Le ministre des Finances a dû réaliser un exercice d'équilibriste pour boucler le premier budget du gouvernement Marois. Nicolas Marceau avait la difficile tâche d'effacer un déficit anticipé de 1,43 milliard$ en 2013-2014 afin d'atteindre l'équilibre budgétaire. Le tout sans trop heurter la classe moyenne, alors que le Québec pourrait être replongé en élections à tout moment. La solution? Taxer le vice et égrener des hausses tarifaires.
Dans son budget déposé mardi à l'Assemblée nationale, Nicolas Marceau annonce une hausse-surprise de 4$ de la cartouche de 200 cigarettes, soit 2 sous par cigarettes, comme l'a souligné le ministre. La hausse est effective à compte de minuit mardi soir.
Du même souffle, les consommateurs devront débourser 3 sous de plus pour une bouteille de bière et 17 sous pour une bouteille de vin. Encore une fois, la hausse est immédiate et entrera en vigueur dès la fermeture des bars à trois heures mercredi matin.
Ces deux mesures devraient apporter 230 millions$ dans les coffres de l'État.
Le ministre espère également obtenir plus de revenus des amateurs de jeux de hasard. Comme toutes les sociétés d'État, Loto-Québec devra verser plus d'argent à la caisse du gouvernement québécois.
Pour y arriver, le gouvernement souhaite lutter contre le jeu illégal, qui connaît une hausse importante depuis l'essor d'Internet. La part du jeu illégal est passée de 17,1% en 2002 à 31,8% en 2009.
Les amateurs de machines à sous seront également mis à contribution. Le nombre maximal de machines permis dans un établissement sera augmenté, sans modifier le total de 12 000 machines au Québec.
Cette nouvelle mise en marché de Loto-Québec permettra d'aller chercher 50 millions$ en 2013-2014 et 90 millions$ en 2014-2015.
Un budget régressif?
Pour la porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, la contribution supplémentaire demandée à Loto-Québec équivaut à taxer les personnes à faible revenu. «Hausser légèrement les taxes sur le tabac et l'alcool ne nous paraît pas dramatique, dit-elle. Par-contre, demander à Loto-Québec de rapporter plus de revenus à l'État équivaut à taxer les plus pauvres.» La formation de gauche aurait préféré une hausse des impôts des entreprises et des contribuables les plus fortunés.
De son côté, l'Union des consommateurs estime que les diverses mesures annoncées sont régressives. «On vient taxer des gens qui ont peu de moyens», dit Philippe Viel, responsable des communications. L'organisme aurait préféré un impôt progressif sur le revenu.
En plus des taxes sur le tabac et l'alcool, l'organisme souligne que l'indexation du tarif de l'électricité affectera l'ensemble de la population sans discrimination. «Même des gens qui sont trop pauvres pour payer des impôts devront payer pour cette hausse», dit-il. En 2011, 55 000 foyers ont dû être débranchés en raison d'un défaut de paiement, affirme Philippe Viel. «Les consommateurs n'arrivent déjà plus à payer leur compte d'électricité et on leur demande de payer davantage.»
Pour Philippe Viel, la classe moyenne ne devrait pas non plus se réjouir. «Il n'y a rien pour augmenter leurs revenus, alors que le prix de l'essence et du panier d'épicerie continuent de grimper», souligne-t-il.
Il souligne que le budget Marceau fait l'impasse sur la hausse des redevances minières. «Cela aurait pu amener des revenus importants», souligne-t-il. En conférence de presse, Nicolas Marceau a expliqué avoir manqué de temps pour inclure cet élément dans son budget. «Nous allons changer le régime de redevances minières au cours des prochains mois, a-t-il dit. Mais nous voulons le faire en concertation avec les personnes concernées.»
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