicains pratiquaient déjà l'algoculture de la spiruline comestible Arthrospira au xvie siècle pour ses qualités nutritionnelles, elles sont aujourd'hui couramment vendues comme compléments alimentaires et comme aliments fonctionnels. La vente des produits dont elles rentrent dans la composition pèserait même près de 4 milliards d'euros à l'échelle mondiale selon Philippe Tramoy, biochimiste auteur de nombreuses études de marché dans le domaine.

À Libourne, un ingénieur leur a même trouvé une application qui pourrait bien révolutionner la lutte contre l'effet de serre en milieu urbain. Pierre Calleja, ingénieur biologiste à la tête de Fementalg, une société à la pointe du développement des micro-algues, a ainsi profité des qualités photosynthétiques du micro-organisme pour mettre au point un lampadaire capable de capter le CO2 selon un processus qui résulte des propriétés naturelles des algues, habituées à se nourrir de dioxyde de carbone.

Grâce aux micro-algues renfermées dans un tube fluorescent légèrement plus petit qu'un lampadaire, la lampe absorbe le gaz carbonique et rejette l'oxygène dans l'air dans des proportions significatives. Un lampadaire d’un volume de 1,5 mètres cubes peut par exemple filtrer une tonne de CO2 par an, la même quantité que peuvent absorber 150 à 200 arbres sur la même période. De quoi donner une nouvelle impulsion à la lutte contre le réchauffement climatique.

Certain d'avoir trouvé la parade ouvrant la voie à une compensation carbone inédite, l'ingénieur entend toujours attirer des partenaires prêts à investir pour son développement à grande échelle. Affaire à suivre.

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