Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Alexis HK au dernier présent (ENTREVUE)

Alexis HK au dernier présent (ENTREVUE)
Jean-François Cyr

MONTRÉAL - Le chanteur français indépendant Alexis HK, Alexis Djoshkounian de son vrai nom, débarque au Québec avec son nouvel album Le dernier présent et sa vision d'un monde en mi-brillance, mi-décadence. Après une parution bien accueillie en France au mois de septembre, les dix chansons traversent l'Atlantique pour témoigner d'un temps ni noir ni blanc.

Sur la chanson-titre, l'auteur-compositeur-interprète de 38 ans ne se fait guère réconfortant : « Que pourrais-je bien te raconter pour rassurer tes yeux ombrageux? Il paraît que le monde va s'arrêter sous peu... Il paraît que les hommes et les dieux ne savent plus faire l'univers heureux... »Les lignes mélodies sont mélancoliques et bercent dans un clair-obscur plutôt dramatique, mais pas fataliste. « C'est une civilisation difficile à juger puisqu'au final, nous avons le nez collé dedans », raconte Alexis HK en entrevue.

« Je voyage beaucoup en Europe et de toute évidence, les inquiétudes sont palpables. Je ne suis pas un devin. Ce que je raconte à la forme d'une confidence, d'une réflexion sur ce que je vis [...] Cela dit, témoigner oui, mais il ne faut pas oublier de vivre sa propre vie. Rien de mal à dire ce que l'on ressent. Et je sens notre monde chambranlant. Mais, d'un autre côté, je suis un privilégié entouré de plaisirs et de libertés. »

« Voilà ce qui m'attache notamment à Brassens, à qui on a tant voulu me comparer en France, affirme le musicien. La chanson d'abord. Des paroles qui expriment ma vie et racontent des histoires (Princesse de papier) sur le monde. Tu sais, j'ai entendu toutes sortes de comparaisons : Gainsbourg, Ferré, Dassin, Brassens... J'ai même entendu que je suis désuet (rires). Mais au fond, je le revendique cet attachement à la chanson française. Comme si les choix des mots et d'une musique plus posée étaient dépassés... »

« Si je suis un petit héritier de Brassens, tant mieux. J'ai toujours aimé son travail et sa façon de voir la vie. Mais il ne pourrait pas chanter la pièce Fils de... », poursuit-il, en parlant de cette chanson que se veut une sorte de chronique générationnelle impliquant des gamins des années 1970, qui porte un regard sur le passé.

Sur un air hip hop qui va et vient, Alexis HK visite « les fils de hippies, de centristes, des enfants de mai '68, fils de l'idéal du général...fils errant dans l'ère Mitterrand, fils de la bière et du néant, fils de prolétaires patibulaires ». Plus loin dans le morceau, il chantonne « amis nous nous sommes égarés. Nous étions une poignée de bougres à glaner. Le son des trains de banlieue faisait gronder la terre du milieu. » Sentiment nostalgique et constat d'un monde d'adultes qui s'est ankylosée dans la « middle class » et les soucis du quotidien.

Amour et dérive

« Bien que j'ai essayé le genre du hip hop, je ne peux aller plus loin, explique Alexis HK. Je n'ai pas cette colère, cet élan de revendication. Pour moi, c'est plutôt la mélancolie désabusée d'une classe moyenne protégée. Je ne peux être dans l'imposture. Je constate seulement que le monde, bien que rempli d'amour, de caresses et de rires (Je reviendrai), voit naître des choses nouvelles qui échappent et tombent dans la dérive. Notre monde (occidental) me fait parfois penser à la décadence de l'empire romain (La fin de l'empire). »

Après les Affranchis paru en 2009 (qui marquait un nouveau départ pour l'auteur qui s'est distancé du joug d'une grande maison de disque), album de liberté, Le temps présent (4e album studio) est, selon le principal intéressé, un changement dans la continuité. « Il est plus frontal, plus cohérent. Moins éparpillé que le précédent. Je poursuis ce que j'ai entamé. Et puis, en trois ans, j'ai vu grandir mon fils. Je suis une vieille âme (il écoutait du Jacques Brel dès l'enfance) qui exprime ses sentiments en demi-teinte (pensons à Charité populaire).

Coréalisé avec l'aide de Matthieu Ballet (Alain Bashung, Thomas Fersen, Miossec) Le dernier présent semble être à l'image du chanteur et guitariste: contrasté, sobre, lucide, mature, calme, doux-amer, et teinté de dérision. Avec des arrangements (guitares, basse, violon, banjo, mandoline, batterie, percussion, chœurs, piano, claviers) directs et expressionnistes qui servent d'abord les mots, ce disque flirte avec un mélange de genres musicaux qui réunit le country, la pop, le folk, voire la musique ancienne (Ignoble noble).

Sombre est l'avenir, vraiment ? Non. L'espoir est un peu partout en filigrane et l'urgence est à parler du bonheur. Avec ses 10 000 exemplaires écoulés au cours des 40 derniers jours en France, on dirait bien qu'Alexis HK a trouvé oreilles à sa version bien personnelle de la fin des temps.

Dans le cadre du Coup de cœur francophone, le Français sera au Lion d'or de Montréal, jeudi soir. L'artiste montréalais Tristan Malavoy est l'autre chanteur invité au programme.

Une dizaine de dates sont également au menu de l'artiste français en sol québécois. Pour obtenir plus d'info, on peut consulter l'adresse www.alexishk.com

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.