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Lance Armstrong avoue s'être dopé: bonne ou mauvaise stratégie?

Lance Armstrong avoue s'être dopé: bonne ou mauvaise stratégie?

SPORT - Faute avouée à moitié pardonnée? En concédant s'être dopé -selon USA Today- dans un entretien télévisé qui sera diffusé dans la nuit de jeudi à vendredi, Lance Armstrong met fin à près de sept années de mensonges à travers les médias. Des aveux suffisants aujourd'hui pour réhabiliter l'Américain au yeux du grand public et dans le monde du sport en général? Le cas Armstrong est bien plus complexe que tous les autres recensés à ce jour.

OUI, ces aveux peuvent le servir

Depuis bien longtemps, les "coming-out" en matière de dopage sont généralement bien acceptés dans les milieux sportifs, et largement relayés par les médias. Mais c'est surtout aux yeux du grand public que cette réhabilitation morale est sans doute la plus importante. Si celui-ci a honni rapidement et parfois violemment le cycliste américain après les premières révélations de dopage en 2005 (dévoilées par L'Equipe, peu après son 7e Tour de France victorieux), il pourrait désormais être touché humainement par son témoignage à venir, pardonner la faute et faire machine arrière tout aussi rapidement. N'oublions pas que l'opinion publique reste très versatile, surtout en France.

Par ailleurs, dans le passé, les tricheurs qui ont fini par tout avouer ont généralement profité de cette démarche forte de rédemption publique. L'exemple le plus marquant demeure sans doute celui du Danois Bjarne Riis. Vainqueur du Tour de France 1996, il reconnaît en 2007 s'être dopé à l'EPO. Deux semaines plus tard, son nom est rayé du palmarès de la Grande Boucle. Finalement, face à ses aveux forts, les organisateurs de l'épreuve reine décident de le réintégrer au palmarès un an plus tard.

Pour Armstrong, c'est tout de même différent. Celui-ci n'a en effet pas fait appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) de la sanction de l'Union cycliste internationale (UCI), qui a effacé la totalité de son palmarès depuis le 1er août 1998 et l'a radié à vie du cyclisme. Depuis le 27 décembre à minuit, cette sanction est donc irréversible. L'Américain n'a quasiment aucune chance de retrouver ses 7 Tours de France enlevés.

S'il sait bien qu'il peut faire une croix définitive sur ces 7 Tours gagnés, Armstrong passe aux aveux pour espérer au moins obtenir la levée par les autorités antidopage de sa radiation sportive à vie. Selon USA Today, il aurait en effet confié à des proches vouloir avouer publiquement ses fautes pour tenter de renouer avec la compétition, et notamment en triathlon, le sport de sa jeunesse. L'année dernière, le Texan s'était vu barrer l'inscription à plusieurs épreuves hors cyclisme, notamment le triathlon de Nice ou le marathon de Chicago.

NON, Armstrong est déjà allé beaucoup trop loin

Le cas Armstrong est unique et encore jamais vu dans le milieu professionnel sportif. Si d'autres cyclistes ou athlètes, dans les décennies précédentes, ont pu passer à travers les mailles du filet et effectuer toute leur carrière sans se faire prendre, la sphère médiatique omniprésente et dévastatrice du XXIe siècle combinée à la loi du silence brisée par nombre de coureurs, auront eu raison du cycliste américain.

Résultat, en plus d'avoir menti pendant de si longues années, il apparaît qu'Armstrong, par les aveux de plusieurs de ses ex-coéquipiers, était un être tyrannique et impitoyable, véritable caïd à la tête d'une équipe (l'US Postal, à l'époque) organisée autour du dopage. A côté, les piqûres à l'EPO de Richard Virenque et ses coéquipiers de Festina sur le Tour 1998 paraissent bien "gentillettes" (mais bien entendu hautement répréhensibles)...

Beaucoup plus grave, les mensonges répétés (redécouvrez-les en bas de l'article dans notre portfolio) de notre homme pourraient désormais l'emmener tout droit en prison. "Le gouvernement a peut-être un cas de parjure très solide à plaider car nombre de ses équipiers ont témoigné sous serment l'avoir vu se doper", soulignait ainsi en octobre Peter Keane, professeur de droit à la Golden Gate University. Ce dernier assurait même qu'Armstrong était "fou de donner cette interview", risquant "des poursuites pénales" qui pourraient le conduire derrière les barreaux.

Un tel délit est en effet passible de prison (jusqu'à 30 ans) et d'une forte amende (jusqu'à 1,5 million de dollars). En cas de condamnation, il imiterait l'athlète Marion Jones, épinglée pour parjure (aussi sur un cas de dopage) et contrainte de passer six mois en prison en 2008. Autre hypothèse possible: un accord avec la justice américaine, en échange de son témoignage.

Enfin, le cycliste texan pourrait se voir délesté de plusieurs millions d'euros. Sa fortune personnelle demeure très solide -estimée à 96 millions d'euros-, mais "le gouvernement fédéral peut engager une procédure contre lui pour récupérer une partie de l'argent des sponsors", explique ainsi Jordan Kobritz, directeur du département sports à SUNY Cortland. Par ailleurs, la compagnie d'assurances SCA Promotions a déjà fait savoir qu'elle voulait récupérer les 5,8 millions d'euros versés à l'Américain après le Tour de France 2004. En Australie, le Premier ministre d'un Etat souhaite lui le cycliste "rembourse" les primes qu'il a obtenu lors du "Tour Down Under" entre 2009 et 2011. Enfin, d'autres plaintes peuvent aussi être déposées au civil par les donateurs de sa fondation contre le cancer, "Livestrong", qui s'estimeraient trompés et réclameraient des dommages et intérêts. Pas fou, Armstrong a déjà commencé sa grande opération rachat en s'excusant publiquement lundi devant eux...

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