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Ravi Shankar, le maître du sitar et père de Norah Jones, est décédé

Le Mozart du sitar, Ravi Shankar est mort
AFP

MUSIQUE - Son extraordinaire carrière musicale le mena des rives du Gange sous l'ère coloniale britannique aux festivals de Monterey et Woodstock, où il joua avec des "monstres" comme Janis Joplin et Jimi Hendrix. Au sommet de sa célébrité, à la fin des années 1960, lorsqu'il était l'enfant chéri du mouvement hippie en pleine recherche d'originalité et d'effets exotiques mystérieux, il fut décrit comme "le musicien indien le plus célèbre de la planète". Ravi Shankar, Le maître indien du sitar qui a influencé de nombreux artistes étrangers, des Beatles au violoniste classique Yehudi Menuhin (qui le surnommait "le Mozart du sitar"), est décédé aux Etats-Unis à l'âge de 92 ans, a annoncé sa famille ce mercredi 12 décembre.

Celui qui était aussi le père de la chanteuse de jazz et pop-folk Norah Jones est décédé dans un hôpital de San Diego, où il avait récemment subi une intervention chirurgicale pour le remplacement d'une valve cardiaque.

Le Premier ministre indien, Manmohan Singh, a fait part de sa tristesse et évoqué la perte d'"un trésor national et d'un ambassadeur mondial de l'héritage culturel de l'Inde". "Une ère s'achève. La nation se joint à moi pour rendre hommage à son génie insurpassable, à son art et à son humilité", a ajouté le chef du gouvernement.

Le maître de George Harrison

ravi shankar mort

Ravi Shankar, qui vivait en Californie, était né dans la ville sacrée de Bénarès, sur les bords du Gange, le 7 avril 1920. Il venait d'une famille de brahmanes, la plus haute caste dans la complexe société traditionnelle hindoue.

Le guitariste des Beatles, George Harrison, devint son élève dans les années 1960 et tous deux collaborèrent ensuite à plusieurs projets, notamment lors d'un concert de bienfaisance pour le Bangladesh en 1971. Harrison avait surnommé Ravi Shankar "le parrain de la World Music".

Bien que les sons envoûtants du sitar aient irrigué la pop music depuis quarante ans, en partie grâce à lui, ils gardent le même pouvoir de fascination chez les Occidentaux.

Tantôt méditative, tantôt échevelée mais toujours raffinée et complexe, cette musique construite en partie sur l'improvisation est hypnotique et mystérieuse, propice au vagabondage de l'esprit, comme hors du temps.

Il débuta très jeune sa carrière d'artiste en intégrant la troupe de danse de son frère aîné, Uday, et en participant aux tournées en Europe mais il revint en Inde à la fin des années 1930 pour étudier le sitar, luth à manche long, avec l'illustre musicien Allaudin Khan. En 1941, il épousa en premières noces la fille de Khan, Annapurna Devi, dont il eut un fils, Shubendhra. Le couple se sépara par la suite et Shubendhra, qui jouait aussi du sitar, mourut en 1992.

Son histoire sentimentale avec une productrice new-yorkaise de concerts, Sue Jones, lui donna sa fille Norah. Il eut plus tard un troisième enfant, Anoushka Shankar, avec sa seconde épouse, Sukanya Rajan. Anoushka est elle-même devenue une joueuse de sitar accomplie et elle s'est fréquemment produite avec son père.

Shankar avait commencé à attirer l'attention de musiciens étrangers après avoir été présenté à Yehudi Menuhin au début des années 1950. Il entama alors des tournées en Europe et aux Etats-Unis et sortit en 1955 son premier long album "Three Ragas".

Parmi les grands noms de la musique contemporaine ayant été influencés par son art, figurent les Byrds, dont le titre de 1965 "Eight Miles High" porte la marque des sons hypnotiques de Shankar. La même année, Harrison, qui avait acheté un sitar sur un coup de tête, joue de cet instrument à cordes pincées sur le titre "Norwegian Wood". Le guitariste rencontra le musicien l'année suivante puis se rendit en Inde, où le maître lui enseigna son art. Brian Jones, des Rolling Stones, utilisa également le sitar sur le célébrissime "Paint It, Black", sorti en 1966.

Shankar, qui fut membre du parlement indien de 1986 à 1992, estimait que sa plus grande réussite était d'aider le public occidental à mieux comprendre la musique classique indienne. Mais selon lui, les Indiens n'approuvaient pas toujours son association avec des stars occidentales et il avouait aussi que sa notoriété le mettait mal à l'aise. "Lorsque j'ai commencé à travailler avec George Harrison, je suis un peu devenu une pop-star moi-même. Partout où j'allais, on me reconnaissait. Je n'aimais pas du tout cela", confiait-il dans un entretien au quotidien britannique The Gardian en juin 2011.

Santé fragile depuis plusieurs années

Dans une déclaration publiée de New York via le compte Twitter du musicien, sa veuve, Sukanya, et sa fille, Anoushka, ont expliqué que "sa santé était fragile depuis plusieurs années et jeudi (dernier), il a subi une opération qui pouvait potentiellement lui donner un nouveau souffle".

"Malheureusement, en dépit des meilleurs efforts des chirurgiens et des médecins à son chevet, son corps n'a pas résisté à la fatigue de l'opération. Nous étions à ses côtés lorsqu'il est décédé", ont-elles ajouté. "Même si c'est un temps de chagrin et de tristesse, c'est aussi le temps du remerciement et de la gratitude pour l'avoir eu dans nos vies", ont ajouté les deux femmes. Sa famille et la fondation Ravi Shankar ont expliqué qu'il souffrait de problèmes respiratoires et cardiaques.

Selon le texte de son entourage, le musicien s'était produit pour la dernière fois en concert le 4 novembre à Long Beach, en Californie, avec sa fille Anoushka.

Retrouvez dans notre vidéorama quelques-unes des performances de Ravi Shankar:

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