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Infoman 2012 : nos politiciens passent au tordeur... encore!

Infoman 2012 : nos politiciens passent au tordeur… encore!
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La plus grande force de la traditionnelle revue de l'année d'Infoman ? Jean-René Dufort, avec sa sympathique audace, se permet d'aller fouiller dans des zones qu'aucun autre créateur n'oserait explorer.

Par exemple, alors que Louis Morissette, en entrevue avec le Huffington Post Québec quelques jours avant la présentation de son ultime Bye bye, jurait ne pas vouloir s'aventurer en terrains trop glissants et précisait n'avoir pas trouvé de façon comique de traiter de l'attaque survenue au Métropolis le 4 septembre, notre Infoman national, lui, s'est littéralement fait sortir de scène par des gardiens de sécurité, de la même façon que Pauline Marois, en ouverture de son émission spéciale d'adieu à 2012, diffusée lundi soir. Yves Desgagnés est ensuite venu au micro pour s'excuser à la foule, exactement comme lorsque les faits se sont déroulés.

Et c'est avec le front qu'on lui connaît que Jean-René Dufort a laissé sa caméra balayer le hall d'entrée de la salle montréalaise, le soir des élections, pour constater qu'effectivement, aucun dispositif de sécurité n'avait été érigé en vue de cet événement important. On n'avait embauché aucun personnel supplémentaire pour monter la garde, et seul « un gars portant un chandail du Métropolis avec une bouteille d'eau » faisait le tri des gens qui se présentaient sur place. Preuve est donc faite qu'on pouvait réellement entrer et sortir « comme dans un moulin » au Métropolis lorsque le Parti Québécois célébrait sa victoire. Invitée à commenter le drame, assise devant l'animateur, Pauline Marois a ouvertement qualifié l'assaut d'attentat, ce que plusieurs ont hésité à faire au lendemain de la fusillade, souhaitant éviter d'accoler au geste une quelconque connotation politique.

Trudeau, Zambito et Marceau

Au-delà de sa formidable capacité à dédramatiser les sujets les plus lourds, Jean-René Dufort n'a pas son pareil pour tourner en dérision la chose politique et ses acteurs. Pour une 12ème année consécutive, les bourdes et déclarations maladroites de nos élus sont ainsi joyeusement passées au tordeur.

Les très animées interventions en chambre des députés du NPD ont notamment été saluées, avec une mention spéciale au jeune Jonathan Genest-Jourdain, qui s'est fait surprendre à somnoler pendant le discours d'une collègue. De Justin Trudeau, qui a affirmé « aimer le Québec et être en amour avec le Canada », on a dit qu'il était « canado-sexuel ». Au maire de Québec, Régis Labeaume, qui a lancé en juin qu'il préférait voir les Montréalais rester chez eux le soir de la Fête nationale, Dufort a rétorqué avec aplomb. « Vous, vous nous avez envoyé Radio X; gardez vos déchets chez vous, on va garder les nôtres! », a-t-il badiné, son habituel sourire aux lèvres. Labeaume a plus tard riposté en proposant de s'occuper de la gestion de la ville de Montréal « à contrat ».

Moment fort d'Infoman 2012, la reconstitution du « téléroman » qu'est devenu la Commission Charbonneau, où les phrases débitées par les témoins s'enchainaient musicalement sur l'air de Pour t'aimer j'ai menti, a probablement nécessité un travail de moine de la part des recherchistes et des monteurs du collage humoristique. Lino Zambito a par la suite cuisiné une appétissante pizza bien garnie en forme de « 3% », l'illusionniste Luc Langevin a offert un tour au nouveau ministre des Finances, Nicolas Marceau, Gérald Tremblay a vu sa démission être transformée en sermon eucharistique et Michel Jean, l'animateur de J.E, a entendu ses frasques au volant être chantées sous le titre Chauffer saoul, sur les accords de la ritournelle Zou Bisou Bisou, un puissant ver d'oreille. Bonne idée, aussi, que de parler du rayonnement international des exploits de la firme d'ici Moment Factory.

Seul bémol : on aurait aimé que le survol des derniers mois s'attarde plus longuement au conflit étudiant et à ses effets. On a bien montré quelques images du chaos qui s'est emparé de la métropole au printemps (et illustré, par le fait même, que « ça prenait 11 étudiants pour virer un seul char ») et adressé des clins d'œil à l'arrogance de Jean Charest, à l'impuissance de Line Beauchamp et de Michelle Courchesne et aux « trois amigos » qu'ont été Gabriel Nadeau-Dubois, Léo Bureau-Blouin et Martine Desjardins, mais on en aurait pris beaucoup plus. Chose certaine, le rythme effréné de l'ensemble ne laissait aucune place à la redite.

Infoman 2012 sera diffusée à nouveau ce soir, 1er janvier, à 20h, sur les ondes de Radio-Canada, puis reprise sur TOU.TV.

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