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La Commission Charbonneau répond-elle à vos attentes? Survol des derniers mois

La Commission Charbonneau répond-elle à vos attentes?
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Trente mois : c'est ce qu'il aura fallu pour que le gouvernement Charest accepte finalement d'instituer une commission d'enquête sur l'octroi des contrats dans l'industrie de la construction. Maintenant qu'elle est en place, la Commission Charbonneau répond-elle à vos attentes?

Depuis les premiers reportages de Radio-Canada en mars 2009, sur les dépenses à la FTQ-Construction et les liens entre ses hauts dirigeants et le crime organisé, les allégations de corruption liées au financement des partis politiques se multiplient (voir galerie-photo ci-dessous).

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Ni la mise en place de l'Opération Marteau, en avril 2009, ni la nomination de Jacques Duchesneau à la tête de l'Unité anti-collusion en février 2010, ni la création de l'Unité permanente anti-corruption en février 2011, n'assèchent la soif des Québécois pour une enquête publique.

« Il faut protéger les enquêtes policières », répète Jean Charest, pour qui une commission d'enquête est davantage un « tout-inclus pour les journalistes ». Sauf qu'à peu près tout le monde la réclame, incluant les partis d'opposition, le maire de Montréal et la FTQ-Construction.

Avril 2009

Construction: la (longue) marche vers une enquête

La fuite du rapport Duchesneau, en septembre 2011, ne lui laissera plus le choix. Le document conclut que le crime organisé et les entreprises de construction sont responsables des coûts élevés payés par l'État pour ses projets de construction, et qu'une partie de l'argent est ensuite transférée vers les caisses électorales des partis politiques.

La commission Charbonneau est annoncée dans les semaines suivantes. Un accouchement au forceps, puisque le gouvernement Charest prendra encore quelques jours avant de lui accorder les pleins pouvoirs en vertu de la loi sur les commissions d'enquête.

Des débuts lents

En février, France Charbonneau lance un appel vidéo pour que les témoins se manifestent. La commission entreprend ses audiences quatre mois plus tard avec un témoin incontournable pour mettre la table, Jacques Duchesneau. Il estime que 70 % du financement des partis politiques provient d'«argent sale».

Les audiences reprennent en septembre avec le témoignage d'experts en mafia comme Joe Pistone, alias Donnie Brasco.

Puis, l'entrepreneur Lino Zambito vient mettre à nu le stratagème de corruption et de collusion. Pendant sept jours, il explique que la mafia recevait 2,5 % des contrats, le parti du maire Tremblay, 3 %. Il implique notamment le maire de Laval, Gilles Vaillancourt, et des organisateurs libéraux comme Pierre Bibeau.

Celui qui le suit à la barre, l'ingénieur à la retraite de la Ville de Montréal, Gilles Surprenant, corrobore son témoignage. Il aurait reçu environ 700 000 $ en pots-de-vin sur 20 ans. Son collègue Luc Leclerc y va de révélations similaires, estimant qu'ils étaient de la « pâte à modeler » pour les entrepreneurs.

Le témoignage de Martin Dumont, ancien organisateur du parti de Gérald Tremblay, porte un coup fatal au maire de Montréal. Il affirme que le maire connaissait l'existence d'une double comptabilité dans son parti. Gérald Tremblay annoncera sa démission une semaine plus tard.

Dans la foulée, le maire de Laval, Gilles Vaillancourt, et le maire de Mascouche, Richard Marcotte, quitteront également leurs fonctions, non sans de généreuses primes de départ.

La maison de Gilles Vaillancourt en vente (Octobre 2012)

Avec la défaite de Jean Charest, la démission de maires, la retraite d'un des plus importants entrepreneurs comme Tony Accurso et la mise au ban de nombreux organisateurs, c'est toute une génération politique, intimement liée au monde des affaires, qui tire sa révérence dans la tourmente.

Selon vous, la commission Charbonneau aurait-elle débouché sur autant de révélations si elle avait été déclenchée plus tôt? L'indignation suscitée par la succession d'allégations a-t-elle été un moteur?

Rares sont ceux qui peuvent encore douter de l'utilité de cette commission d'enquête, même si les ratés administratifs et les changements de procureurs ont ralenti la machine. Mais la commission Charbonneau changera-t-elle la donne à long terme?

Tony Accurso

La commission Charbonneau en bref

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