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Affaire Petraeus: aucun courriel n'est véritablement privé

Affaire Petraeus: aucun courriel n'est véritablement privé
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WASHINGTON - Aucun courriel n'est véritablement privé, y compris ceux du directeur de la CIA.

La démission de l'ancien patron de l'agence américaine de renseignement, David Petraeus, montre à quel point les enquêteurs fédéraux américains peuvent facilement accéder aux courriers électroniques et autres données informatiques, sur simple mandat, s'ils pensent qu'un crime ou un délit a été commis. Le FBI, la police fédérale américaine, a découvert l'existence d'une relation extraconjugale entre David Petraeus et sa biographe, Paula Broadwell, en enquêtant sur une affaire de harcèlement par courriel.

«Le gouvernement ne peut pas se promener dans vos courriels juste parce qu'il aimerait savoir ce que vous pensez ou ce que vous faites. Mais s'il enquête sur un délit, il dispose d'un grand pouvoir pour les examiner», explique Stewart Baker, ancien secrétaire adjoint du département de la Sécurité intérieure des États-Unis.

En vertu d'une loi de 1986 sur les communications électroniques, les autorités fédérales américaines n'ont besoin que du feu vert d'un procureur, et non d'un juge, pour avoir accès à des messages électroniques remontant à six mois ou plus.

Pour consulter des courriels plus récents, il est nécessaire d'obtenir l'approbation d'un juge. Plusieurs organisations souhaitent une actualisation de la loi, rédigée à une époque où la plupart des courriels étaient effacés au bout de quelques mois: les stocker indéfiniment coûtait cher. Aujourd'hui, avec l'«informatique en nuage» («cloud computing»), on peut emmagasiner gratuitement d'énormes quantités de données et de messages sur des serveurs distants.

«La technologie a évolué d'une façon qui permet de rendre accessible une plus grande quantité de communications sans autorisation judiciaire», note Greg Nojeim, du Centre pour la démocratie et la technologie. Un constat qui a amené le président de la commission judiciaire du Sénat, Patrick Leahy, à proposer d'amender la loi de 1986 afin de rendre obligatoire l'approbation d'un juge pour toutes les communications.

Actuellement, un simple mandat est suffisant pour obtenir des fournisseurs d'accès à Internet toutes les informations dont ils disposent sur le titulaire d'une boîte de courriel, en particulier son identité. Google, dont le service Gmail est l'un des plus utilisés, déclare avoir reçu en 2011 quelque 12 300 requêtes des autorités fédérales américaines, exécutées dans plus de 90 pour cent des cas. Même si un compte Gmail est ouvert avec un nom fictif, il existe d'autres moyens de remonter au véritable utilisateur. Les registres de connexion («logs») permettent notamment de retrouver l'adresse Internet de l'utilisateur, ainsi que l'ordinateur dont il s'est servi.

Dans l'affaire Petraeus, un compte Gmail a joué un rôle de premier plan dans l'enquête du FBI. D'après des enquêteurs qui ont requis l'anonymat, David Petraeus et Paula Broadwell ont tenté de dissimuler leurs messages. Ils ne les transmettaient pas tous directement: certains, rédigés sur un compte Gmail, n'étaient pas envoyés mais simplement déposés dans un dossier brouillons ou une boîte de dépôt («dropbox»). L'un ou l'autre des destinataires pouvait ainsi se connecter sur le compte commun et lire les messages sans laisser trop de traces. Mais cela ne leur a pas suffi pour conserver l'anonymat...

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