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Idle no more : le ras-le-bol autochtone

Idle no more : le ras-le-bol autochtone
Radio-Canada.ca

Un texte de Isabelle Montpetit

Le 21 décembre, jour du solstice d'hiver, des tambours devraient résonner partout au pays pour faire entendre les revendications des Autochtones. Une grande manifestation pacifique est prévue à Ottawa à l'initiative du mouvement Idle no more, expression qu'on pourrait traduire par « La passivité, c'est fini ».

D'autres événements sont prévus notamment à Montréal, à Edmonton, Winnipeg, à Regina, à Saskatoon, en Nouvelle-Écosse, à Whitehorse et devant des consulats canadiens aux États-Unis.

Tôt ce matin, des Micmacs ont bloqué la route 132 à Pointe-à-la Croix, en Gaspésie.

Ce mouvement s'est créé en octobre dernier, à l'instigation de quatre femmes de la Saskatchewan, au moment du dépôt du projet C-45 par le gouvernement fédéral. Le projet de loi de plus de 400 pages, maintenant adopté, modifie une panoplie de lois et de règlements. Les femmes ont organisé des marches et des rassemblements pour protester entre autres contre les modifications à la Loi sur les Indiens et à la Loi sur la protection des eaux navigables.

Dans le premier cas, les changements modifient le mode de consultation des communautés lorsque des terres de réserves sont vendues ou louées. Dans le deuxième, la protection ne s'applique qu'à 97 lacs et 62 rivières, alors qu'il y en a des dizaines de milliers au pays. Les Autochtones considèrent qu'ils auraient dû être consultés sur ces lois qui touchent leurs territoires.

Le 10 décembre, journée nationale d'action et de solidarité, des manifestations ont eu lieu partout au Canada. Puis, au fil des semaines, le mouvement Idle no more a cristallisé toutes les frustrations des Autochtones.

Il y a eu d'autres manifestations et des barrages routiers , et Twitter et Facebook ont permis de mobiliser des milliers de personnes partout au Canada.

Mobilisation pancanadienne

« Le projet de loi C-45 a été la goutte qui a fait déborder le vase. Nous sommes maintenant à un point de non-retour », dit Lynda Kitchikeesic Juden, une des organisatrices de la manifestation d'Ottawa. Elle dénonce les lois fédérales qui, selon elle, ne respectent pas les traités signés avec les Premières Nations.

Ce qui scandalise le plus cette organisatrice communautaire qui travaille à tisser des liens entre les jeunes Autochtones et les policiers, c'est l'imposition de peines minimales aux jeunes contrevenants, qui touche particulièrement les jeunes Autochtones.

Et ce n'est pas tout. Elle énumère en rafale la pauvreté abjecte dans laquelle vivent les communautés, le taux de suicide élevé, les meurtres de femmes autochtones, la pénurie d'eau potable, les gens qui gèlent dans le Nord et les entreprises qui font des fortunes sur les territoires autochtones.

Le mouvement a mis du temps à gagner le Québec, entre autres pour des raisons linguistiques. Beaucoup de non Autochtones l'appuient aussi, dit Melissa Mollen Dupuis, une des organisatrices de la marche de Montréal. « C'est une révolution des Premières Nations, la fin de l'apathie. Habituellement, chaque nation a ses propres demandes, mais maintenant, c'est un cri du coeur national et international », dit-elle.

Dans la foulée de ce mouvement, la chef de la communauté crie d'Attawapiskat, Theresa Spence, s'est installée à l'île Victoria, en face d'Ottawa, pour entamer une grève de la faim qu'elle entend poursuivre tant qu'elle n'aura pas rencontré le premier ministre Stephen Harper ou la reine pour discuter des droits issus des traités. Située sur la côte ouest de la Baie James, la communauté d'Attawapiskat a été projetée à l'avant-plan, l'an dernier, en raison d'une importante crise du logement.

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