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Costa Concordia: un an après le drame, peu a changé

Costa Concordia: un an après le drame, peu a changé
AFP

Dans la nuit du 13 au 14 janvier 2012, le Costa Concordia s'échouait à 300 mètres de l'île italienne du Giglio, au large de la Toscane, entraînant la mort de 32 personnes. Deux victimes n'ont elles jamais pu être retrouvées.

Cette nuit-là, le paquebot transportait exactement 4229 personnes -dont plus de 3200 passagers- au moment où il a heurté un rocher. Un drame qui a littéralement changé la vie des habitants de la petite île du Giglio (au nombre de 1500), mais qui vient aujourd'hui toujours les hanter.

En fait, un an après, le paquebot n'a pas bougé d'un centimètre ou presque, les rescapés se posent toujours des questions, le commandant de bord est toujours poursuivi par la justice italienne...

Un paquebot pas près d'être remis à flot

Malgré le dispositif flottant autour du Costa Concordia et les centaines d'ouvriers et experts présents sur l'île, la remise à flot du bateau n'est pas pour demain.

Cette opération -la plus grande jamais tentée à ce jour- a été retardée par toute une série de problèmes techniques comme celui de forer le fond marin en granit pour installer une plate-forme servant à stabiliser la coque.

La dernière date avancée pour l'enlèvement définitif est septembre 2013, promet le chef de la protection civile italienne, Franco Gabrielli. Mais le maire, Sergio Ortelli, qui s'est déjà plaint des retards de l'opération menée par les sociétés américaine Titan et italienne Micoperi, a laissé entendre qu'elle pourrait encore être repoussée. "Je crains qu'il n'y ait encore des imprévus qui retardent l'opération. J'espère que l'épave pourra être emmenée d'ici à la fin de l'année", a-t-il déclaré.

En attendant, des soudeurs attachés par des harnais tentent tant bien que mal de colmater les trous dans la coque blanche rouillée, pendant que des plongeurs s'affairent 24 heures sur 24 à empiler des sacs de ciment pour éviter à l'épave de se briser en deux.

»Toutes les photos du Costa Concordia un après le naufrage, à la fin de l'article

Un commandant de bord toujours poursuivi par la justice

Francesco Schettino, le commandant de bord le plus haï d'Italie, accusé d'avoir abandonné lâchement le Concordia peu après l'impact, s'est plaint cette semaine d'avoir été "dépeint comme étant pire que Ben Laden", dans une interview au quotidien La Stampa.

"J'ai été tourmenté au cours de toute l'année pour ce qui s'est passé la nuit du 13 janvier dernier. C'est une douleur sincère, du fond du cœur. J'ai été dépeint comme étant pire que Ben Laden alors que j'ai un regret énorme pour ce qui s'est passé", a-t-il ainsi confié.

Le commandant a toujours expliqué avoir "glissé" dans une chaloupe de sauvetage alors que l'évacuation était en cours, mais dans l'interview il a précisé que sa chute était due "à la force de gravité", le navire étant très penché après avoir pris l'eau.

Francesco Schettino est aujourd'hui toujours poursuivi par la justice pour naufrage, homicides par imprudence et abandon de navire, ayant quitté le paquebot avant que son évacuation ne soit achevée.

Un traumatisme toujours tenace sur l'île

"Ce qui me poursuit surtout, ce sont les yeux des enfants. Ils pleuraient mais ils ne hurlaient pas parce qu'ils avaient très peur", témoigne aujourd'hui le maire-adjoint de l'île du Giglio, Mario Pellegrini, encore hanté par les images du drame.

"Comme dans un film! Chacun tentait de sauver sa peau, personne n'était là pour mettre de l'ordre, les gens étaient en état de choc", explique-t-il.

Il raconte encore: "Quand nous avons ouvert les portes, nous avons entendu des hurlements provenant de ces couloirs devenus des puits. J'ai trouvé une corde et nous avons pu les hisser. L'eau montait, ils étaient épuisés, trempés jusqu'aux os. Le dernier secouru, un serveur indien, semblait comme imprégné de la peur de la mort".

De son côté, le père Pasquotti a gardé beaucoup des objets que les naufragés ont laissés: vestes de sauvetage, couvertures, et même des morceaux de pain rassis. Il a le projet de les rassembler dans un reposoir dans son église, en mémoire de la nuit fatale.

Comme beaucoup d'habitants, le curé aspire à un retour à la normalité que la tragédie a totalement bousculée.

"Dès qu'ils auront remis à flot le navire et qu'ils l'auront emmené, nous pousserons un gigantesque soupir de soulagement. Nous retrouverons notre île d'avant", dit-il. "Nous étions heureux, avant que la paix ait été perturbée par ce bateau et cet accident tragique. Nous ne demandons pas grand chose. Nous voulons juste retrouver notre sérénité", demande encore le maire de l'île, Sergio Ortelli.

Une journée d'hommages où les rescapés ne sont pas les bienvenus

Dans une lettre, la société de croisières Costa a déconseillé aux rescapés de la tragédie de se rendre aux cérémonies organisées dimanche sur l'île. Celle-ci a invoqué "des raisons logistiques".

"Nous sommes certains que vous voudrez bien comprendre d'une part l'impossibilité -pour des raisons logistiques- de vous accueillir tous sur l'île ce jour-là et d'autre part, le désir d'intimité exprimé par les familles des victimes dans un moment si difficile", indique la compagnie maritime dans sa lettre aux plus des 3200 passagers qui se trouvaient à bord du Concordia la nuit du 13 janvier 2012.

Dans son courrier, le patron de Costa, l'Allemand Michael Thamm, exprime au nom de toute la compagnie et ses employés "sa compassion" en disant "partager avec une émotion sincère la douleur et la tristesse" de tous ceux qui ont vécu le drame.

En contrepartie, Costa propose aux rescapés d'assister à des cérémonies organisées dans leurs pays respectifs.

Mais pour Anne Decré, du Collectif des naufragés français, la pilule a du mal à passer. En compagnie d'une centaine de rescapés, elle se rendra au Giglio. Selon Anne Decré, Costa a "depuis le début un comportement inhumain et inacceptable". "On achète votre absence (sur l'île, ndlr) en vous proposant 100 euros pour aller à Paris. Cela leur semble bizarre à Costa qu'on veuille accompagner les familles endeuillées", proteste-t-elle ainsi avec véhémence. "Les insulaires eux ont compris notre démarche, nous venons aussi pour les remercier de ce qu'ils ont fait pour nous cette nuit-là", explique-t-elle encore.

» Découvrez les photos du Costa Concordia début 2013, un an après son naufrage :

Un an après, le Costa Concordia toujours échoué près de l'Italie

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