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«Zero Dark Thirty» de Kathryn Bigelow: un film sur les traces de Oussama Ben Laden (CRITIQUE/VIDÉO/PHOTOS)

«Zero Dark thirty», sur les traces de Ben Laden (CRITIQUE/VIDÉO/PHOTOS)
Courtoisie

Figure de la colère américaine et principal responsable des attentats du 11-Septembre, Oussama Ben Laden a finalement été tué dans son repère pakistanais le 2 mai 2011, après une longue traque de l'intelligence américaine. C'est ce long chemin, tortueux et vu de l'intérieur, que montre la réalisatrice Kathryn Bigelow avec Zero Dark Thirty, un brûlot aux allures de documentaire qui se termine avec une apothéose angoissante. Un film sans concessions et d'une rigueur qui frise l'admiration.

Déjà auréolé de deux oscars pour The Hurt Locker (meilleur film, meilleure réalisation), petit film indépendant sorti de nulle part qui avait devancé Avatar lors de la cérémonie de 2010, Bigelow s'attaque cette fois-ci à beaucoup plus gros. Son projet de départ consistait à démontrer la traque (infructueuse) de Ben Laden. Mais, avec la découverte de son repère et l'intervention de l'armée américaine qui s'est soldée par sa mort, la réalisatrice a changé son scénario et donné une plus grande ampleur à son film.

On suit donc les efforts de la CIA visant à trouver le cerveau derrière les attaques de New York. La traque commence tout de suite après les attentats du 11-Septembre (dont on entend seulement les appels de détresse des innocentes victimes des tours). Au Pakistan, Maya («solide» Jessica Chastain) rejoint Dan (Jason Clarke), un agent de la CIA qui travaille sur un site secret où il essaie de faire parler des membres d'Al-Qaida. Tous les deux vont utiliser toutes les méthodes possibles: simulation de noyade, agressions physiques et mentales, etc.

Mais ces techniques ne donnent pas vraiment les succès escomptés: Oussama Ben Laden demeure introuvable. Leurs efforts n'empêchent pas les attentats de Madrid ou de Londres. Les obstacles sont nombreux: un médecin jordanien utilisé comme taupe par la CIA se retourne contre l'intelligence américaine et tue plusieurs officiels, notamment Jessica (excellente Jennifer Ehle), amie de Maya qui avait échappé avec elle à un autre attentat - celui du Marriot à Islamabad.

Maya ne se décourage pas. Et au fil d'une enquête compliquée, elle croit savoir où le mythique Ben Laden se planque: un repère fortifié en banlieue de Abbottabad au Pakistan. Il faut maintenant convaincre le gouvernement américain d'intervenir en douceur. L'opération, durant laquelle une vingtaine de commandos d'une force spéciale devront tuer Ben Laden, se tient finalement en mai.

Tout comme avec The Hurt Locker, Bigelow prend le temps de bien installer son film au moyen d'une réalisation nerveuse, et en même temps d'une grande sobriété. Zero Dark Thirty a donc ce côté documentaire et rugueux, mais n'est jamais ennuyeux même si sa durée est de plus de deux heures trente.

Pour suivre ce chemin vers Ben Laden, Bigelow nous fait entrer dans le monde secret de la CIA, dans les réunions, dans les salles où personne n'a accès. Le portrait qu'elle dresse n'est pas particulièrement flatteur, surtout en ce qui à trait aux séances de torture auxquelles se livrent les agents durant l'administration Bush. D'ailleurs, le film fait déjà beaucoup de bruit à Washington parmi les républicains et certains agents de la CIA qui le dénoncent.

La réalisatrice ne prend toutefois jamais parti; elle filme tout simplement, sans musique, sans effets de style, tout en démontrant l'urgence de trouver un coupable. Lorsque le nouveau président Barack Obama entre en fonction, on peut entendre une entrevue dans laquelle il affirme que la torture n'est plus une technique admissible. Soudainement, les agents de la CIA doivent ajuster leur tir. Ils semblent finalement suivre ce que le président décide.

Bigelow fait donc un travail admirable jusqu'à l'opération finale, moment d'angoisse suprême où les commandos américains doivent se rendre dans le repère. Ainsi, la scène dans laquelle les deux avions américains survolent les montagnes pakistanaises durant la nuit, accompagnée par la musique du merveilleux Alexandre Desplat, est déjà un moment d'anthologie.

Pour interpréter sa Maya, une femme forte et solitaire évoluant dans un monde d'hommes (à l'image de Bigelow), on retrouve la sublime Jessica Chastain, décidément une des actrices les plus douées de sa génération. Elle tient le film à bout de bras, incarnant la détermination américaine ainsi que ses travers et ses défauts. La scène finale où elle laisse finalement tomber son masque marquera sa carrière.

Zero Dark Thirty (Opération avant l'aube) - Alliance Vivafilm - Drame historique - 157 minutes - Sortie en salles le 11 janvier 2012 - États-Unis.

Merci à zabmag.com

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