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Mr MadDogg: le cuisinier du Bosman (VIDÉO)

Mr MadDogg : le cuisinier du Bosman (VIDÉO)

Plus que jamais, le cinéma documentaire est présent sur toutes les plateformes. Sur le Web ou sur grand écran, les ingrédients d'une bonne histoire sont pourtant les mêmes : un personnage, un décor et une intrigue réunis avec doigté pour raconter une émotion universelle.

Ici, Chez soi est un documentaire Web de l’ONF dans les coulisses de Chez Soi, une grande enquête de la Commission de la santé mentale du Canada pour stopper l’itinérance chronique. Le concept? Donner un toit aux sans-abri.

La réalisatrice Lynne Stopkewich nous propose un moment artistique unique dans le court métrage Personnalité exemplaire, tourné dans le sous-sol d'un curieux hôtel de Vancouver dont les chambres ont été converties en logement pour sans-abri.

M. MadDogg, dont le visage se dérobe sans cesse à la caméra (à sa demande), est le héros involontaire de ce vidéoclip qui présente un quotidien loin d'être banal. La voix dure et les bras couverts de tatouages, il connaît trop bien l'itinérance à Vancouver, une ville malheureusement célèbre pour les graves problèmes de drogues des résidents du Downtown Eastside.

M. MadDogg a arpenté les rues de Vancouver pendant 20 ans, à recueillir des contenants recyclables et autres objets de valeur pour les échanger contre un peu d'argent. « La nuit, les rues sont tranquilles. J'aime ça. », nous a-t-il confié au téléphone, au moment de la mise en ligne du film sur la plateforme Ici, Chez soi.

Si la consommation de drogues et l'itinérance sont derrière lui, M. MadDogg n'a rien perdu de son désir d'être affranchi des normes de la société. La marge, il la connait bien : même s'il est un modèle pour les autres résidents du Bosman, ilvit en solitaire. Les tapes dans le dos et la vie en communauté, tout cela compte très peu pour lui.

Aujourd'hui, M. MadDogg fait tout de même sa part au Bosman... en préparant le petit déjeuner. Au total, il travaille dans la cuisine une vingtaine d'heures par semaine. La réalisatrice Lynne Stopkewich croit que l’accent sur les actions et les paroles de MadDogg, plutôt que son visage, nous aide à comprendre sa réalité. « Je crois que c'est intéressant d'utiliser le langage cinématographique pour étendre l'expérience des visiteurs et leur compréhension de l'histoire d'une personne. »

L'Hôtel Bosman: un concept unique

Pour bien saisir l'histoire de MadDogg, nous avons voulu en savoir davantage sur le Bosman'sMotorHotel, ce bâtiment rénové pour accueillir des participants du projet Chez soi.

Voici sept caractéristiques de ce lieu hors du commun et le projet Chez soi à Vancouver :

- L'endroit a été inauguré le 23 août 2010. C'est la Commission de la santé mentale du Canada et la PHS Community Services Society qui ont piloté les rénovations; la Ville de Vancouver et la Fondation Street to Home ont notamment participé au financement.

- Les cent résidents du Bosman ont chacun leur chambre et ils ont accès à des services sur place afin de les aider dans leur rétablissement (soins psychiatriques, aide à l'emploi, thérapies de groupe, programme de diminution de risques (harmreduction ).

- À Vancouver, l'équipe du projet Chez soi se penche particulièrement sur la consommation de drogue et d'alcool chez les personnes avec un problème de santé mentale qui vivent une situation d'itinérance. Au Bosman, tous les participants font partie d'une clientèle à risque élevé, qui bénéficie d'un suivi serré des travailleurs du projet.

- Le terme anglais « congregatehousing » désigne un endroit comme le Bosman, où plusieurs participants sont logés sous un même toit. Sam Tsemberis, le concepteur de l'approche Logement d'abord « HousingFirst » a d’abord exprimé quelques réticences à l'idée de ne pas loger les participants dans des appartements conventionnels.

- Le sort des résidents du Bosman n'est pas encore certain après la date butoir du 31 mars 2013, fin officielle de la phase scientifique du projet Chez soi.

- Dans la métropole de l'Ouest canadien, le projet Chez soi a logé et fourni des services à 288 participants comme MadDogg. Un total de 189 font partie du groupe-témoin; ils doivent se débrouiller avec les services existants.

- À Vancouver, la concentration d'individus en état d'itinérance chronique reste la plus importante au pays. Le maire Gregor Robertson a promis de mettre fin au phénomène dans la ville d'ici 2015.

Et Montréal?

À Montréal, il existe plusieurs refuges temporaires pour personnes itinérantes. La mission Old Brewery, la Maison du Père et le Refuge des jeunes sont quelques- uns des organismes offrant un soutien aux personnes itinérantes. Valère, participant non logé de Chez soi, habite d’ailleurs dans une chambre de la Maison du Père dans le film En attendant un toithttp://chezsoi.onf.ca/#/chezsoi/video/2.

Le projet Chez soi à Montréal collabore avec l'organisme Diogène pour offrir un suivi aux participants logés. La collaboration entre le système de santé et les groupes communautaires est l'un des enjeux examinés par la Commission de la santé mentale à Montréal. Les intervenants de Diogène sont spécialisés dans l'accompagnement d'individus avec des problèmes de santé mentale et de consommation. Pour Diogène, pour l'équipe du Bosman et pour tous les intervenants du projet Chez soi, la priorité reste la même : chaque participant est maître de son rétablissement, et ses besoins spécifiques sont au cœur des traitements qui lui sont offerts. Et cela vaut pour M. MadDogg.

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