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La Française agressée parce qu'elle chantait en français dans un bus à Melbourne témoigne

La Française agressée dans un bus de Melbourne témoigne
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XÉNOPHOBIE - "Parle anglais ou meurs." C'est par ces mots qu'une jeune française qui chantait dans sa langue alors qu'elle était à bord d'un bus à Melbourne en Australie a été sommée de se taire avant d'être violemment insultée et menacée par plusieurs passagers du bus.

Cette agression a été filmée par un passager du bus et ces images ont fait le tour du monde. Quatre jours après la publication de la vidéo sur YouTube, celle-ci a été visionnée plus d'1,5 millions de fois. Face à l'écho de ce film de 2,30 minutes, la Française a révélé son identité et s'est confiée à la presse ce jeudi 22 novembre.

La scène qui a choqué les internautes

Cet incident a eu lieu le 11 novembre dernier. Mike Nayna, un comédien qui était dans le bus en question a filmé et publié la vidéo de l'agression sur YouTube en ajoutant un commentaire sur le racisme en Australie. Mercredi, la vidéo du comédien avait déjà été visionnée plus de 700.000 fois. Un jour plus tard elle dépasse 1,5 million de vues.

» Voici l'extrait de l'agression:

La Française chante dans sa langue d'origine, avant qu'une femme présente dans l'autocar, ne commence à entonner un refrain populaire patriote: "Aussie, Aussie, Aussie" ("Australie, Australie, Australie"), poussant la Française a élevé la voix, dans ce qui semble être encore un jeu bon enfant.

Mais la situation dégénère: "Speak English or die motherfucker" ("Parle anglais ou meurs, enculée"), lui lance un passager avant de menacer de "couper les seins de cette salope". Un autre passager rejoint ensuite la vindicte et lui assène: "Putain je vais te planter, salope, si tu parles à ma meuf comme ça! Vas-y, descends, sale pute!" Puis, pendant que l'homme à la poussette descend du bus, un autre agresseur crie à la Française: "Tout le monde dans ce bus veut te tuer, et va bien falloir que tu descendes à un moment, salope!" Une avalanche d'invectives xénophobes et sexistes finalement ponctuée par le fracas de ce qu'on l'on imagine être le bruit d'une vitre de bus brisée.

Le témoignage de la Française

Quatre jours après la diffusion de cette vidéo sur Internet, la victime s'est exprimée dans un média australien. Cette Française s'appelle Fanny Desaintjores et elle confie avoir été"terrifiée" par ces passagers.

Dans son témoignage, Fanny Desaintjores explique qu'elle rentrait d'une journée à la plage et d'un barbecue avec 9 amis. Selon elle, son premier agresseur était "saoul".

"J'ai d'abord pensé qu'il plaisantait, puis j'ai réalisé que ça n'était pas le cas. Mes amis et moi avons arrêté de rire. Nous avons eu peur qu'il vienne vers nous et nous frappe", raconte-t-elle.

Une enquête pour retrouver les agresseurs

Cet incident a été signalé à la police australienne mercredi 21 novembre, après la diffusion massive de la vidéo sur les réseaux sociaux. Plusieurs appels à témoins circulent sur Twitter et Facebook:

Dans les médias australiens, la consternation est de mise. Un chroniqueur a d'ailleurs décrit les auteurs de ces abus comme des idiots qui ont été"filmés pour leur plus grande honte et pour notre plus grand embarras sur la scène internationale".

L'affaire fait ressurgir des vieux démons que l'Australie pensait révolus et a aussitôt déclenché un débat national sur la question du racisme et de la xénophobie, alors que tous les États et territoires australiens sont soumis à des lois contre la diffamation raciale.

En 2010, l'Inde avait déjà émis un avertissement à l'attention de ses ressortissants le meurtre d'un étudiant au poignard. Le nouveau battage médiatique suscité par la vidéo de Mike Nayna pourrait bien anéantir tous les efforts fait par Melbourne pour cultiver l'image d'un centre culturel cosmopolite.

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