Il est presque deux fois plus facile d'obtenir un permis de conduire à Lévis qu'à Montréal. Même histoire à Victoriaville par rapport à Lachute. Depuis plusieurs années maintenant, quelques points de service de la SAAQ - toujours les mêmes - font invariablement échouer autant d'élèves qu'ils n'en laissent passer. À l'inverse, d'autres centres d'examen affichent année après année les meilleurs résultats. Qui sont les plus sévères? Et les plus coulants?

Lorsqu'il s'est rendu à son examen de conduite au bureau de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) à Longueuil, Nicolas* ne se doutait pas que, avant même de s'asseoir dans la voiture, il avait beaucoup moins de chances d'obtenir son permis de conduire que s'il avait été à Val-d'Or ou à Gatineau. Depuis 2006, le centre d'évaluation de la Rive-Sud affiche l'un des taux de réussite les plus bas au Québec.

Heureusement, l'étudiant en droit de 22 ans a réussi. Mais chaque année, près de la moitié des milliers de personnes qui y sont évaluées repartent bredouilles. Même histoire à Montréal, Laval, Dorval et Lachute, dans les Laurentides, où les taux d'échec frôlent traditionnellement les 50%, selon des données obtenues par La Presse grâce à la Loi sur l'accès à l'information.

En revanche, ceux qui passent l'examen à Victoriaville, à Val-d'Or ou à Sept-Îles sont toujours moins de 20% à échouer. Pourquoi cette différence?

«Dans les secteurs urbains, il y a une plus grande densité et une plus grande complexité du réseau routier, dit le porte-parole de SAAQ, Mario Vaillancourt. Ça peut faire partie de l'explication.» N'est-ce pas inéquitable? «Non. Les évaluations sont les mêmes partout», assure-t-il.

Pourtant la rumeur selon laquelle on est plus sévère dans certains bureaux de la SAAQ que dans d'autres circule depuis longtemps au Québec. Des gens vont jusqu'à passer leur examen plus loin de chez eux parce qu'ils croient que ce sera plus facile.

Les chiffres obtenus par La Presse semblent leur donner raison. «J'ai des élèves qui utilisent cette stratégie, confirme Jean-Pierre Martel, professeur de conduite à Sainte-Julie. Il est même arrivé que je leur conseille moi-même d'aller passer le test à Sorel plutôt qu'à Longueuil à cause des nombreux échecs.»

Même son de cloche à l'école de conduite Oscar, également en banlieue sud de Montréal. «Disons que les évaluateurs de Longueuil sont moins tolérants qu'ailleurs», dit le directeur, Mohib Fam, dont des élèves essaient eux aussi d'éviter de passer leur examen dans la cinquième ville du Québec.

Comme plusieurs autres, Jean-Francois*, 21 ans, a pour sa part tenté d'éviter de passer l'examen à Montréal, où il habite pourtant. «Je croyais que ce serait plus difficile parce que c'est en ville», dit le jeune homme. Il a donc choisi Sherbrooke, où il a tout de même échoué deux fois. C'est finalement dans la métropole, à sa troisième tentative, qu'il a gagné le droit de conduire seul. Une employée de la SAAQ lui a dit qu'il était chanceux d'être tombé sur un évaluateur «gentil». «Juste le fait qu'il y ait des gentils et des méchants, ça montre que quelque chose cloche», croit l'étudiant.

«Ça fait des années qu'il y a des problèmes dans l'évaluation, affirme Jean-Pierre Martel. J'ai déjà vu trois élèves faire l'examen à trois endroits et recevoir des sons de cloche complètement différents de la part des évaluateurs pour le même comportement sur la route. Des fois tu tombes sur quelqu'un de sévère et d'autres fois non. Ça prend un ménage.»

Sur les blogues, les aspirants conducteurs s'échangent les «meilleurs» et les «moins bons» endroits où tenter sa chance. Des automobilistes suggèrent par exemple de ne pas passer l'examen à Montréal à cause de mauvaises expériences qu'ils ont vécues. D'autres étalent la mauvaise réputation de tel ou tel centre d'examen ou évaluateur.

À la SAAQ, on rejette fermement ces allégations. «Nos évaluateurs reçoivent la même formation et ils utilisent les mêmes critères partout dans la province, soutient Mario Vaillancourt. On ne peut pas affirmer qu'il y a injustice.»

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159 211 Nombre d'examens pratiques de conduite au Québec en 2011

60,2% Taux de réussite moyen à l'examen pratique de conduite de la SAAQ en 2011

319 862 Nombre d'examens théoriques de conduite au Québec en 2011

72,9% Taux de réussite moyen à l'examen théorique de conduite de la SAAQ en 2011

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BAIE-COMEAU À LANGELIER, LE MEILLEUR ET LE PIRE (pourcentage de réussite)

Langelier (Montréal)

2006: 50,6%

2007: 53,1%

2008: 53%

2009: 52,4%

2010: 53,1%

2011: 51,5%

Baie-Comeau

2006: 82%

2007: 88%

2008: 83,2%

2009: 88,6%

2010: 83%

2011: 79%

* Plusieurs centres de service qui ne font qu'une dizaine d'examens par année, notamment Fermont, Radisson, Gaspé, Bonaventure, Amos, Dolbeau-Mistassini et Blanc-Sablon, ont été exclus. D'autres centres d'examen peuvent donc avoir des scores plus élevés que celui de Baie-Comeau.

Source: SAAQ

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TAUX DE RÉUSSITE À L'EXAMEN PRATIQUE DE CONDUITE DANS LES CENTRES DE SERVICES DE LA SAAQ (moyenne sur six ans)



MOINS DE 60%

1 LANGELIER (MONTRÉAL) 52,2%

2 LACHUTE 52,5%

3 HENRI-BOURASSA (MONTRÉAL) 52,8%

4 DORVAL 56,2%

5 LAVAL 56,2%

6 LONGUEUIL 58,3%

ENTRE 60 ET 70%

7 SAINT-JÉRÔME 61,8%

8 SHERBROOKE 65,0%

9 SAGUENAY 66,1%

ENTRE 70 ET 80%

10 GATINEAU 70,0%

11 QUÉBEC (HAMEL) 70,0%

12 JOLIETTE 71,2%

13 SAINT-HYACINTHE 71,5%

14 SAINT-JEAN-SUR-RICHELIEU 72,8%

15 GRANBY 74,4%

16 DONNACONA (QUÉBEC) 74,7%

17 DRUMMONDVILLE 75,4%

18 SAINT-JOSEPH-DE-BEAUCE 75,5%

19 SOREL-TRACY 75,6%

20 SHAWINIGAN 75,7%

21 TROIS-RIVIÈRES 76,5%

22 MONTMAGNY 77,3%

PLUS DE 80%

23 LÉVIS 80,3%

24 VAL-D'OR 80,5%

25 VICTORIAVILLE 82,0%

26 BAIE-COMEAU 83,0%

Notes

1. Les chiffres ont été arrondis.

* Noms fictifs