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«Ventre», au Théâtre La Licorne: être deux pour affronter le chaos (ENTREVUE)

«Ventre», au Théâtre La Licorne: être deux pour affronter le chaos (ENTREVUE)
Daphné Caron

Avec Ventre, sa nouvelle création qui vient de prendre l'affiche au Théâtre La Licorne, Steve Gagnon souhaitait parler du chaos. Ces échecs, ces drames, ces morts qu'on nous montre un peu partout, à la télévision, sur internet. Ces tracas qui nous turlupinent l'esprit et ces guerres qui nous arrachent le cœur. Toutes ces petites et grandes misères qui sont beaucoup plus faciles à affronter lorsqu'on est deux. Parce que, quand on vit en couple, on peut se réfugier dans les replis du ventre de l'autre lorsque la vision du monde extérieur devient trop insupportable.

«Tout seul, on ne s'en sort pas, on se fait aplatir», a expliqué l'auteur et comédien au lendemain de la première de la pièce. «Autour de nous, il y a beaucoup de résignation, d'abandon. J'ai voulu écrire un texte hyper lumineux. La prémisse est sombre, mais ça finit dans la lumière, dans la promesse que l'amour sera plus fort que la merde à l'extérieur. Ça donne le goût de croire et d'aimer.»

C'est en utilisant le prétexte de l'adultère que Steve Gagnon a choisi d'amener son propos aux spectateurs. D'emblée, l'histoire s'articule autour d'un tandem amoureux aux confins de la rupture. La femme (Marie-Soleil Dion) a commis l'irréparable et l'homme (Gagnon lui-même) ne l'accepte pas. À travers leur discours, on décrypte les colères, les peurs et les angoisses, mais aussi le feu qui brûle encore entre eux.

«L'amour et l'adultère servent à amener cette notion qu'il faut être deux pour arrêter de se faire marcher sur la tête. Mais c'est difficile de vivre une relation à long terme. On dirait que l'idée de faire toute sa vie avec la même personne nous paraît étrange. Dans la pièce, on se demande si c'est possible, mais on ouvre aussi sur quelque chose de beaucoup plus large que cette seule question.»

Par le truchement de l'humour qui colore son texte, Steve Gagnon ne craint pas d'effrayer les célibataires sensibles avec sa certitude qu'«à deux, c'est mieux». Épris de sa copine depuis 10 ans, le dramaturge de 27 ans affirme néanmoins avoir souvent le réflexe d'adhérer au cynisme ambiant qui règne généralement lorsqu'on traite des relations hommes-femmes. C'est pour renverser la mouvance qu'il a imaginé Ventre.

«J'ai écrit ça pour aller à contre-courant. Pour, justement, amener quelque chose qui n'est pas cynique du tout. Ça ne nous mène nulle part d'être dans cette dérision par rapport à l'amour. J'ai voulu faire l'exercice contraire. Par contre, on ne voulait pas que ça soit quétaine dans le résultat. Dans le processus, on a eu peur que ça soit trop fleur bleue, mais je crois qu'on a réussi à contourner ces pièges-là.»

Ventre est le deuxième volet d'une trilogie amorcée avec La montagne rouge (SANG), déployée sur les scènes du Québec en 2010. Pour l'heure, Steve Gagnon n'a pas encore commencé à plancher sur l'écriture de la troisième et dernière ligne droite de l'œuvre. En attendant que celle-ci se conclue, il se consacre à d'autres projets. L'acteur en lui se produira notamment à l'Espace Libre, dans Scalpée, un récit d'Anne-Marie Olivier, à compter du 24 janvier.

Ventre est présentée au Théâtre La Licorne jusqu'au 23 janvier. La mise en scène est signée Denis Bernard. Il est à noter que la pièce comporte des scènes de nudité.

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