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Barack Obama et Mitt Romney face au défi de l'économie

Obama et Romney face au défi de l'économie
AFP

ÉLECTIONS AMÉRICAINES - C'était le grand sujet de campagne américaine, encore plus que par le passé. Le président Obama, élu en novembre 2008 et entré en fonction en janvier 2009, a dû faire face à un taux de chômage élevé et une dette en constante augmentation. Il retrouve aujourd'hui des électeurs aux abois. "In this economy" est devenu l'expression toute faite la plus utilisée par des Américains déprimés.

S'il y a un consensus sur le fait que Barack Obama a pris la crise de plein fouet, son action économique a été perçue comme mal préparée. Sous le feu des critiques républicaines: son parcours de juriste et d'universitaire. Basée sur un discours économique flamboyant, la victoire démocrate de 2008 ne pourra pas être rééditée avec les mêmes recettes.

De son côté, Mitt Romney profite de son profil d'entrepreneur à l'américaine, et prétend posséder l'expérience de la gestion qui pourra sortir son pays du marasme.

Le démocrate Obama a-t-il vraiment flanché sur l'économie lors de son premier mandat ? Le républicain Mitt Romney est-il au contraire plus à même de faire valoir son expérience ? Voici l'analyse des capacités et compétences économiques des deux candidats.

BARACK OBAMA

  • EMPLOI: Hémorragie stoppée, mais peut mieux faire

Arrivé au pouvoir au début de la crise la plus grave depuis 1929, le natif d'Hawaï ne pouvait accomplir de miracles. Pointant à 8% lors de sa prise de fonction en janvier 2009, le chômage américain navigue aujourd'hui à 7,9% selon le dernier rapport sur l'emploi. Statu-quo, donc, auquel il faut rajouter un pic à 10,2% lors de l'année 2009. Du jamais vu depuis les années 1930.

L'administration Obama aura pour elle d'être parvenue à stopper l'hémorragie du chômage. On reste toutefois à un niveau critique pour les Etats-Unis, qui tournent habituellement autour d'un taux proche de 5% en période de plein-emploi. 23 millions d'Américains sont actuellement sans travail.

  • DETTE: La descente aux enfers

C'est un des critères qui pourrait faire chuter Obama, en plein débat autour du relèvement du plafond de la dette. Déjà augmenté par un accord de dernière minute conclu entre démocrates et républicains au Congrès début août 2011, il sera à nouveau atteint d'ici la fin de l'année.

Proche des 16.394 milliards de dollars fixés pas le Congrès, la dette américaine était de 10.600 milliards lors de l'arrivée de Barack Obama à la Maison-Blanche. Soit un bond de 51% en l'espace de quatre ans. Pour rappel, la dette américaine avait subi une augmentation de 85% entre 2000 et 2008, sous la présidence de George W. Bush.

Encore une fois, le président sortant peut se cacher derrière les effets indirects de la crise financière et économique. Le plan Paulson d'octobre 2008, qui avait stoppé le premier tremblement de terre de la crise, a pesé 780 milliards de dollars dans les comptes de l'Etat. Il faut aussi rajouter les 2300 milliards de dollars injectés entre 2008 et 2012 par la Réserve fédérale pour racheter des bonds du Trésor.

  • IMMOBILIER, CROISSANCE, PAUVRETÉ: Contrasté

Concernant l'immobilier, cœur de la crise des subprimes, la situation est restée mauvaise mais nous voyons poindre une petite reprise, 4 ans après que la bulle ait éclaté. En effet, les prix ont commencé à remonter cette année et cela est une très bonne nouvelle puisque cela pourrait signifier qu'un nouveau cycle économique vertueux se met doucement en place... Mais grâce à la FED qui fait marcher la planche à billet pour racheter les actifs adossés au marché immobilier (voir la dette ci-dessus).

La croissance est revenue ces dernières années avec +3% en 2010 et +1,7 % l'année dernière. Elle devrait être similaire cette année et ne pas dépasser les 2%. Les chiffres du quatrième trimestre sont toujours attendus. Mauvais bilan par contre au niveau du salaire moyen puisque ce dernier a reculé pour s'inscrire à 51.000 dollars contre 55.000 dollars en 2009 et le taux de pauvreté a bondi de 15%, le plus haut depuis plus de 20 ans.

MITT ROMNEY

  • WALL STREET: Le favori des marchés

Fondateur du fonds d'investissements Bain Capital, homme d'affaires avant de devenir homme politique, Mitt Romney est au contraire largement perçu sur la place new-yorkaise comme "un homme aux vues politiquement favorables" aux entreprises et au marché.

Après quatre années d'une présidence "particulièrement dure à l'égard du monde de la finance, Obama a perdu Wall Street", résume Christopher Low, de FTN Financial, qui évoque pêle-mêle un arsenal réglementaire très lourd, un personnel politique "agressif" vis-à-vis des entreprises, et le discours très "critique" du président lui-même.

  • EXPÉRIENCE: Un entrepreneur contesté

Afin de faire avancer les choses, ce qui est souvent difficile à Washington, Mitt Romney comptera sur ses compétences aiguisées pendant un quart de siècle en dirigeant une société, Bain Capital, les Jeux olympiques d'hiver de Salt Lake City en 2002, et en étant gouverneur du Massachusetts de 2003 à 2007. De ces expériences, le multi-millionnaire mormon a acquis une réputation -auprès de ses partisans comme de ses détracteurs- de manager déléguant des responsabilités à un petit groupe de fidèles.

Mais ce CV a des limites. David Stockman, qui fut directeur du budget pour Ronald Reagan, estime que l'expérience de Mitt Romney à la tête de Bain Capital ne préfigure en rien de sa capacité à restaurer l'économie américaine en créant des emplois, bien au contraire. Pour ce républicain au solide pedigree, "Mitt Romney n'était pas un entrepreneur. Il était un maître de la spéculation financière qui achetait, vendait et retournait et vidait des entreprises".

  • PROJET BUDGÉTAIRE: Pas crédible

Sa principale direction: réduire le budget fédéral à 20% du PIB d'ici 2016. Mitt Romney relève que c'était son niveau moyen avant la crise, alors qu'il est monté à 24% en 2011. Pour y parvenir, il envisage des coupes budgétaires de 500 milliards de dollars par an et une croissance de 4% par an dès l'année prochaine. Outre l'abolition de la loi "Obamacare", il préconise ainsi la privatisation d'Amtrak, la compagnie ferroviaire publique, pour un gain attendu de 1,6 milliard de dollars. En revanche, il veut augmenter les dépenses militaires pour les porter à un niveau minimum de 4% du PIB.

Selon David Stockman, déjà cité plus haut, la politique budgétaire du ticket républicain est irréaliste. Elle est même dépourvue de "calculs crédibles et de choix politiques courageux." Parallèlement, Martin Wolf, éditorialiste économique au Financial Times, la décrit comme "montée à court terme, inadaptée et incomplète, et à long terme, dépourvue de toute crédibilité. Un tel projet est peut-être de bonne guerre, mais c'est de la mauvaise politique."

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