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Harcelé sans relâche après avoir tenu tête à la mafia

Comment la mafia a harcelé un entrepreneur de Québec
SRC

Un texte de François Messier

À la commission Charbonneau, l'entrepreneur Martin Carrier, de la compagnie Céramiques Lindo, est venu raconter comment la mafia l'a harcelé sans relâche après qu'il eut décroché un contrat que convoitait Francesco Bruno, de BT Céramique.

Il s'agissait d'un contrat de pose de céramiques au pavillon Jean et Marcel Coutu de l'Université de Montréal, qui était géré par l'entrepreneur général Pomerleau. Le contrat a été exécuté par Céramiques Lindo en 2004.

L'émission Enquête avait déjà révélé en novembre 2010 que l'entrepreneur de Québec avait été menacé au téléphone par Francesco Del Balso, l'un des hommes forts du clan mafieux Rizzuto, relativement à cette affaire.

M. Del Balso, aujourd'hui emprisonné, avait appelé M. Carrier le 17 janvier 2004, trois jours après que Pomerleau eut confirmé que Céramiques Lindo allait obtenir le contrat.

L'appel de Del Balso a été enregistré par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) dans le cadre de l'opération Colisée.

M. Carrier a porté plainte à la police de Lévis à la suite de ce premier appel, mais cela n'a pas mis un terme aux menaces. Un mois plus tard, il a reçu un autre appel. On lui a dit : « Tu n'as pas écouté, on t'avait averti, c'est fini. »

C'est un agent de la GRC, René Gervais, qui l'a informé, en 2006, que son mystérieux interlocuteur était Del Balso.

M. Carrier a raconté ce matin qu'il a aussi reçu en février 2011 une carte de sincères condoléances dans laquelle était inscrit, à gauche : « Cher ami! Ne soumissionne plus à Montréal. Tu risque [de] voir ta famille recevoir une carte identique à celle-là. DERNIER AVIS ».

Le témoin Martin Carrier dit être convaincu que la carte lui a été envoyée par Francesco Bruno. Ce dernier, qu'il avait déjà rencontré, l'avait appelé à l'automne 2003 pour lui demander de ne pas soumissionner pour le contrat à l'Université de Montréal.

Martin Carrier avait refusé.

Martin Carrier a aussi raconté que Francesco Bruno avait intenté une poursuite de 3 millions de dollars contre lui et la société Radio-Canada après la diffusion du reportage d'Enquête. M. Bruno s'est finalement désisté en avril 2011.

Francesco Bruno et BT Céramique ont plaidé coupables le 2 février 2011 à huit chefs d'accusation de fraude fiscale, au palais de justice de Montréal. Ils ont été condamnés à une amende de 1,2 million de dollars.

En plus d'avoir fait de fausses déclarations pour ses entreprises, Francesco Bruno a reconnu avoir fourni des factures de complaisances qui ont permis à Louisbourg et Simard-Beaudry, deux entreprises appartenant à l'époque à Tony Accurso, d'éluder des impôts.

Il a été arrêté de nouveau le 9 août dernier pour avoir présumément mis sur pied un subterfuge pour contourner l'impôt fédéral. Il est accusé de complot, de fraude, de faux et d'abus de confiance par un fonctionnaire public dans cette affaire. Quatre autres individus, dont Tony Accurso, font face aux mêmes accusations.

Del Balso visé par Colisée

Après Martin Carrier, la commission a appelé un de ses enquêteurs, Éric Vecchio, à la barre des témoins. L'enquêteur détaché du SPVM a expliqué que M. Del Balso était visé par l'opération Colisée. Il faisait partie de la cellule de Frank Arcadi, qui répondait directement au clan Rizzuto.

M. Vecchio a raconté qu'il a rencontré Francesco Del Balso au pénitencier de Drummondville en 2012.

Ce dernier a dit avoir appelé M. Carrier pour faire une « faveur » à Nicolo Rizzuto père. Lui-même ne s'occupait pas des dossiers de construction, a-t-il dit.

M. Vecchio a par ailleurs révélé qu'il avait remis un subpoena à Francesco Del Balso. Le mafieux devrait donc comparaître avant longtemps devant la commission.

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