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Park Geun-Hye, fille de dictateur et première femme présidente de Corée du Sud

Fille de dictateur et présidente de la Corée du sud
AFP

CORÉE DU SUD - Journée historique pour la Corée du Sud. Pour la première fois de son histoire, les électeurs ont porté une femme au sommet de ses institutions, Park Geun-Hye, élue pour un mandat non renouvelable de cinq ans à la tête de la quinzième économie mondiale.

La victoire de la candidate du parti conservateur (Parti de la nouvelle frontière) est désormais officielle. Après le dépouillement de plus de 90% des suffrages, Park Geun-Hye a en effet obtenu 51.6% des voix contre 48% au candidat du principal parti d'opposition, Moon Jae-In qui a publiquement reconnu sa défaite. "Tout le monde a fait de son mieux, mais je n'ai pas été en mesure de gagner", a-t-il concédé aux journalistes devant son domicile de Séoul. Avant d'ajouter : "J'accepte humblement le résultat de l'élection".

"Cette élection est une victoire pour vous tous, pour le peuple", a déclaré de son côté la nouvelle présidente, acclamée par une foule de partisans agitant sans faiblir des drapeaux pour fêter sa victoire au coeur de Séoul. "C'est une victoire venue du coeur du peuple qui espère faire repartir l'économie", a-t-elle ajouté.

Park Geun-Hyi n'est pas n'importe qui

À 60 ans, Park Geun-Hye n'est pas n'importe qui. Sa famille est bien connue du peuple coréen et son histoire épouse largement la trame de celle de son pays. La nouvelle présidente de la Corée du Sud n'est autre que la fille de Park Chung-Hee, jeune militaire arrivé au pouvoir par un coup d'État, qui aura mené l'industrialisation de la "République de Corée" d'une main de fer pendant près de 18 ans, jusqu'à son assassinat par son propre chef des services secrets en 1979.

Sa mère était tombée cinq ans plus tôt, sous les balles d'un militant favorable au régime communiste nord-coréen, qui tentait d'assassiner son mari. Après avoir suivi des études en France, elle est alors brutalement rappelée à Séoul pour jouer le rôle, protocolaire, de Première dame auprès de son père.

Ironie de l'histoire, Park Geun-Hye sera arrivée au sommet de l'État coréen en battant dans les urnes l'un des opposants historiques au régime de son père. Moon Jae-In est en effet une figure des années noires. Un adversaire notoire des militaires au pouvoir, qui paya de sa liberté son engagement dans les droits de l'homme dans les années 1970.

Elle veut être la "mère" de la Corée

Park Geun-Hye aura donc finalement réussi son périlleux déssein. Elle a dû s'affranchir publiquement du poids de l'image de son père pour parvenir à ses fins tout en ménageant ses électeurs, pour la plupart nostalgiques du régime militaire. C'est donc en des termes mesurés qu'elle a dénoncé fin septembre la répression des années 1960/1970 : "Je crois qu'une valeur inaltérable de la démocratie est que la fin ne peut pas justifier les moyens en politique."

Célibataire de 60 ans, sans enfant, Park a volontiers usé de son image de femme libre et moderne afin de séduire les électeurs de gauche et ceux, nombreux, lassés des affaires de favoritisme bénéficiant aux grandes familles du monde politico-économique du pays.

"Je n'ai pas de famille dont m'occuper et pas d'enfants à qui transmettre un héritage. Vous, le peuple, êtes ma famille et votre bonheur est la raison pour laquelle je reste en politique", déclarait-elle à la veille du scrutin. Et d'ajouter: "Comme une mère qui consacre sa vie à sa famille, je deviendrai la présidente qui prend soin des vies de chacun d'entre vous", une déclaration directement destinée à sa base électorale qui fait des devoirs domestiques et conjugaux de la femme un substrat inaltérable de la société sud-coréenne.

Un pays divisé par sa personnalité

Si ses détracteurs la jugent hautaine et froide, la qualifiant de "reine de glace", ses sympathisants louent son calme, ses qualités de dirigeante et une combativité dont elle n'aura pas de trop dans un pays patriarcal et vieillissant où 1% seulement de femmes siègent aux conseils d'aministration des grandes entreprises.

Très populaire auprès de l'électorat âgé et conservateur, nostalgique de la rapide croissance économique impulsée par son père, Park va désormais devoir faire face à une jeunesse sud coréenne qui n'a plus confiance dans les médias traditionnels et s'informent majoritairement sur internet. Une jeunesse qui s'était également montrée hostile à sa candidature. Dans un communiqué les étudiants d'une université de Séoul avaient par exemple qualifié sa candidature de "népotisme anachronique et de recul de la démocratie", comme le rapporte le site internet de Metro.

Malgré son tir de fusée condamné par la communauté internationale la semaine dernière, coïncidant avec le premier anniversaire du décès de l'ancien homme fort Kim Jong-Il, la Corée du Nord n'a pas été un thème majeur de la campagne présidentielle. Si Park et Moon ont exprimé leur volonté commune de redonner une impulsion aux relations intercoréennes, la nouvelle présidente s'est montrée plus réservée, son parti, le PNF, observant de longue date une ligne intransigeante à l'égard de Pyongyang.

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