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Les Autochtones sont au bout du rouleau, prévient leur chef Shawn Atleo dans une lettre à Harper

Les Autochtones en ont assez
AFP/Getty Images

OTTAWA - L'Assemblée des Premières Nations (APN) prévient le premier ministre Stephen Harper que les communautés autochtones du Canada sont au bout du rouleau.

Dans une lettre au ton mordant, le chef national de l'APN, Shawn Atleo, écrit que l'initiative du gouvernement fédéral pour stimuler l'indépendance et la prospérité des Autochtones, lancée en grande pompe en janvier dernier, ne donne aucun résultat.

La Presse Canadienne a obtenu copie de cette lettre envoyée le mois dernier. Une version plus détaillée, destinée au ministre des Affaires autochtones, John Duncan, a aussi été envoyée au même moment.

M. Atleo y soutient que le premier ministre Harper n'a fait aucun progrès dans les dossiers qu'il a promis de régler: l'éducation, les revendications territoriales, la mise en oeuvre des traités, le développement économique et les ententes fiscales.

«Il y a eu une perte de momentum et un sentiment de frustration qui est ressenti par le leadership des Premières Nations», écrit M. Atleo dans sa missive de trois pages adressée au premier ministre.

En fait, le chef Atleo estime que M. Harper continue consciemment de promouvoir une loi et un ordre du jour fragmenté qui ne conviennent pas aux Premières Nations, ce qui érode le faible lien de confiance entre les Autochtones et le gouvernement.

Dans sa lettre de cinq pages envoyée au ministre Duncan, M. Atleo examine chaque dossier que les Premières Nations et le ministère se sont entendus pour traiter, et décrit de quelle façon l'inertie bureaucratique et l'absence de mandat ont grevé chaque échange.

«Le leadership des Premières Nations s'est engagé de bonne foi pour entamer un dialogue, mais celui-ci s'est uniquement heurté à des responsables ministériels disant ne pas avoir de mandat pour ne serait-ce qu'entamer les discussions», écrit-il.

Résultat, ajoute M. Atleo : le rapport d'évaluation des progrès devant être publié l'an prochain sera vide, alors que le gouvernement présente des projets de loi ayant un impact sur les Premières Nations, comme si le sommet et la déclaration de janvier dernier n'avaient jamais eu lieu.

«Nous avons été patients et évité de porter un jugement. Cette patience et la bonne volonté que nous avons démontrée ont des limites», souligne M. Atleo.

Jason MacDonald, un porte-parole du ministre Duncan, a indiqué que ni le ministre, ni M. Harper n'avaient répondu par écrit. M. Duncan le fera «rapidement», a-t-il précisé.

Un interlocuteur gouvernemental au fait du dossier a toutefois exprimé des frustrations semblables au sujet des leaders des Premières Nations. Les progrès sont lents parce que les Premières Nations elles-mêmes n'ont pas une idée unifiée et cohérente de ce qu'elles veulent, mentionne cette personne.

En tant que chef national, il est d'ailleurs vrai que M. Atleo ne représente pas l'ensemble des Premières Nations. Il communique plutôt avec le gouvernement et le public au nom de plus de 600 chefs dont les demandes et les inquiétudes sont multiples et variées, en plus de provenir de communautés diverses.

Selon un point de vue un peu plus terre à terre, M. Atleo a été le visage calme d'une population de plus en plus en colère, pressant le gouvernement fédéral de travailler avec lui avant que la frustration n'atteigne des proportions inquiétantes.

Les lettres portent à croire que ce point de non-retour pourrait être bientôt atteint.

Le chef Atleo réclament de MM. Duncan et Harper qu'ils donnent un mandat clair aux fonctionnaires et qu'ils injectent leur volonté politique dans les projets qui battent de l'aile. Il désire également une évaluation neutre du financement de l'éducation, et qu'un organisme indépendant tranche la question des réclamations territoriales.

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