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L'Irak, un an après la fin de la guerre avec les États-Unis: une année entre attentats et crise politique

L'Irak, un an après le départ des troupes américaines
AFP

IRAK - Le dernier convoi était composé de 110 véhicules transportant environ 500 soldats appartenant en grande majorité à la 3ème brigade de la 1ère division de cavalerie. Il a traversé la frontière à 7h30, heure locale, le 18 décembre 2011. Et c'était terminé. Une guerre de 8 ans, 8 mois et 25 jours venait de s'achever, sans réel vainqueur, laissant un État, certes débarrassé de Sadam Hussein, mais toujours aussi fragile sur le plan politique. L'année 2012 fut une année difficile dans un pays qui n'a pas encore su trouver le chemin de la paix.

Les Américains quittent l'Irak, le 18 décembre 2011

POLITIQUE : vote de défiance et condamnation à mort

Alors que les derniers véhicules américains viennent de passer la frontière, une grave crise politique débute. Le Premier ministre chiite, Nouri al-Maliki, est défié par ses alliés au sein du gouvernement, certains allant jusqu'à l'accuser d'être un "dictateur pire que Sadam Hussein". En représailles, il demande au Parlement de retirer sa confiance au vice-Premier ministre Saleh Moutlak (sunnite, membre d'Iraqiya) qui avait mené cette fronde. Le vote de défiance ne sera finalement pas organisé, faute de soutien au Parlement.

Le Premier ministre Nouri al-Maliki

La rivalité politique s'est aussi subitement déplacée sur le terrain pénal, le 19 décembre lorsque le vice-président sunnite Tarek al-Hachémi a été accusé d'avoir fomenté des assassinats. Tarek al-Hachémi, membre d'Iraqiya, n'a eu de cesse de réfuter ces accusations depuis son exil turc, assurant qu'elles étaient à caractère politique. Il a depuis été condamné à mort par contumace par la justice de son pays. Cette décision a provoqué de sanglants attentats dans le pays.

"Depuis le retrait militaire américain d'Irak en décembre, le gouvernement est en permanence au bord de la rupture", explique Georges Malbrunot, grand reporter au Figaro et spécialiste du Moyen-Orient.

ARMÉE: les forces irakiennes ne s'en sortent pas si mal

Depuis qu'elles ne sont plus épaulées par les Américains, les forces de sécurité irakiennes sont seules aux commandes et doivent gérer des infrastructures déficientes et des attentats quasi-quotidiens. Mais selon les statistiques officielles, elles ont réussi à empêcher une explosion des violences depuis le départ des soldats américains, puisqu'il y a eu moins de tués lors des 11 premiers mois de l'année que sur la même période en 2011.

"L'état de la sécurité n'a pas fondamentalement changé, en dépit du retrait américain. Et c'est déjà remarquable", soulignait récemment Joost Hiltermann, directeur adjoint du service Moyen-Orient de l'International Crisis Group. "Le retrait des forces américaines a entraîné une réduction de la formation, de la collecte de renseignement et de la capacité d'envoyer rapidement des renforts bien équipés sur les points chauds", a expliqué John Drake, expert au sein du groupe AKE. "Cependant, il n'y a pas eu de baisse des opérations de contre-insurrection et des arrestations", même si "l'armée irakienne a encore beaucoup de chemin à faire et qu'elle reste confrontée à une pénurie de moyens", a-t-il ajouté.

La guerre d'Irak en chiffres :

  • Plus d'un million de soldats américains sont allés en Irak, 4483 y perdu la vie et 33183 ont été blessés.
  • Entre 104080 et 113728 irakiens sont morts pendant les 8 ans et 8 mois de conflit
  • La guerre a coûte aux États-Unis 800 milliards de dollars, soit la moitié de la dette française

SÉCURITÉ: des attentats très nombreux, une dispute de terres

Malgré tout, même si les violences n'atteignent plus les niveaux effroyables des années 2006 et 2007, les attentats restent très fréquents dans le pays.

Voici une carte rassemblant les principaux attentats qui ont ensanglanté l'Irak en 2012. Passez votre souris sur la carte et cliquez sur les icônes pour en savoir plus. (Carte Google Maps)

Mais la plus grosse menace à l'unité de l'Irak est aujourd'hui l'âpre conflit qui oppose la région autonome du Kurdistan (nord) au gouvernement central. La dispute a d'abord porté sur l'exploitation des hydrocarbures du Kurdistan. Bagdad est en effet furieux de voir Erbil signer des contrats avec des compagnies pétrolières étrangères en se passant de son accord. Le conflit est allé crescendo jusqu'à connaître ces dernières semaines une suite militaire.

Les deux entités revendiquent toutes deux une bande de territoire qui comprend notamment la ville de Kirkouk. Les Kurdes enragent depuis que Bagdad y a installé l'un de ses quartiers généraux en septembre. Des troupes supplémentaires des deux camps ont été envoyées dans la région sans qu'une réelle confrontation n'ait toutefois lieu. Pour les Irakiens, les violences, sans atteindre les niveaux du conflit de 2006-08, restent la plaie majeure à laquelle ils doivent faire face.

L'Irak, un État, trois communautés :

La population irakienne est constituée de chiites, sunnites et de Kurdes. Dans ce pays, la population se définit avant tout selon son appartenance à l'une de ces trois communautés qui représentent "les trois loyautés fondamentales". "De nombreux Irakiens se définissent chiites, sunnites ou Kurdes. Le sentiment d'appartenance au même ensemble, la nation irakienne, passe au second plan." explique Philippe Moreau Defarges dans La Géopolitique pour les nuls. Ce qui explique les nombreuses tensions inter-ethniques et la "friabilité de l'édifice étatique.

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