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Spectacle des Trailer Park Boys: Dear Santa Claus, Go F#CK Yourself

Trailer Park Boys: F*ck you, père Noël
Jean-François Cyr

MONTRÉAL - Ricky (Robb Wells), Julian (John Paul Tremblay), Bubbles (Mike Smith), Randy (Patrick Roach) et le policier déchu James « Jim » Lahey (John Dunsworth) étaient de passage au Théâtre Saint-Denis de Montréal avec leur incomparable Trailer Park Boys (de la populaire série télé canadienne de Showcase Television Network). Toujours aux prises avec des mésaventures absurdes et grotesques, ces aberrants personnages étaient du nouveau spectacle, Dear Santa Claus, Go F#CK Yourself (Cher Père Noël, vas te faire foutre)...

Très apprécié dans plusieurs pays, ce spectacle comique est devenu quasi mythique, la tournée du trio principal avec les groupes de musique Our Lady Peace et Gun's N' Roses (il y a plusieurs années déjà) n'ayant fait qu'augmenter leur popularité. Cette tournée 2012, dont la prestation humoristique anglophone (réalisé par Mike Clattenburg) s'inspire des histoires débiles d'un groupe de résidents d'un parc de roulottes situé dans une ville fictive dénommée Sunnyvale Trailer Park, en Nouvelle-Écosse. Cette fois, les quarantenaires sont catapultés à Montréal (tout dépend de la ville hôte) pour une fête de Noël.

Oreilles chastes s'abstenir. Ce groupe de sympathiques et imbéciles personnages n'a rien perdu de son irrévérence bien grasse. Du début à la fin, le nouveau stand-up comique est tapissé de superlatifs «fuck» et de blagues douteuses sur le cul, la naïveté et la camaraderie. Rien n'a vraiment changé, sinon la trame narrative elle-même.

En ouverture, une caméra placée dans la loge des comédiens (les performances de Trailor Park Boys sont toujours très réalistes) diffuse les images sur un écran géant disposé sur scène. À cause d'un problème électrique dans la salle, les gars hésitent à faire leur apparition. Un verre à la main (l'alcool est toujours bien présent), torse nu, et accoutré de la moitié d'un costume de lutin, Randy finira par obtempérer aux demandes incessantes de Bubbles qui s'impatiente de rencontrer les Montréalais.

Dans la salle pratiquement remplie du Saint-Denis, c'est le party. La plupart sont des habitués. De bon cœur, mais pas toujours de bon goût, on crie des bêtises aux personnages. On rigole bien fort avec eux. Plusieurs boivent aussi avec enthousiasme, question d'être vraiment de la fête! Quand l'ex-policier Lahey viendra faire « chanter » Julian, les spectateurs seront d'ailleurs offusqués d'une telle bassesse. Le plan machiavélique ? L'alcoolique ancien agent insiste pour que ce dernier admette devant ses camarades que le père Noël n'existe pas (plus tard, Ricky en sera dérouté). Il s'est infiltré dans la demeure de Julian pour boire et subtiliser ses bouteilles de rhum tant appréciées... Aux dires de Ricky, Noël est ruiné.

Du vrai bon gras

Dans le respect de la tradition «faux documentaire» qui habillait la télésérie et quelques films produits, les comédiens sont crédibles et assez bons dans leur délire difficile à évaluer en terme de qualité tellement la proposition est hors norme.

À part quelques verres, une petite table ronde, un médiocre sapin, une caméra vidéo et un écran sur lequel sont diffusées des images prises « antérieurement » par certains membres du groupe (des photos compromettantes qui exposent au grand jour les jeux sexuels entre le policier et Randy en font partie), la mise en scène est sobre et très réaliste. Comme si les personnages jouaient leur propre rôle. Ce qu'on voit ? Cinq gars qui racontent des conneries dans le cadre de Noël, rien de bien plus. À cet égard, cette approche rejoint de nombreuses autres performances d'humoristes nord-américains. Pas de flafla, on balance les «jokes», sans grand décorum.

Carnavalesque à souhait, ce spectacle de Noël pour les grands exploite d'abord l'absurdité et la médiocrité humaine, pour le meilleur et pour le pire. Dear Santa Claus, Go F#CK Yourself est tantôt hilarant, parfois redondant avec ses blagues de cul qui tombent de temps en temps à plat. Mais ce feu roulant de moqueries et d'insanités dingues et dégoulinantes, transposées dans des personnages tout aussi stupides qu'attachants, est somme toute assez efficace. Il a du moins fait la joie de centaines de fidèles Montréalais réunis comme à la messe de Noël. Sauf qu'ici l'homélie est bien plus grinçante et juteuse...

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